Dans un discours prononcé le 27 septembre 2012, à l’occasion de l’inauguration de la Grande mosquée de Strasbourg, le ministre de l’Intérieur a déclaré que « le Président de la République, le Premier ministre et le Gouvernement sont attachés à la spécificité du régime en vigueur en Alsace-Moselle ».
Bévue, couac, complaisance de circonstance ou signe d’un jeu solo de la part de celui qui monte dans le cœur de médias ? A-t-il évoqué son « attachement » au régime concordataire avec le chef de l’Etat avant de faire le déplacement à Strasbourg ? Ce dernier aurait dû lui faire les gros yeux et lui rappeler ses déclarations de campagne concernant son projet de travailler à « l‘intégration dans la Constitution de la Séparation de l’Église et de l’État ». [voir billet du 11 octobre 2012 http://rolandlabregere.blog.lemonde.fr/2012/10/11/liberte-egalite-fraternite-laicite-une-republique-laique-exemplaire/] Y allant d’une tirade lyrico-communicationnelle dans laquelle le ministre de l’Intérieur rappelle que la laïcité « est notre bien commun, notre trésor, qu’elle n’est pas un dogme mais un principe, une méthode », il laisse toutefois entendre qu’il y aurait, selon lui, en matière de « bien commun », une exception alsacienne.
Si le président de la République reste silencieux face à ce qui apparaît être plus que le résultat d’une distraction passagère, il envoie un message étrange. En référence aux déclarations de campagne, les citoyens attachés à la laïcité sont en droit de rappeler que les principes de la loi de 1905 doivent s’appliquer à tout le territoire, ce qui exclut toute forme de constitutionnalisation du régime dérogatoire voulu par Napoléon en 1801.
Vouloir constitutionnaliser la Séparation des Eglises et de l’Etat et dans le même temps savourer le régime concordataire relève d’une alchimie incertaine qui risque bien de plomber l’image de l’exécutif. Une posture novatrice et audacieuse consisterait à travailler au projet de sortie progressive et négociée du système concordataire.