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Octobre Rose : Mammo Yes ou Mammo No ?

Par Sandy458

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f6/Breast_Cancer_Awareness_%28263497131%29.jpg

Giant pink ribbon on the corner of 5th and Market, downtown Louisville, KY (10-5-06), source
Breast Cancer Awareness, auteur Jason Meredith, wikimedia commons, sous licence.

Mon lectorat masculin risque de se retrouver un peu dérouté par l’article qui va suivre.

Le cancer du sein affecte en priorité les femmes bien qu’un petit nombre d’hommes en développe un également. Oui, messieurs, vous avez une poitrine, type « œufs au plat » soit, mais une poitrine quand même ! Enfin, le cancer n’affecte pas que le patient mais aussi son entourage. Cela peut donc vous concerner par le biais d’une mère, d’une femme, une compagne, une amie, une fille etc…

Ne fuyez donc pas, cet article vous intéresse aussi !

Et il a pour ambition principal d’évoquer l’examen en toute franchise.

Chaque mois d’octobre, difficile d’échapper aux petits rubans roses qui fleurissent ici et là et à la campagne nationale pour promouvoir la mammographie et plus généralement le dépistage organisé du cancer du sein.

En 2011, l’espace public et médical a été secoué par la parution d’un ouvrage « No Mammo » de Rachel Campergue. Vous trouverez un article synthétique sur le site Le Point : ICI.

Car la première question à se poser est : pourquoi faire cet examen ?

Puis : est-ce mon choix éclairé ?

En quoi ça consiste ?

Quels sont les risques à faire une mammo ou à ne pas la faire ?

Qu’est-ce que JE décide ?

Loin de moi l’idée de vouloir influencer qui que ce soit pour l’une ou l’autre des options.

Chaque choix se vaut, se discute et ne peut être  pris pour une vérité absolue.

En parlant du sein, on touche à l’intime de la femme, à un symbole multiple : féminité, maternité, apanage aimé ou détesté…

Tout ce qui menace son intégrité menace donc directement la femme dans une partie non négligeable de son essence.

Alors, pourquoi faire une mammo ?

Dixit mon médecin (en dehors de toute suspicion de soucis de ce côté) :

-   se doter d’une image à un instant T, un état des lieux qui permettra des comparaisons et la mise en avant de modification même légère,

-   effectuer un dépistage, bien sûr, car tout examen peut aboutir à une anomalie à évaluer.

La sagesse dit souvent qu’il vaut mieux prévenir que guérir et le cancer du sein a tendance à être en hausse dans la gente féminine (1 femme sur 8 sera confrontée à la maladie au cours de sa vie).

Il y a d’ailleurs un paradoxe flagrant avec le cancer du sein, que j’ai d’ailleurs pu vérifier lors de la détection de la maladie sur une femme très proche de moi (qui est en rémission à ce jour !).

Une sorte d’idée reçue voudrait assimiler ce cancer avec une maladie importante mais « qui se soigne très bien », pas de soucis, tout roule !

Bref, certaines et certains le traitent un peu « par-dessus la jambe ».

Alors, pourquoi il y a-t-il autant de femmes qui perdent la vie (11 000 décès par an), d’existences  irrémédiablement modifiées par des mutilations ou le souvenir de traitement éprouvant et de trouille au ventre de se retrouver face à la maladie même après des années et des années de rémission ?

Est-ce le bien la maladie «comparable à une bien mauvaise grippe » dans l’esprit des quidams ?

Le cancer du sein est un vécu qui modifie profondément le rapport à la vie, nombreuse sont les femmes qui ne peuvent se considérer comme les autres après une telle épreuve et qui deviennent des survivantes.

Pour l’après cancer et sa compréhension au quotidien, je vous recommande le très bon site de Catherine Cerisey  «  Après mon cancer du sein ».

D’un autre côté, il ne serait pas équitable de ne pas parler de l’angoisse extrême de femmes victimes d’un faux diagnostic et qui vivent l’enfer jusqu’à ce qu’on leur annonce que « tout va bien, ouf ! ».

Il faut aussi avoir à l’esprit les « surdiagnostics » concernant des personnes à qui on va détecter un cancer qui n’aura pas le loisir d’évoluer et de menacer la vie (âge avancé…), des tumeurs qui vont se résorber d’elles-même avant même de se développer réellement ne nécessitant pas – a priori de traitement spécifique et éprouvant.

Enfin, il ne faut pas négliger la question soulevée par les « mammo no » qui mettent avant la nocivité possible des radios sur un organe aussi sensible.

Je vous renvoie à la consultation de l’article du Point cité en début d’article et à la lecture de l’ouvrage « No Mammo ».

