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Abnégation

Publié le 18 octobre 2012 par Malesherbes

Le malheureux pigeon que j’évoquais il y a quelque temps avait déclaré au cours de son passage à la télévision : « Je me suis sacrifié ». Peut-être, et alors ?

En fait, la vie ne vaut d’être vécue que dans la mesure où on lui donne un sens et, bien souvent, ceci implique que l’on se sacrifie dans ce but. Ce sens diffère selon les individus. La plupart, lorsqu’ils ont une famille, vont s’efforcer d’assurer son bien-être et, s’ils ont des enfants, vont tout faire pour leur assurer un avenir meilleur que le leur. D’autres se réalisent dans la recherche, la médecine ou mille autres activités, mais l’immense majorité d’entre eux se dévouent pour quelque chose d’autre qu’eux-mêmes.

Lorsque la quête est celle de l’argent, on peut difficilement dire que l’on se sacrifie puisque l’objectif est de bénéficier de ce sacrifice. Au cours de ma carrière, j’ai été étonné de croiser un homme dont le but annoncé clairement était de faire fortune. Il travaillait beaucoup, prenait des risques mais je ne pense pas que l’on puisse dire à son propos qu’il se sacrifiait.

Les réflexions qui suivent ne s’appliquent pas à l’ensemble des entrepreneurs mais seulement à ceux du genre du malheureux qui s’estime plumé par l’État. Cet homme n’est pas habilité à parler de sacrifice. Mais l’employé en région parisienne, qui subit parfois plus de trois heures chaque jour des allers retours dans des transports en commun surchargés, se sacrifie effectivement pour les siens.

Il est évident qu’un chef d’entreprise ne quitte jamais son travail. Celui-ci ne s’arrête pas lorsqu’il quitte son bureau et le patron reste toujours préoccupé par l’état de son carnet de commandes, de sa trésorerie et par quantité d’autres problèmes. Mais je suppose que notre malheureux pigeon dispose de plus de liberté et de confort qu’un salarié de base. Je ne pense pas que, à Paris, on puisse le croiser dans le métro car, probablement, il se déplace en taxi et, pour ses voyages, il doit privilégier l’avion. À la différence d’une simple vendeuse, il n’a pas besoin de demander la permission d’aller aux toilettes et, lors d’un déplacement, il peut prendre un peu de son temps pour quelques courses ou acheter un cadeau pour son épouse.

Un chef d’entreprise a des responsabilités écrasantes, il travaille énormément mais, assez souvent il jouit de conditions plus confortables que le commun des mortels. Celui qui s’intéresse seulement au capital qu’il accumule n’a pas le droit de dire qu’il se sacrifie, il se fait plaisir.


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