Par un curieux hasard, je me retrouve dans la ville d'Angleterre qui prétend abriter deux des plus vieux cinémas de l'état encore en activité. Par une coïncidence encore plus grande, les deux sont situés dans "mes" quartiers; Hyde Park et Headingley. J'ai donc rapidement noté leur présence et ramassé leur programmation. Je me promets bien d'aller assister à quelques projections, ne serait-ce que pour payer mes respects à ces lieux vénérables.
Je n'ai vu qu'un film depuis mon arrivée, au cinéma moderne du centre-ville; une affaire de 13 écrans avec tous les gadgets numérico-digitalo-3D-sonores-sièges-VIP-biduletrucs; une agréable projection de l'excellent film Intouchables. Ce cinéma, qui s'appelle Vue, est situé dans The Light., une arcade moderne du quartier commercial.
Rien à voir, donc, avec les plus anciens cinémas d'Angleterre encore fonctionnels que sont le Hyde Park Picture House et le Cottage Road Cinéma.
Le Hyde Park Picture House a été inauguré en novembre 1914, alors qu'avait débuté la première guerre mondiale. Pendant ses premières années, le cinéma jouait des films - dont certains drames patriotiques - mais était aussi fréquenté pour ses informations - les fameux newsreel qui ont précédé l'invention de la télé et qui permettaient de voir les informations, accompagnées d'images, alors que la seule alternative demeurait la radio et les journaux.
Le cinéma a traversé les époques, du parlant aux nouvelles normes sonores, du vidéo au DVD à l'internet, et présente encore aujourd'hui des films sur une base quotidienne. Parfois des nouveautés en primeur (Looper cette semaine) mais toujours un mélange avec des films classiques ou cultes, ou des événements thématiques.
L'intérieur rappelle son passé glorieux - loin du gigantisme et du modernisme des multiplexes d'aujourd'hui - et a su conserver une certaine classe.
L'édifice abritant le Cottage Road Cinema d'Headingley a été érigé en 1835, mais ce n'est qu'en 1912 qu'il a été converti en salle de cinéma. C'était un manoir appartenant à un riche marchand de soie, avant sa conversion. Entre les deux, il a été utilisé comme garage par un pilote de course d'ici, H.R. Kirk, qui était également un cameraman amateur, tournant des courts films qu'il présentait au Tivoli de Leeds. Après quelques années, Kirk a converti l'immeuble en cinéma en 1912, et on y présente des films depuis.
Le hall d'entrée évoque lui aussi l'âge de l'établissement. C'est en 1937 que le cinéma a adopté son nom actuel, et que le balcon dans son unique salle a été ajouté. Il est plus rare d'y voir des classiques ou films cultes - bien que cette semaine, on y ait projeté Singing in the Rain avec Gene Kelly - on y présente surtout des films de répertoire récent, qui rappellent la programmation du Cinéma du Parc ou du Beaubien à Montréal, par exemple.
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