Goran Dragic, l'héritier

La vie prend parfois des tournures assez ironiques. Plusieurs mois après avoir quitté Phoenix par la petite porte, Goran Dragic revient par la grande, sur la terre qui l'a révélée. C'était un soir de playoffs à priori comme un autre. Les Suns sont à San Antonio (l'un des ennemis jurés) lors du Game 3 des demi-finales de conférence Ouest 2010.
Les Suns ont l'avantage dans la série (2-0) mais n'en mènent pas large quand les Spurs prennent les commandes (18pts d'avance). C'est alors que Goran Dragic va surgir et compiler 23 de ses 26pts dans le quatrième quart-temps avec notamment un 5/5 à 3pts, offrant sur un plateau, un avantage définitif aux siens dans la série. Steve Nash, grand timonier, n'aura même pas eu besoin de revenir sur le terrain. Les Spurs ne s'en remettront pas et couleront à pic dans la quatrième manche.
Mais ces explosions statistiques rarement suivies de lendemains chantants, ont fini par agacer les Suns, qui n'ont pas hésité à lâcher leur meneur slovène contre Aaron Brooks à l'hiver 2011 (un échange dont on ne comprend toujours pas aujourd'hui, toutes les subtilités). A Houston, Dragic ne trouvera pas non plus de place de titulaire, mais finira par l'obtenir suite aux pépins de santé de Kyle Lowry l'an dernier. Le résultat est plutôt probant (18.9pts, 3.5rbds et 7.7pds par match en avril), et Dragic génère de l'intérêt ici et là, alors qu'il se trouve sur le marché cet été.
Orphelins de Steve Nash, échangé chez les Lakers, les Suns se tournent alors vers Dragic, pour qui Houston ne semble plus vraiment avoir de l'intérêt. Un Dragic plutôt étonné par la tournure des événements dans son ancienne franchise.

"J'étais choqué (quand il a appris le départ de Nash vers les Lakers, NDLR)" indique-t-il sur Yahoo! Sports. "A chaque fois que nous jouions contre les Lakers, il disait 'battons-les, je n'aime pas les Lakers'. Et maintenant, il est là-bas."

Parti pour l'autre grand rival des Suns, Nash laisse donc à Goran Dragic le soin de driver les Suns, une mission taillée sur-mesure pour l'ancien back-up, selon Alvin Gentry.

"Il a beaucoup plus de confiance que lorsqu'il est parti. Il se sent comme un vrai joueur solide maintenant. Nous sommes contents de l'avoir. je lui ai dit : 'Nous ne remplaçons pas Steve. Nous mettons Goran Dragic au poste de meneur'."

"Quand j'étais enfant, je rêvais de ce moment, quand je serai starter en NBA. Tout le monde veut être starter en NBA. Ça va être un vrai challenge pour moi, mais je n'ai pas peur."

Si les matchs entre Phoenix et les Lakers s'annoncent très savoureux cette saison encore, l'ancien patron et son successeur s'entendent toujours très bien. Nash a d'ailleurs donné un conseil à Dragic lors d'un dîner partagé il y a quelques jours.

"La seule chose qu'il m'ait dite, c'est de rester moi-même et que tout irait bien."

L'élève a obtenu l'approbation du maître, il peut désormais faire ses propres armes à la tête de l'équipe qui l'aura vu grandir. C'est un nouveau chapitre de l'histoire des Suns qui est sur le point de s'ouvrir.