Magazine Journal intime

Les Gardes

Par Eric Mccomber
Quand je rentre de ma promenade, elle se jette sur moi et caresse ma bouche, mes yeux, mes oreilles. Lorsque je travaille elle effleure mes jambes, repose sur mon genou, flatte ma chevelure, ou s'appuie près de ma main sur le bureau et me regarde longuement bosser, éclairée par le blafard halo du LCD. Parfois Modestine lui court après, lui envoie des coups de patte, mais ce n'est jamais bien méchant. Tout à l'heure j'en ai eu marre d'elle et j'ai décidé de m'en débarrasser une fois pour toute. J'ai tenté de la chasser à coups de torchon, zap, zap et kaflop ! Rien n'y fit. C'est finalement Boris qui va en profiter.
Il y a chez moi trois compères dont je ne parle jamais. Pour un arachnophobe carabiné tel que votre serviteur, ce n'est pas rien. Mais comme j'ai su que ces potes bien particuliers sont les ennemis mortels de toutes les autres variétés d'araignées, les poilues, les grosses, les grisâtres, les teigneuses, et que ceux-ci ont l'air de basketteurs élégants en armures de grès, eh bien, nous avons fini par établir une sorte d'entente. Primo, ils me débarrassent de toutes les formes d'arachnides possibles et imaginables. Secundo, ils ont le droit de manger tout ce qui a six pattes et vrombit. Les papillons, c'est premier arrivé premier servi. Modestine a la grosse part du gâteau. Idem pour les lézards et sauterelles géantes. Les oiseaux n'intéressent pas mes gardes, sinon en tant que concurrents dans l'économie locale de la mouche en tant que bétail.
Le chef des gardes s'appelle évidemment Boris. Évidemment, je dis ça à cause des Who, dont je suis fan. Les deux autres sont ses fils, Maurice et Jauris. Les trois gardes ont chacun leur coin de la chambre. Quand ils exagèrent au niveau de la toile, je démolis doucement, en leur parlant gentiment. J'ignore si une araignée peut avoir des sentiments, ou comprendre un traité territorial, mais ça semble fonctionner. Ils ont souvent des rejetons minuscules, mais cette famille a ses petits secrets que je préfère ignorer. Disons qu'un soir, dans son coin, il y a Boris et ses cinq gamins et qu'au matin, y a plus que Boris. Et c'est pas parce que j'ai affiché des petites annonces d'adoption. Ils ont tendance à prendre la fille de l'air, les rejetons. Eh, eh, eh.
Bref, l'autre fatigante ne me harcèlera plus quand je travaille. Elle a un rendez-vous nocturne avec Boris. Bonne nuit chérie !…© Éric McComber

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