Il est tout à fait logique de voir les patrons de start-ups se rebeller contre le quasi doublement des taxes liées à la vente de leurs entreprises. Plus inquiétant est le fatalisme du reste de la population face aux 63 milliards de hausse d’impôt en trois ans.
Par Frédéric Georges-Tudo.
Extrait. Article intégral en ligne sur le Plus Nouvel Obs.
Ce projet de loi de finances 2013 comporte en effet un élément encore plus grave que l’emblème des 60% de taxes sur les plus-values de cession. Il s’agit du quasi doublement d’un taux d'imposition déjà existant. En dépit du formidable écho médiatique dont ont bénéficié nos volatiles, cet aspect n’a sans doute pas été suffisamment souligné. Enfonçons le clou afin de bien fixer les choses : le pouvoir en place projette le remplacement d’un taux maximal de taxation de 34,5% (19% de prélèvement forfaitaire libératoire + 15,5% de CSG-CRDS) par un nouveau taux maximum de taxation de 60,5% (45 % d’IRPP + 15,5 % de CSG-CRDS). Peu importe les exonérations, réductions et autres abattements prévus en fonction de l’âge du capitaine et de la couleur des yeux de son épouse. Les faits sont là, implacables : certains contribuables s’apprêtent à subir une inflation de plus de 75% d’un de leurs impôts.
On aurait tort de minimiser la symbolique d’une telle hausse sous prétexte qu’elle concerne une poignée de chefs d’entreprises supposée appartenir à la caste des nantis. Car, quelle que soit la catégorie de citoyens ciblée, le peuple prend un risque immense à courber l’échine face à un tel déni de démocratie. En acceptant de se laisser à ce point dépouiller sans se battre, il envoie à ses gouvernants un message sans équivoque : vous pouvez tout vous permettre, vous avez tous les droits, y compris celui de doubler nos impôts.
64 milliards de hausse d’impôts… Et pas un battement de cil
Si la "révolte" des Pigeons constitue un sursaut prometteur face au mépris dont fait preuve le gouvernement à l’égard des entrepreneurs, il est en revanche grand temps de s’inquiéter de l’apathie du reste de la population. 64 milliards d’euros ! C’est le montant de l’augmentation totale des prélèvements obligatoires selon le budget 2013. Les Français viennent de se prendre plus de 60 milliards d’impôts supplémentaires en pleine figure sans même lever un sourcil.
Si encore ce montant astronomique était compensé par des économies publiques… On pourrait à la rigueur y voir l’acceptation collective d’un effort historique face à l’aggravation de nos déficits. Mais même pas ! Pas le moindre centime d’euro de réduction des dépenses de l’Etat n’est prévu en contrepartie. Celles-ci vont au contraire progresser de 1,1 milliards d’euros l’an prochain. Dès lors, se pose une question essentielle : jusqu'à quel niveau nos compatriotes sont-ils disposés à accepter ce qui s’apparente clairement à une forme de spoliation ? De toute évidence, nous ne sommes pas encore arrivés à l’os.
C’est à n'y rien comprendre. Alors que la moindre remise en cause d’un privilège accordé à une poignée de cheminots suffit à paralyser le pays pendant trois semaines, 60 milliards d’euros d’impôts supplémentaires laissent tout le monde de marbre… Tandis que le Français retrouve son âme de révolutionnaire dès qu'est évoquée une réforme indispensable, il semble éprouver un plaisir masochiste à se faire avoir par ceux qu'il a placés à la tête de l’État. "L'art de lever l'impôt consiste à plumer les oies sans trop les faire crier", aurait un jour déclaré Colbert. Venant d’un éminent représentant de la nation qui inventera plus tard la progressivité de l’impôt sur le revenu, la TVA, la CSG et l’ISF, c’était plutôt bien vu…
Extrait. Article intégral en ligne sur le Plus Nouvel Obs.