« Aujourd’hui, l’année de la foi« , publié par l’Abbé de Tanoüarn sur le Metablog. La perspective que Benoît XVI exposait le 11 octobre 2011 dans la belle Exhortation apostolique Porta fidei est mise en oeuvre aujourd’hui, jour anniversaire du concile Vatican II, jour inaugural de l’année de la foi et de la nouvelle évangélisation.
Cette année de la foi – l’encyclique sur la foi, achevant la trilogie des vertus théologales, que l’on nous promet et qui serait « déjà terminée » – tout cela a une importance considérable pour l’avenir de l’Eglise. A force de se présenter comme une stratégie pour l’Eglise dans le monde de ce temps, Vatican II nous a fait oublier que la foi est une grâce, la première grâce efficace, celle qui fait entrer l’âme dans le Royaume de Dieu. Porta fidei : on pourrait traduire par un génitif explétif : la foi est une porte, elle est la porte qui nous introduit dans l’intimité divine. « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (Hébr. 11, 6). Voilà ce que vient nous rappeler l’année de la foi.
Pour que la grâce de la foi nous soit donnée que faut-il faire ? Autant que nous la connaissons… la volonté de Dieu. C’est la meilleure introduction, la meilleure manuduction à la foi. Il faut chercher, il faut demander, il faut frapper à la porte de la foi, frapper pour entrer. Sans peur. « Frappez et l’on vous ouvrira ». Il faut se purifier du désir athée qui domine aujourd’hui et entrer dans un désir de vérité, qui va bien au-delà de nos satisfactions addictives.
Pourquoi la foi est-elle comme impuissante aujourd’hui ? Parce que des chrétiens, sous prétexte de Concile, lui ont ôté sa dignité.
On en a fait un acte de la conscience humaine, sous prétexte comme dit Pie IX dans le Syllabus que « la raison humaine est l’unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal » (Proposition 3). On en a fait l’adhésion à une croyance, elle-même conçue comme étant à géométrie variable, adaptable selon les époques et les expériences de vie, éventuellement progressive ou progressiste. On en a fait un projet subjectif, un élan de la subjectivité face à la dureté du monde : mais que pèse-t-elle alors ? On a souhaité en ôter tout caractère surnaturel, on a fait, depuis Blondel jusqu’à Henri de Lubac, le procès du surnaturel chrétien, jusqu’à écrire ce terme entre guillemets (dans une certaine Petite catéchèse) ou simplement à le prohiber en théologie. Mais que peut-on comprendre à la foi si l’on ne reconnaît pas son élan surnaturel et si l’on n’y voit plus l’aide de Dieu ? La foi est ce secours qui nous fait vivre debout… ou elle n’est rien.
Pourquoi la foi est-elle comme impuissante aujourd’hui ? Parce que des laïcs laïcistes lui interdisent toute expression dans l’espace publique.
(…)
Pourquoi la foi est-elle comme impuissante aujourd’hui ? Parce que les sociétés dans lesquelles nous évoluons ne connaissent plus que le désir athée – désir de « jouir sans entrave », nous qui « désirons sans fin » (Vaneighem), quitte à trouver, si l’on fume un peu… Trouver quoi ? « Sous les pavés la plage »… N’importe quelle illusion, stupéfiante ou non.
Il faut retrouver le désir de vérité, pour sortir du cycle infernal et répétitif de la consommation. Il faut non seulement avoir envie de chercher mais avoir envie de trouver. Et de changer. Pour cela, il faut, chacun, nous sentir responsable de ce que nous trouvons et de ce que nous ne savons pas trouver. Cette histoire d’orpailleur s’appelle le salut.
(Suite sur le Metablog…)