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Panne d'imagination

Publié le 17 octobre 2012 par Toulouseweb
Panne d’imaginationL’avenir vu par l’IATA est malheureusement banal.
Tout passager aérien normalement constitué s‘interroge inévitablement, d’un voyage ŕ l’autre, sur le devenir d’un mode de transport qui n’évolue plus. Peu importe que les performances des avions n’aient gučre été améliorées depuis 60 ans, que la vitesse, atout majeur, reste celle des Caravelle et autres 707 des années cinquante. Le problčme, le vrai problčme, est que le voyage n’a cessé de se compliquer par l’accumulation de difficultés de toutes espčces.
Ainsi, ŕ de rares exceptions prčs,l’accčs aux aéroports est difficile, fait de taxis lents et coűteux, d’embouteillages souvent inextricables ou de transports en commun d’un autre âge. A Paris, exemple parmi tant d’autres, le RER qui relie la gare du nord ŕ CDG mériterait le prix Nobel du sur-place, de la sclérose, de l’incapacité ŕ évoluer et de la saleté.
Les aérogares, en revanche, sont souvent grandioses, pour cause de volonté de prestige, d’image. Les aéroports, quel que soit leur statut, peuvent se le permettre d’autant plus facilement qu’ils sont riches de redevances jamais en retard d’une augmentation. Mais la sűreté, nécessaire mais traitée de maničre ancestrale, casse le systčme. Nous déposons l’ordinateur devant le cerbčre de service, il nous demande d’enlever chaussures et ceinture, de vider nos poches et, pour seul remerciement, nous adresse un regard noir et soupçonneux. Aprčs tout, vous avez peut-ętre l’intention de détourner votre ATR vers Damas...
Cette année, prčs de 3 milliards de passagers (oui, 3 milliards) subiront les męmes vexations, arriveront essoufflés ŕ la porte d’embarquement, craignant d’ętre en retard, juste ŕ temps pour découvrir que leur vol est retardé Ťpour cause d’arrivée de tardive de l’appareilť. Une vraie-fausse explication, parce que cela ne se fait pas de dire que l’espace aérien est géré ŕ l’ancienne, que les créneaux de décollage et d’atterrissage sont devenus une denrée rare, que le nombre de pistes est devenu insuffisant. Bref, ça ne marche plus, ou mal.
Le directeur général de l’IATA, Tony Tyler, vient d’évoquer ces faiblesses et manquements, cette semaine, dans le cadre d’un World Passenger Symposium tenu ŕ Abu Dhabi avec l’aide bienveillante de la compagnie Etihad (la nouvelle amie d’Air France-KLM). Qu’en résulte-t-il ? Une longue énumération des attentes des voyageurs aériens, le rappel du grand nombre d’intervenants ŕ coordonner, des marges financičres ridiculement étroites des compagnies aériennes (cette année, un bénéfice estimé ŕ 4,1 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 660 milliards de dollars, hors low cost et charters que continue de superbement ignorer l’IATA).
Il faut une approche nouvelle, affirme le bon Tyler. Personne ne l’avait attendu pour formuler le męme constat, pour réclamer ce qu’il appelle pompeusement une maximisation de l’efficacité, une Ťtailored offeringť faite de nouveaux services et options. Et il ressort du tiroir un dossier couvert de poussičre, tombé dans l’oubli, ŤSimplifying the Businessť.
En termes ordinaires, cette ébauche de programme revient ŕ dire que les compagnies sont lassées de ne pas ętre rentables. Aussi les pistes prises en considération reviennent-elles, notamment, ŕ imaginer que les voyageurs, qui impriment déjŕ leur billet eux-męmes, en fasse autant des étiquettes ŕ a apposer sur leurs bagages, qu’ils numérisent leur passeport, bref qu’ils travaillent encore davantage, sans oublier d’acheter sans tarder une nouvelle imprimante et de toujours disposer d’une cartouche d’encre de réserve.
La sűreté ? Il faut innover ! Comment ? En mettant au point les contrôles de l’avenir (sic). Que les bons passagers soient identifiés, répertoriés et bénéficient d’un traitement de faveur. D’oů une clientčle ŕ deux vitesses, une tendance détestable qui commence discrčtement ŕ apparaître, que rien ne peut justifier ou excuser, une maničre hypocrite de cacher la poussičre sous le tapis et d’attendre des jours meilleurs qui ne viendront pas.
Conclusion : le transport aérien mérite mieux. Mais il n’est tout simplement pas capable d’atteindre cette objectif. Chaque année, trois milliards de passagers se le répčtent, inlassablement.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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