Magazine Journal intime

Du Froid

Par Eric Mccomber
En fait hier j'ai surtout eu froid. Il faisait pourtant chaud. J'avais un besoin incontournable de faire des courses. Je n'avais plus rien à manger et j'arrivais bientôt au moment où l'homo modernus écologicus songe encore une fois à trouver une façon de laver son derrière sans dévaster les forêts. Enfin. Pas pour cette fois-ci. J'ai pourtant pas mal d'amis africains ou voyageurs qui ont solutionné la chose. Bref. Quittons ce sujet glissant.
Je suis en train de bosser sur un nouveau vieux morceau. Il s'agit d'une de mes pièces que j'ai le plus souvent jouée tout seul dans la rue et que j'ai souvent interprétée en compagnie de mon amie Julia la comédienne-de-génie-violoniste-chanteuse-égérie-qui-tue. Elle était ici vendredi avec son violon et mon amie Clara. Nous avons enregistré de bien belles pistes et je travaille à en extraire le substantifique moelleux. Mais j'ai eu froid. Ensuite j'ai dormi avec Modestine, mais j'avais froid.
Je me suis levé samedi dans le grand soleil et j'avais froid. J'ai monté la Gaxuxa pour une micro-balade d'à peine 22 km et tout au long, j'ai eu froid. Même en haut de la petite butte, même presque essoufflé, j'avais froid. Évidemment devant les frigos de la coop, j'avais froid. Je tremblotais. Ensuite sur le chemin du retour, les sacoches pleines de litière, huile, conserves, je claquais des dents. J'étais pourtant bien sapé pour l'occasion et, franchement, il devait faire 27 degrés. J'avais beau respirer, rester calme, j'avais… froid.
Je suis rentré chez moi et je me suis blotti sous les couvertures pour me faire une série Z de kungfu, de maithaï ou de chaispukoi. C'était très bien. 15 minutes et je faisais dodo, bercé par les ïaak et les oouh et les splak-pof-blam. Mais au bout d'une demi-heure, j'avais froid, ça m'a réveillé. Je suis monté à ma réserve de matériel d'expédition et j'ai sorti un survêtement technique qui m'a permis de survivre aux vents du Nord sur les routes des Pays-Bas en 2009. En le passant, j'ai reconnu ce froid. Au bout de cinq minutes, et ce n'est pas en raison de la scène du film où la sœur du grand guerrier de Phitsalunok se déshabille pour séduire le samouraï japonais, je me suis mis à suer à grosses gouttes. J'avais la tête toute mouillée, les bras suintants. Mais j'avais encore froid. Ça m'a paru alors enfin évident. Ce froid n'est pas autour de moi. Il est en mon sein depuis la nuit des temps.
© Éric McComber

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Eric Mccomber 400 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog