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Europe : néo-westphalisme

Publié le 15 octobre 2012 par Egea

Discussion avec un Allemand ce jour. Encore un qui est consterné par son ministre des affaires étrangères. Mais il faut dire qu'au-delà de G. Westerwelle, c'est la lisibilité de la politique allemande qui pose problème. Nous y reviendrons. La discussion portait sur la politique française. Je ne vais pas répéter ce ce que j’essaye de démontrer depuis quelques mois sur les fractures européennes, juste aller un peu plus loin.

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1/ En effet, l'affaire EADS-BAE montre bien que dans le ménage à trois, l'Allemagne n'a pas voulu risquer de ne pas être dans les deux. Ce qui, par contraste, soulignait une fois encore la convergence objective entre UK et FR.

2/ Pour UK, la chose est claire : la special relationship apporte de moins en moins, surtout quand M. Obama ne cesse de dire qu'il regarde l'Asie. Du coup, il faut bien trouver un relais de puissance, alors que ça propre puissance s'affaiblit sans cesse. Et le seul en Europe qui partage les mêmes logiques de puissance (et qui en plus est affaibli, même si c'est moins que soi), c'est la France. D'où Lancaster House, d'où la convergence sur l'industrie de défense. On parlait business, pas idéologie.

3/ Ce qui vient par contraste souligner un fait que mon interlocuteur ne voyait pas : les Français sont standardisés, ils sont devenus pragmatiques et opportunistes. Ils racontent des fariboles sur l'Europe de la défense, mais n'hésitent pas à s'associer avec le pays qui est de plus en plus hostile à ce qu'il considère comme une lubie. Et tant pis pour l'axe franco-allemand, ce n'est pas la première fois qu'il faiblit en matière de défense, on verra bien nächst Mal.

4/ Autant dire que les trois puissances majeures européennes affichent, de plus en plus ouvertement, qu'elles sont moins prêtes que jamais à faire des efforts et que seul l’intérêt national compte. Bref, intégration et partage communautaire ne sont pas à l'ordre du jour. On assiste à un retour des nations, à un néo-westphalisme.

5/ Néo, mais différent. Car à côté se développe une tendance de plus en plus prononcée au fractionnement des Etats. L'Europe, nous disait Tony Judt, était le moyen de garantir contre les partitions. Son affaiblissement s'accompagne, logiquement, d'un regain des égoïsmes régionaux.

6/ Le succès du NVA en Belgique et le succès annoncé des indépendantistes basques dimanche prochain viennent confirmer ce qu'on voit en Écosse et Catalogne, sans même parler du pan-magyarisme en Europe centrale...

7/ Cela rend le prix Nobel de la paix (attribué ce WE à l'UE) encore plus exotique. Déjà, j'ai toujours été extrêmement réservé envers ce prix-là, qui ne m'a que rarement convaincu. Mais l'attribuer à l'Europe... Ce n'est pas l'Europe qui fait la paix, mais la paix qui a fait l'Europe (je le dis depuis dix-huit mois et suis heureux de voir que JL Bourlanges le raconte désormais : peut-être a-t-il lu égea). Il faut reconnaître que l'Europe a entretenu la paix, comme une incantation. Mais aujourd'hui ? alors qu'elle s'abstient stratégiquement partout ? Est-elle dispensatrice de paix ? La réponse n'est pas aussi simple qu’elle l'aurait souhaitée...

O. Kempf


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