L’islam subtil

Maxime Rodinson fut un grand orientaliste. Sa biographie de Muhammad (les français disent Mahomet à tort) qui est celle du prophète historique, nous montre combien le prophète de cette religion fut proche des juifs et des chrétiens, qu’il écouta, et dont certains thèmes paraissent si proches, comme celui du riche qui ne pourra atteindre le paradis, et la vie après la mort. L’arabie, longtemps après les chrétiens et les juifs, avait besoin d’une religion monothéiste qui puisse appartenir au peuple arabe, qui lui soit propre. Muhammad, était d’une extraction modeste, et vécut pauvrement jusqu’à ce qu’il croise la route d’une riche veuve, dont il fut l’employé puis le mari.Sa vie fut difficile, et Allah lui promit une meilleure vie après sa mort, en compensation de celle-ci. A quarante ou cinquante ans, il fit une crise mystique, qui correspondait à un manque énorme, et il se mit à entendre la voix de Dieu, qui lui dicta le Coran. Maxime Rodinson est plein d’empathie pour son sujet, dont il trace un saisissant portrait psychologique, et grâce à sa connaissance de l’orient, une belle description de l’époque, du contexte. Les arabes étaient sujets à la prodigalité, à l’emportement, la vendetta, Muhammad leur prêcha la charité, et la juste proportionnalité des peines, sans qu’une faute n’entraine des vengeances en cascade, plaie de l’époque.

Abdelwahab Meddeb déplore que l’Islam, à travers ce que certains en ont fait, soit passé d’une chose subtile et puissante à une chose idiote. Ces contre-prêches sont une analyse fine de la culture de l’Islam, dont il montre qu’elle a pu affronter des ruptures et se renouveler. Son livre est un chef d’œuvre, qui nous fait voir l’Islam comme une culture fine, trop méconnue des occidentaux, et des musulmans eux-mêmes, qui contient beaucoup de réponses en elle-même, dès lors que l’on accepte de l’approfondir.