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Bolivie : des politiques publiques à modes de vie indigènes

Publié le 01 février 2012 par Best Planet @yourbestplanet
Le 7 mai dernier, la ministre du Développement plurielle de l’Etat plurinational de Bolivie, Antonia Rodriguez, signait un document annonçant la création d’une stratégie nationale de promotion de l’économie solidaire et du commerce équitable.Bolivie : des politiques publiques à modes de vie indigènes

Cette dernière doit conduire à la création d’un vice ministère dédié à la promotion de ces modèles économiques. Son action est prévue principalement dans six champs :- la diffusion de l’économie solidaire,- la mise en place de finances solidaires au service des groupements de producteurs,- la promotion de technologies de production « biostables »,- le développement d’un système de certification,- l’accès au commerce équitable au niveau national et international,- l’institutionnalisation de ce modèle de production, de commercialisation et de financement, en particulier au travers de nouvelles normes légales.Bolivie : des politiques publiques à modes de vie indigènesLes racines de ce nouveau modèle économique sont ancrées dans le mouvement dit de « commercialisation communautaire », grâce auquel des organisations de producteurs, pour la plupart agriculteurs ou artisans, ont promu à la fin des années 1980 une commercialisation directe, du producteur au consommateur, face aux difficultés créées par le passage à l’économie de marché.


C’est ce mouvement qui a aujourd’hui acquis une dimension politique sous la bannière de l’économie solidaire et du commerce équitable.Au sein de ces évolutions politiques, les organisations représentées appartiennent à une économie populaire, rurale ou urbaine, qui peut globalement être situé dans le monde indigène en Bolivie.Cette économie populaire se caractérise par des rapports de production essentiellement non capitalistes, insérés dans un tissu social structuré par les appartenances ethniques. Toutefois, cette économie est marquée par un certain individualisme des acteurs liée à une volonté stratégique de subsistance.
Pour faire face à ce problème, le gouvernement de Morales met en avant la nécessité de regroupement dans son Plan national de développement.Les agriculteurs se regroupent ainsi au sein d’associations, de coopérative ou de simples groupements informels, pour commercialiser leurs produits et partager des équipements, souvent cofinancés par des institutions d’appui. L’acceptation d’interdépendances solidaires leur permet de la sorte d’accéder à des revenus en général plus élevés et plus stables que dans le reste de l’économie.
Aussi, les lieux de l’économie solidaire ne sont pas seulement des lieux de production, mais aussi d’apprentissage : techniques et gestionnaires, mais aussi apprentissage de la démocratie, au travers de modes de prises de décision se voulant collectifs et égalitaires.Bolivie : des politiques publiques à modes de vie indigènes

L’économie solidaire s’essaie à devenir une expression des modes de vie indigènes, en même temps qu’un vecteur de leur transformation et un ensemble de pratiques s’adaptant à la pauvreté.Elle ne peut cependant se pérenniser uniquement à partir de ces pratiques au niveau local : un cadre institutionnel et macroéconomique adéquat est indispensable, notamment pour offrir des formes légales permettant l’accès à des financements et à une fiscalité adaptés, ainsi que des vecteurs de commercialisation valorisant des produits jusqu’ici dépréciés car considérés comme indigènes.

La politique gouvernementale vise globalement la diversification productive, dans un pays où l’extraction d’hydrocarbure représente plus de 60% de la valeur des exportations. La nationalisation de ces ressources, puis la redistribution de la rente pour répondre à diverses demandes socio-économiques, en a constitué le pilier en 2006. Le problème persistant est que cette redistribution dépend des prix internationaux des hydrocarbures et de la poursuite des investissements productifs, deux paramètres qui ont connus une dégradation inquiétante depuis 2009.

Bolivie : des politiques publiques à modes de vie indigènes

De surcroît, un second volet nécessite d’être mis en place. Il s’agit de garantir des conditions d’emploi « dignes »pour l’ensemble de la population, en promouvant entre autres l’associativité entre petits producteurs.Articuler des modes de vie pluriels au sein d’une nouvelle forme de modernité qui n’exclut personne et d’une forme étatique rénovée apparaît en ce sens comme une priorité des nouvelles politiques publiques en Bolivie.

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