Donc, un mot d’ordre : documentez-vous, interrogez vos médecins, cuisinez-les, réfléchissez à ces questions vitales et prenez VOTRE décision.

Forte de toutes ces considérations, j’ai choisi d’effectuer le dépistage et je tiens à partager le vécu de cet examen, notamment pour toutes celles qui se demandent comment ça se déroule, ce que ça fait etc…

Il ne s’agit que de mon expérience mais je pense qu’elle pourra être utile notamment aux angoissé(e)s des examens médicaux quels qu’ils soient.

Un matin…

 

Arrivée au laboratoire où je dois passer la mammographie, je suis priée de me rendre dans la salle d’attente. Je salue les femmes présentes et je commence à feuilleter les revues un peu défraichies laissées à notre intention. Je ne pense à rien, je ne suis là que pour passer un examen sans aucune suspicion et puis… mes réflexions s’arrêtent à l’appel de mon nom.

 

On m’introduit dans une cabine où je suis priée de me mettre torse nu. Je m’exécute, j’ôte ma chaîne de cou et je relève même mes cheveux. Je suis la bonne élève de la mammo, rien ne peut m’arriver, j’aurai mon bon point en sortant.

 

Je découvre enfin LA machine.

L’appareil n’est pas impressionnant en soi, on m’aide à positionner correctement  ma poitrine sur les plaques. Des marques sur le matériel permettent de bien s’installer, le manipulateur ou la manipulatrice en radiologie est là pour vous encadrer.

 

« Ne respirez plus ! » Clic, clac, photos des lolos !!

 

Plusieurs clichés sont réalisés : haut des seins, côtés.

La sensation est un peu inconfortable, la poitrine est comprimée, un peu écrasée mais ce n’est pas douloureux.

 

Je conseille néanmoins de ne pas effectuer cet examen en période de sensibilité mammaire si cela vous est possible.

 

Avant de me rhabiller, la manipulatrice m’informe que je dois retourner dans la salle d’attente.

En effet, lors de la première mammo, il est prévu d’effectuer une échographie des seins. Sur le moment, j’ai été étonnée, n’étant pas au courant de ce double examen.

 

Je ne peux dire s’il est systématiquement réalisé mais autant savoir qu’il existe et qu’il peut être proposé dans la foulée.

 

Rhabillée, je reprends ma place dans la salle d’attente, on devrait l’appeler de « patience ».

Car autant j’étais relativement sereine en arrivant ce matin, autant cette deuxième phase commence à ouvrir la boîte aux cogitations. Je regarde les autres femmes figées sur leur siège inconfortable. Les yeux dans le vague ou feuilletant un Closer de 2005, chacune est dans sa forteresse. Je me demande combien viennent pour un simple dépistage, combien viennent pour savoir si…?

 

J’ai du mal à me fixer sur ma lecture d’un Paris Match, et si on me trouvait quelque chose ?

Est-ce qu’il y aura un avant et un après cette mammo dans ma vie ? Et c’est quoi après ?

Je rentre chez moi comme d’habitude ou je vais me morfondre sur mon sort ?

 

Je réfléchis.

 

 

Pourquoi moi ?

 

2 enfants allaités jusqu’à un an (c’est bon pour faire reculer le spectre si on en croit les spécialistes), pas d’antécédents familiaux, une vie assez saine, du sport, méditation, yoga, Qi Gong, alimentation bio, du stress (ah non, un point négatif !)…

 

 

Et pourquoi pas moi ?

 

Rien ne peut réellement protéger  d’une loterie injuste, le croire tiendrait de la pensée magique. Et pourquoi ne pas tourner trois fois autour d’un chêne multi-centenaire pour conjurer le sort ?

Pourquoi pas moi ?

 

J’en suis là de mes pensées mouvementées lorsque je suis appelée pour la fameuse échographie. Je me remets torse nu, je m’installe sur le lit d’examen.

Allongée, on me demande de placer un bras en l’air.

Après l’application du célèbre gel, l’échographe balaye minutieusement la poitrine.

C’est un peu long mais c’est un travail de précision qui peut aussi être compliqué par l’aspect et le volume de la poitrine. Mais de nouveau, rien de douloureux !

 

D’ailleurs, n’hésitez pas à poser des questions aux différentes personnes qui vont effectuer les examens. C’est votre corps, votre santé, ne restez pas avec un doute, une incompréhension.

 

Avant de me rhabiller pour la seconde fois, on m’informe que ni la mammographie ni l’échographie ne montrent un quelconque signe de souci.

 

En quittant le laboratoire avec mon dossier sous le bras, j’ai trouvé le temps plus clément que ce matin, une certaine légèreté dans l’atmosphère…

Finalement, la plus grande peur n’était-elle pas de savoir ?


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