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Hélène VACARESCO : Tristesses d’autrefois

Par Unpeudetao

Rien qu’une heure, être encor triste comme autrefois,
   D’une tristesse immense et douce par les bois,
   Avec l’herbe et les fleurs, sous la pitié des branches,
   Ou bien devant l’autel, par les calmes dimanches,
   Quand, la tête appuyée au mur où sur fond bleu
   Les grands archanges clairs ont des glaives de feu,
   Je sentais les premiers effrois devant moi-même ;
   Triste à vouloir mourir lorsque la lune blême,
   Comme un poignard d’argent, à travers le ciel pur
   Montait mystérieuse en pâlissant l’azur
   Des soirs dont la douceur enveloppe la terre.
   Es-tu donc morte aussi, tristesse solitaire
   Qui me mettais parfois le front entre les mains
   Et dans le cœur de grands désespoirs surhumains
   Où s’acharnaient entre eux les démons ou les anges ?
   Tristesses d’autrefois, mes tristesses étranges
   Dont j’ai la nostalgie et qui dans vos ferments
   Ébauchiez l’avenir en lourds pressentiments,
   Et, portant le fardeau de quelque ancienne vie,
   Alliez de mon cœur jeune à mon âme assouvie

Pour les épouvanter tous deux de leurs combats !
   J’ai beau vous appeler, vous ne reviendrez pas.
   Même par les longs jours où je me sens plus morne
   Que le soleil puissant dans le désert sans borne,
   Même pour le railler, vous ne visitez plus
   Le cœur où tous les maux humains sont résolus
   Et qui tourne vers vous ses suprêmes tendresses,
   Tristesses d’autrefois, ô mes chères détresses !

Hélène VACARESCO (1864-1947) femme de lettres franco-roumaine.

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