Agir prudemment pour assurer le résultat

Par Selectionsavicoles

AGIR PRUDEMMENT POUR ASSURER LE RESULTAT

Plus que jamais, la mode est de vouloir aller vite et de faire un peu tout en gros et en grand. En élevage, cette mode là ‑ il fau­drait dire cette manière de faire ‑ a déjà joué bien des vilains tours.

Dans l'élevage de lapins, il en est exactement comme avec la volaille ; il faut premièrement apprendre et se rendre compte, avant de vouloir s'installer sur une grande échelle... d'où l'on dégringole sans bien savoir pourquoi ni comment.

Autant il faut encourager les jeunes, les débutants, à faire rationnellement de l'élevage cunicole qui leur procurera des satisfactions de diverses natures, autant il faut les mettre en garde contre une trop grande précipitation et une trop aveugle confiance en eux‑mêmes. Avoir lu ou vu n'est pas du tout la même chose qu'avoir fait. C'est pourquoi, pour débuter il vaut mieux procéder modestement, quels que soient d'ailleurs les moyens dont on peut disposer. Voici, du reste, quelques conseils généraux qui pourront rendre service à ceux qui commencent et que nous voudrions voir toujours plus nombreux.

Nous l’avons dit, il est toujours prudent de débuter mo­destement et cela d'autant plus que l'on est plus ignorant. Beaucoup de personnes s'ima­ginent volontiers que les lapins s'élèvent tout seuls : une poignée d'herbes, des crou­tons de pain, quelques épluchures et déchets de cuisine, avec cela ils doivent croître et multiplier ; c'est aller un peu vite en beso­gne. Toutes les précautions doivent être prises pour parer à la malchance éventuelle.

Quelle que soit la race adoptée et même pour les lapins communs, qui, contrairement à une croyance admise, ne sont pas forcément plus robustes que les autres, on doit commencer avec un très petit nombre de reproducteurs. Trois femelles et un mâle sont très suffisants pour faire un apprentis­sage ; bien entendu, les reproducteurs devront être aussi parfaits que possible, pour autant que la perfection existe. On les choisira, de préfé­rence, âgés d'un an à dix‑huit mois, maxi­mum. De bons reproducteurs coûtent cher, mais il vaudra mieux d'en réduire le nombre que de s'embarrasser de sujets qui, par la suite, donneront de mauvaises lignées.

Que doit‑être maintenant le matériel nécessaire si l'on conserve le chiffre de trois femelles et un mâle ? Il sera essentiel de disposer d'au moins six cases. Clapier en bois ou en ciment, clapier que l'on aura ache­té ou construit soi‑même, peu importe, pourvu qu'il réponde aux conditions élémen­taires de l'hygiène ; il en existe de fort inté­ressants, ingénieux, très bien conçus, de façon à permettre un nettoyage complet et rapide, ainsi qu'une distribution facile de nourriture.

Chaque case devra être pourvue d’un râtelier pour le foin, et d'une augette pour recevoir les aliments tels que son, grains, granulés, etc., ainsi que d'un abreu­voir. Ces augettes devront pouvoir s'accro­cher aux parois ou être assez lourdes pour ne pas etre retournées par les lapins.

Un pulvérisateur pour la désinfection économise un temps considérable et permet d'atteindre toutes les infractuosités même les plus dissimulées.

On achète quelquefois des lapines plei­nes, mais cette façon de faire est à déconseiller ; très souvent les animaux souffrent du voyage et ceci d'autant plus que la gestation est plus avancée. On constate assez fréquemment avec ce procédé, des mises bas avant terme et par conséquent des portées chétives, sans valeur, mourant au bout de quelques semaines.

En revanche, on attachera une extrême importance aux sujets qui naîtront dans des conditions normales, car ils seront destinés à former la base même de l'élevage et pour cette raison, on ne laissera à chaque femelle qu'un petit nombre de lapereaux , quatre à six au maximum. Généralement, le débutant n'a pas le courage de sacrifier les sujets chétifs ou sirnplemenr en surnombre ; c'est évidemment très naturel, mais ce n'en est pas moins une grave faute qui peut avoir de très fâcheuses conséquences.

Les sujets nés au printemps sont en général plus vigoureux que ceux nés en d'autres saisons ; on n'en opèrera pas moins une sélection rigoureuse, la première sur les lapereaux de deux mois, la seconde et la troisième sur ceux âgés respectivement de quatre et six mois.

On peut, si l'on tient à éviter la consanguinité, changer de mâle après les premières portées.

En allant ainsi très prudemment, en attachant le plus d'attention possible aux moindres détails, l'éleveur se trouvera au bout de quelques mois, possesseur d'un éle­vage pouvant comprendre une vingtaine de reproducteurs ayant toutes les qualités requi­ses et pouvant assurer par la suite une production intéressante, et, au fur et à mesure que son élevage se développera en impor­tance, il verra de lui‑même les modifications à apporter et les améliorations à réaliser. Mais, disons d'emblée, qu'à moins de possé­der une longue expérience, il est fort diffi­cile et dangereux de créer un clapier de grande importance. Peu et bien, telle doit être la maxime d'un débutant, s'il veut met­tre les meilleures chances de son côté et ne pas oublier que les mois de printemps sont les époques les plus favorables à tous points de vue.

En participant activement aux séances au cours desquelles de bons éleveurs cunicoles donneront des conseils et chez les­quels on peut trouver des sujets sains et robustes, on bénéficiera certainement un bon départ et c'est l'essentiel. N'allez pas chercher à l'étranger ce que vous pouvez trouver dans votre entourage, dans de bien meilleures conditions de santé... et de prix. S'il y a certaines exceptions à cette règle, quand il s'agit de races nouvelles par exemple, il n'en demeure pas moins vrai que ce qui est déjà bien acclimaté dans notre pays - conditions avec lesquelles il faut compter - sera toujours préférable à quelque chose dont on ignore la provenance et bien d’autres éléments pourtant utiles.

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