Après Top Resa, qui de l’avis de tous ressemblait plus à un enterrement qu’à une fête du tourisme, les professionnels commencent à douter de l’avenir de leur profession, tous secteurs d’activité confondus: hôteliers, agents de voyages, transporteurs, restaurateurs, plus tous les nouveaux entrants qui soit par besoin, soit par opportunisme se sont trouvés embarqués dans cette galère.
Les causes de cette situation sont d’ordre structurel et conjoncturel et c’est ce qui fait toute la difficulté pour sortir de cette crise.
L’industrie du tourisme au Maroc était basée sur un système basique : Production, promotion, distribution et consommation, une chaine qui a bien fonctionné jusqu’en 2006, année de la libéralisation du ciel.
Les TO faisaient leur «MERCATO» chaque année auprès des hôteliers avec un produit loisir de différentes gammes : une semaine au soleil en demi pension dans un hôtel avec piscine, terrains de sport, équipe d’animation, programme d’excursions et assistance d’une agence réceptive pour coordonner l’ensemble et proposer des circuits pour découvrir le Maroc profond( Villes impériales et Sud Marocain)
La promotion se faisait en co marketing entre l’ONMT et les TO avec comme support la brochure papier, distribuée par un réseau d’agences de voyages intégré ou indépendant qui se faisait fort de drainer une clientèle à budget moyen par l’intermédiaire de comités d’entreprises et d’une clientèle individuelle familiale durant les vacances scolaires.
Le segment du MICE était la chasse gardée d’agences spécialisées ou agences événementielles qui pendant longtemps ont surfé sur l’industrie pharmaceutique pour assurer des congrès ou séminaires, jusqu’à ce que les gouvernements décrètent des restrictions d’ordre éthiques ou budgétaires. Depuis, le MICE souffre à drainer des événements cherchant d’autres cibles qui souvent, pour des questions de sécurité traînent à décider pour la destination.
Pour amener tout ce beau monde, les charters et les vols réguliers avec des affrètements , du bloc siège et des brookers qui permettaient de réduire le risque aérien en mutualisant les vols.
La RAM a joué un rôle important permettant le développement de grands TO et monopolisant le marché par un système protectionniste qui permettait difficilement à d’autres compagnies de s’implanter au Maroc. La réglementation de l’air était stricte : pas de vols secs, obligation d’utiliser le même affréteur à l’aller et au retour, et interdiction aux nationaux d’utiliser les vols chartérisés.
C’est dire que l’open Sky à sonné l’hallali pour ce modèle qui s’est mis à dégringoler par un effet domino qui s’est accentué puis amplifié avec internet qui a fini par l’achever. On y a tous laissé des plumes et ceux qui pensent y avoir échappé ne vont pas tarder à déchanter.
Sur le volet conjoncturel, la crise économique et financière continue ses dégâts sur les pays émetteurs et promeut une crise sociale. Le prix du pétrole ne cesse de grimper au grès des conflits qui secouent la planète, conflits souvent liés au printemps arabe attisé par la montée de partis extrémistes qui finissent par faire peur à tout le monde.
Dans ce tableau vraiment sombre, on peine à innover pour sortir de la tourmente. Les chiffres de l’OMT prévoient une augmentation du nombre de voyages , mais c’est à qui aura la bonne formule pour tirer son épingle du jeu.
Notre tourisme est en panne, nous devons faire le deuil du modèle vieillissant et réinventer notre manière de faire la promotion de notre produit. De même que nous sommes acculés à aller chercher nos clients sur la base de leurs attentes, leurs budgets, leurs besoins et leur disponibilité. Aujourd’hui, l’internaute est le client, il se documente, compare et décide de son agenda. Les nouveaux maitres du jeu sont les agences en ligne, les compagnies low cost, les comparateurs, les sites d’opinions et les réseaux sociaux qui font et défont les destinations.
Nous devons absolument reprendre la main sur notre tourisme et essayer, autant que faire se peut, de faire d’internet une opportunité et non une fatalité. La solution existe et une partie de la réponse se trouve dans vison 2020. A nous d’en écrire l’autre partie en réfléchissant ensemble et de manière responsable sur les enjeux qui sont d’ordre économique, stratégique et social.