
C’est passé prêt, The Sims Social, bien connu des adeptes de Facebook et grand phagocytaire, en plus de notre temps libre, de quelques-uns de nos neurones, de ceux (essentiels) qui siègent à préserver lucidité, ouverte d’esprit sinon intelligence, a failli me happer dans un tourbillon progressif, sale et poisseux de dépendance. Il s’offrait à moi, il se voulait propre. La chose paraissait reposante, et de quelque manière elle l’était. La chose n’en voulait pas à mon porte-feuille, et d’une autre manière c’est ainsi qu’elle se présentait. Ma première réaction fut nerveuse : un rire et je suis rapidement, pour ne pas dire instantanément, passé à autre chose. Les Sims j’avais donné ; pas excessivement je m’en féliciterais plus tard, juste le temps (remarquablement court) de comprendre, ou de croire, que ça ne pouvait pas me toucher. Que j’étais guéri, au-dessus de tout ça. Que je n’eus jamais été malade.
En pratique, le temps a passé, il a fui, et avec lui le lointain souvenir de mon esprit, alors bien fatigué, commandant l’achat, au prix fort entendez bien, d’un exemplaire

Or, un appel, venu de lointains horizons et de ma soif de science, fit crépiter quelque pans de mon esprit interloqué, fusionner le dégoût et la curiosité. Alors j’ai repris l’aventure, avec l’espoir, de bien mauvaise foi, que je tirerais quelque réponse à la douloureuse et primordiale question de savoir ce qui pouvait pousser ces foules, jusqu’ici épargnées par l’épidémie, à rallier les rangs de cette nouvelle armée d’hébétés. Et je me suis plongé, par ridicules degrés, à tâtons, dans la machine. D’abord 5 minutes, le temps de gaspiller mon énergie in-game. Puis, après avoir mis au jour, par le classique procédé de l’expérience (donc scientifique), que cette énergie se rechargeait à nouveau à hauteur d’un point toutes les cinq minutes, je me suis mis à jouer jusqu’à, entendez bien, deux fois 5 minutes dans la même journée. Ma vocation d’archéologue se faisait jour. L’addiction, et je ne m’en rendais encore pas compte, allait manifestement pervertir cette (noble ?) mission de départ qui consistait non pas à m’intégrer mais faire acte d’ethnologie virtuelle.

C’est dans la semaine qui suivit que je déterrais, au travers d’ennuyantes, et par bonheur bien courtes, sessions à me nourrir, me reposer ou emmerder la voisine (la seule pour l’instant), de nouveaux jouets. Ce fut l’ordinateur en premier lieu, qui allait lancer ma nouvelle carrière d’écrivain. Je me mis à produire et à produire encore. D’une certaine manière, je bashais paisiblement (clic clic clic) et je montais de niveau au rythme de mon expérience. Jusqu’à la surprise ; quand j’ai voulu me fendre d’une machine à écrire. Il me fallait désormais m’enquérir de certaines matières premières pour achever de construire tous ces objets merveilleux que j’avais acheté parfois sans raison ni projet. C’est précisément là que se fit jour le point essentiel, le cœur de l’ouvrage de ce Sims : l’aspect social. Et là, c’est foutu, vous êtes dedans, vous avez touché du doigt sinon Dieu en tout cas le nerf de la guerre, le nœud. Le manège peut dès lors commencer.
Ne souhaitant pas gaspiller le moindre drachme dans cette folie à vocation résolument chronophage autant que ruineuse pour l’intelligence, je me vis heureux de

Sans claquer ni peu ni rien, j’ai réussi à devenir écrivain niveau 37 et fou niveau 3. Pour en arriver là, à moins d’être un privilégié de l’émir du Qatar ou dans les bonnes œuvres du camarade Gates, il vous faudra ce genre de patience qu’on sait capable d’éroder à jamais votre envie de jouer et un réseau qu’il faudra veiller à entretenir (quitte à draguer ouvertement). Et je ne vous parle pas des missions quotidiennes qui … ah non je n’en parle pas. Je vous ai assez spoilés. Toujours est-il que c’est à ce niveau (il faut le noter : je venais de me corrompre d’un chapeau) que j’ai interrompu avec soulagement ma relation concupiscente avec ce monstre qui, timidement jusqu’ouvertement, m’entraînait dans la chute avec mon tacite accord.