Les blocages de régulateurs de vitesse ne sont pas une vue de l’esprit comme les constructeurs tentèrent de le faire accroire lors des premiers incidents survenus notamment sur des autoroutes non plus que toujours des erreurs imputables aux conducteurs. C’est la confiance aveugle en tellement d’électronique embarquée que désormais les voitures ressemblent plus à un ordinateur qu’à un véhicule à moteur sur quatre roues. Il faut de surcroît du matériel sophistiqué - et donc onéreux - pour les révisions et autres contrôles périodiques en même temps que le moindre remplacement d’une pièce coûte la peau des fesses. Je lus dernièrement que sur certains modèles pour remplacer une simple ampoule de phare il fallait démonter tout l’avant ! Je ne vous dis pas le coût de la main d’œuvre non plus que le temps d’immobilisation du véhicule… mais bast, c’est le cochon de client qui paye… je j’ai jamais fait appel au moindre garagiste pour changer une ampoule de phare et il est loin le temps où l’intérieur du phare de ma 2 CV étant trop abîmé pour bien m‘éclairer, je m’en fus tout simplement sur une casse automobile munie de tournevis et de pinces… Cela coûtant nettement moins cher que dans un garage et la même pièce neuve.
C’est donc sans surprise que je lis sur Le Point qu’une automobiliste, régulateur bloqué a dû être escortée par les gendarmes sur 40 km (18 sept. 2012). Cet épisode commença sur le périphérique toulousain et se termina, heureusement sans mal, sur l’autoroute allant de Toulouse à Carcassonne. Elle se retrouva au volant d’une Toyota Prius dans l’incapacité de désactiver son régulateur de vitesse bloqué à 75 km/h. Elle alerta la gendarmerie avec son téléphone portable et, quand elle fut à proximité du péage autoroutier, l’exploitant - Autoroute du Sud de la France (ASF) - fit relever une barrière « pour libérer l’accès et éviter l’accident ». L'histoire ne dit pas si elle dut s'acquitter par la suite du péage.
Le centre opérationnel de gendarmerie de Haute-Garonne précise que « Nous avons escorté le véhicule, jusqu’à ce qu’elle parvienne à s’arrêter à force de manipulations de l’embrayage et du freinage ». J’ai le souvenir d’un semblable problème où ce fut la panne d’essence qui permit l’arrêt du véhicule, également escorté par les gendarmes pour lui ouvrir le passage afin de ne pas provoquer d’accident.
Ce genre de pannes est souvent invoqué pour expliquer des excès de vitesse - dans les portions d’autoroutes où la vitesse est limitée pour une quelconque raison - ou en cas d’accidents qui ont été parfois mortels. La jurisprudence des tribunaux est variable, en fonction des circonstances et des conclusions des experts. Pouvant aller de l’exonération de responsabilité - cas de force majeure - à la totale responsabilité si le conducteur avait paniqué et activé plusieurs commandes à la fois.
Toyota Europe dit « attendre une notification officielle de l’incident pour prévoir une expertise » tout en assurant « n’avoir jamais eu de panne de régulateur »… Mon œil ! Sinon comment expliquer que ce constructeur ait rappelé des millions de véhicules en 2009-2010, la pédale d’accélération se bloquant parfois en position enfoncée ?
Exactement à la même époque, j’appris sur la Nouvelle République qu’à Tours un accident avait été provoqué par le blocage de la pédale d’accélérateur par le tapis de sol (19 sept. 2012). L’article ne précise pas le modèle du véhicule ni si le tapis était d’origine. La voiture en a percuté deux autres avant de terminer sa course sur le toit. Il n’y eut fort heureusement ni victime ni blessés. La conductrice de cette involontaire partie d’auto-tamponneuses a été prise en charge par les pompiers car elle fut très choquée par cet accident. On le serait à moins.
Par ailleurs, j’apprends aujourd’hui que Toyota rappelle 7,43 millions de véhicules (Reuters 10 oct. 2012) . Ce n’est point cette fois-ci le blocage de la pédale d’accélération qui pose problème mais le mauvais fonctionnement de l'ouverture automatique des vitres susceptible de présenter rien moins qu’un risque d'incendie… les rappels concernent les clients de Toyota sur tous les continents, Japon compris. Il est trop tôt pour connaître exactement le coût de cette opération mais certains l’estiment d’ores et déjà à environ 100 millions d’euros.
Sans même présumer du coût en termes d’image de la marque, déjà sensible sur le plan du recul des ventes vraisemblablement dû pour une grande part aux précédents incidents et rappels dont 48,9% sur un an en septembre en Chine, où Toyota réalise environ 12% de son chiffre d'affaires. La firme nipponne, redevenue numéro un mondial au premier semestre 2012, prévoit toujours d'écouler au total 9,76 millions de véhicules dans le monde sur l'année.
Pour combien de futurs rappels ? Notre époque succombe à la dictature de la quantité et de la vitesse. Il semble fort loin le temps où au début des années 1980 les industriels japonais, tout en mettant en place la rationalisation de la production - dont le « juste à temps » destiné à éviter les stocks (qui ont un coût non négligeable) - prônaient un contrôle de la qualité drastique.