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Zone euro : le pire est-il passé ?

Publié le 19 octobre 2012 par Raphael57

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Après les nombreux sommets de la dernière chance, voici que nos dirigeants viennent d'inventer le Conseil européen sans enjeu officiel... A l'issu de la soirée d'hier, François Hollande a ainsi déclaré qu'un bon compromis avait été trouvé avec l'Allemagne. Un compromis certes, mais sur quels points ? Il semblerait qu'il évoquait la supervision des banques de la zone euro et l'union bancaire.

De quoi s'agit-il ?

Lors du sommet européen des 28 et 29 juin 2012, il fut décidé de créer un superviseur bancaire pour les quelques 6000 banques de la zone euro, sous l'égide de la Banque Centrale Européenne (BCE). Le désaccord portait sur le nombre de banques à superviser : l'Allemagne voulait que seules les grandes banques systémiques soient concernées (les Landesbanken, les banques régionales allemandes, en seraient donc exclues) alors que la France désirait qu'elles soient toutes concernées.

La mise en place de ce superviseur bancaire est la condition sine qua non d'une recapitalisation directe des banques par le Mécanisme européen de stabilité (MES), c'est-à-dire le moyen de rompre le lien entre sauvetage des banques et endettement public des États. Malheureusement, tant que le superviseur n'existe pas, le MES ne pourra donc pas recapitaliser directement les banques (espagnoles entre autres...) en difficulté. 

Quelles avancées ?

Comme l'a déclaré dans une interview au Monde Stanley Fisher, gouverneur de la Banque centrale d'Israël et ancien chef économiste de la Banque mondiale et du FMI, "créer une union bancaire serait un réel progrès. Mais un tel projet est extrêmement compliqué et donc difficile à mettre en œuvre". Malgré les sourires de façade, de nombreux points restent en suspens, notamment le cadre juridique et les pays qui y participeront. Ainsi, la supervision ne pourra être effective avant 2014, tant il reste de points à régler. Cela signifie surtout que l'Espagne va sans doute devoir grever davantage son budget (et donc s'endetter) pour venir au secours de ses banques, car on imagine mal comment l'Espagne pourrait attendre encore un an dans ces conditions...

En outre, l'Allemagne semble vouloir ralentir le processus de création de ce superviseur, puisque Wolfgang Schäuble, ministre allemand des finances, avait réclamé la création d'un poste de super-commissaire européen en charge des questions économiques et budgétaires, avec des droits d'intervention dans les budgets nationaux ! De son côté, la France indique ne pas mettre la question du contrôle budgétaire à l'ordre du jour, sauf s'il était question de créer des euro-obligations, ce qui est tout à fait improbable à court terme au vu des nombreuses réticences en Europe...

En définitive, l'Union européenne reste engluée dans vision de l'austérité généralisée pour sortir de la crise, malgré les appels répétés du très libéral FMI à prendre du temps pour réduire les déficits (manière subtile d'appeler à un changement de politique économique ?) : "Il est parfois mieux, étant donné les circonstances et le fait que de nombreux pays ont mis en place les mêmes instruments de politique économique pour réduire leur déficit, de se donner un peu plus de temps". Quant à l'objectif des 3 % de déficit public par rapport au PIB, Christine Lagarde se montre audacieuse : "Nous ne pensons pas qu'il soit raisonnable de s'arc-bouter à des objectifs nominaux. Il est plus approprié de se fixer des procédures et de laisser jouer les stabilisateurs automatiques".

En attendant, les capitaux privés fuient l'Espagne (296 milliards d'euros ont quitté le pays sur les 12 derniers mois) et l'Italie (235 milliards) dans l'indifférence générale, tandis que les peuples souffrent de cette austérité :


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