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Etre mal à l’aise pour autrui, mmhmm moui c’est intéressant

Publié le 18 octobre 2012 par Elosya @elosyaviavia

Etre mal à l’aise pour autrui, mmhmm moui c’est intéressant

C’était à la fin d’un spectacle. Je discutais avec le régisseur de mon théâtre, sa chérie et des membres de la troupe ayant joué ce soir là.

Un petit groupe s’est formé, certains bavardent de la pièce, d’autres discutent de futurs projets, d’aucuns rigolent en dégustant leur verre de vin.

C’était un joli moment de détente d’après spectacle, un moment où les comédiens déstressent et où ils se demandent ce qu’ils vont bien pouvoir faire ensuite de leur soirée.

L’un des comédiens entreprend de raconter une blague.

L’un des personnages de la blague est bègue. Du coup, le comédien fait un premier dialogue en bégayant. Puis il reparle normalement pour reprendre le cours de la blague. Puis il se remet à bégayer et ainsi de suite.

A ce moment là, je sens un léger flottement. Certains comédiens regardent leur pied ou la façade du bâtiment d’en face, faisant mine d’être happés par autre chose.  Deux autres conversent discrétos faisant fi de la blague racontée juste à côté d’eux. J’en vois certains se faire la malle. Quant à moi et d’autres personnes, nous essayons de nous concentrer sur la blague.

Après de looooongues minutes, je suis mal à l’aise pour ce jeune homme. J’ai l’impression qu’il n’assume pas totalement de faire une blague en adoptant le point de vue et la manière de parler d’un bègue. Plus il raconte son histoire, plus il semble nerveux. Personne ne rit, les gens semblent au mieux s’ennuyer, au pire être mal à l’aise pour lui. Bientôt, il se met à faire son sketch en appuyant encore plus le trait de son « personnage ».

La situation devient vraiment gênante. Il vit un très grand moment de solitude. Je trépigne d’une jambe sur l’autre, je pince ma lèvre inférieure. C’est un désastre et je me sens dans une mauvaise posture d’assister à cela. Alors. Très courageusement. Je m’en vais un peu plus loin.

J’en parlais ensuite avec la chérie de mon collègue et je lui expliquais qu’il m’arrivait de me retrouver en totale compassion avec les gens (comme ici), cela peut-être des ami(e)s ou des inconnus d’ailleurs. Quand je sens un malaise, une angoisse, un stress chez l’autre, c’est plus fort que moi, je me sens à mon tour embarrassée.  Cela peut m’arriver quand par exemple, je vais voir un spectacle de théâtre amateur et que l’un des comédiens oublie son texte. Il tente de faire comme s’il était en totale impro, mais on s’aperçoit bien vite que le mec est en train de galérer pour rattraper son passage ou que je vais regarder un/une comique faire son one (wo)man show au Jamel Comedy Club et que je vais m’apercevoir que cette personne a fait rire les gens une seule fois, depuis qu’elle est rentrée sur scène il y a 5 minutes. Elle essaie de faire bonne figure, mais on sent la tension de celui/celle qui sait qu’il/qu’elle ne fait pas rire l’assistance, mais qui essaie quand même de le faire en désespoir de cause.

Ça va me faire la même quand je vais assister à la soutenance de thèse d’une copine et que pendant toute son intervention, je suis stressée parce que je redoute qu’elle bute sur une question ou qu’au cours de sa présentation, elle oublie de dire quelque chose. Je vais ressentir ça aussi quand je vais voir une chanteuse américaine comme disons…Britney Spears, se gourer dans les paroles de sa chanson et dans sa chorégraphie. Elle se ridiculise, tout ça devant des millions de téléspectateurs.

Ça fait longtemps que je réfléchis à ce qui pouvait me rendre dans cet état, trop d’émotivité ? trop de compassion pour autrui ? trop de place laissée à l’émotion que je ressens chez l’autre ? Tu l’auras compris, je ne me l’explique pas vraiment en fait et ce qui est terrible, c’est que j’ai l’impression qu’avec les années ça empire.

Toujours est-il que pour le comédien qui a donc raconté sa blague pendant au moins 3 bonnes minutes (j’exagère à peine), la fin de sa blague a été un véritable four. Il ne restait plus que 2 personnes, ils ont esquissé un tout petit sourire, il y a eu un blanc puis ils sont partis. Lui, il est resté là, seul, l’air très fatigué en train de tirer nerveusement sur sa clope.

Eh bah, ouais, quand j’ai vu le bide qu’il s’est pris (car oui je suis restée pas loin, pour écouter si finalement la blague était un succès, mais en fait non) je me suis sentie gênée pour lui. Ça m’agace en fait. J’aimerais être moins sensible à ce genre de choses, j’aimerais ne pas me laisser envahir comme ça par les émotions d’autrui. Parce qu’au final, j’ai l’impression d’en souffrir un peu.

Bon alors je sais que le rejet n’est pas la meilleure façon de résoudre ça et que de me raisonner pour ne plus ressentir cette empathie, ne va pas non plus régler la chose. Parfois, je me dis qu’il faudrait déjà que j’accepte ce ressenti tout simplement et après…bah après on verra, chaque chose en son temps.


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