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Protection de l’environnement : la forêt guyanaise bientôt certifiée

Publié le 31 décembre 2011 par Best Planet @yourbestplanet
La Guyane regorge de massifs forestiers luxuriants où se côtoient des centaines d'essences de bois tropical différentes. Mais si l'Office National de Forêt (ONF) s'efforce de gérer de manière exemplaire ce poumon vert français, un paradoxe perdure : l'essentiel du bois tropical importé par la métropole est d'origine brésilienne. La certification de la forêt guyanaise changera-t-elle la donne ?
Protection de l’environnement : la forêt guyanaise bientôt certifiéeVue du ciel, la Guyane ressemble à un immense tapis de verdure. Et pour cause, la forêt couvre 95 % du département, s'étale sur 8 millions d'hectares et recense près de 1 200 espèces d’arbres indigènes. Un poumon vert domanial, dont l'ONF et le Parc naturel régional de Guyane se partagent la gestion.Une filière en quête de débouchés internationauxSur ces 8 millions d'hectares, 2,4 millions sont aujourd'hui consacrés à l'exploitation forestière, essentiellement pour le bois d'œuvre. « Depuis l'adaptation du Code forestier à la Guyane, en 2005, le corpus réglementaire qui régit cette exploitation est très strict », explique Nicolas Kaar, directeur régional de l'ONF Guyane. « Seules 49 espèces sont commercialisables, et l'extraction est limitée à 5 arbres à l'hectare, tous les soixante-cinq ans. » Un quota qui semble dérisoire, mais qui, compte tenu de la superficie de la forêt gérée, autorise la coupe de 16 000 arbres par an tout en préservant durablement la forêt.Protection de l’environnement : la forêt guyanaise bientôt certifiéeDans cette optique de gestion responsable, l'ONF et les industriels forestiers ont élaboré en 2010 la « Charte de l'exploitation à faible impact ». Les scieries et autres acteurs de la filière s'engageaient alors à élaborer des pratiques d’exploitation responsables, tant au niveau environnemental que social (maîtriser les impacts environnementaux, rétablir le bon écoulement des eaux, embaucher des salariés qualifiés et assurer leur sécurité, respecter les zones de droits d'usage des peuples autochtones, assurer la traçabilité du bois). De fait, les 80 000 mètres cubes de bois d'œuvre qui alimentent chaque année le marché local de la construction affichent un bilan environnemental plutôt satisfaisant.Mais la croissance démographique est telle que la demande en bois d'œuvre est vouée à augmenter. Or, si localement le prix du bois reste très inférieur à ceux pratiqués en métropole (autour de 20 euros par m3, contre 40 à 60 euros pour la métropole), notamment grâce aux subventions européennes, il est en revanche peu compétitif au regard des pays voisins, où la main d'œuvre est bien moins chère. « Pour l'instant, la structure de la filière bois en Guyane permet de répondre à la demande », garantit Nicolas Lecoeur, directeur régional adjoint de l'ONF. « Mais lorsque le marché sera suffisamment attractif pour les entreprises étrangères, le bois guyanais risque d’être concurrencé par des essences de moins bonne qualité, type pin brésilien, toutes aussi adaptées à la construction, et moins coûteuses. D'où l'intérêt, pour les acteurs de la filière guyanaise, de développer la certification du bois local et de s'ouvrir à un marché international. »Protection de l’environnement : la forêt guyanaise bientôt certifiéeUne certification triplement nécessaireEn réalité, l’accès potentiel aux marchés internationaux (en particulier européen) n’est pas le seul argument qui pousse les forestiers à la certification. La circulaire du 5 avril 2005 relative aux « moyens à mettre en œuvre dans les marchés publics de bois et produits dérivés pour promouvoir la gestion durable des forêts » et la loi Grenelle 2 ont effectivement renforcé les exigences de certification dans la commande publique. De surcroît, les aides européennes délivrées à l'ONF Guyane, dans le cadre du Fonds Européen d'Orientation et de Garantie Agricole, sont désormais soumises à nouvelles conditions. Et parmi elles, « la mise en place d'un système d'éco-certification du massif forestier guyanais. » Opportunités à l'export, pression de la commande publique et exigences européennes rendent donc la certification des essences guyanaises plus que jamais nécessaire.Deux labels pour une même forêtDe fait, l'ONF s'est rapproché dès 2009 du système de certification PEFC 1, élaboré par les acteurs européens de la filière bois-forêt. Les pratiques responsables d'ores et déjà initiées par l'ONF sur le domaine forestier guyanais concordent avec les principes du PEFC, et l'élaboration de standards spécifiques à la Guyane devrait donc faire consensus. Autrement dit, les 2,4 millions d'hectares de forêt gérée en Guyane seront bientôt entièrement certifiés PEFC (a priori courant 2012). De quoi répondre rapidement aux exigences européennes et décrocher de nouveaux marchés publics.Protection de l’environnement : la forêt guyanaise bientôt certifiéeCependant, la certification la plus appropriée aux bois exotiques reste le label FSC 2. S'ils veulent être compétitifs sur le marché européen, les acteurs de la filière bois guyanaise ont donc tout intérêt à obtenir ce label, plus exigeant en termes de responsabilité sociétale et environnementale. En collaboration avec l’ONF, l’interprofession du bois, les administrations locales, les associations WWF et Guyane Environnement et les populations amérindiennes, FSC France travaille actuellement à l'élaboration d’une grille de critères de certification spécifique à la Guyane.
Les parties prenantes se sont accordées fin juin dernier sur une première version de cette grille, non sans rencontrer quelques difficultés. Deux points d'achoppement ont en effet ralenti le processus : la conservation des usages actuels de la forêt par les populations autochtones, et plus largement, la reconnaissance des peuples autochtones en Guyane. 
Car les principes du FSC imposent le respect de nombreux accords internationaux, dont les conventions de l’Organisation Internationaledu Travail (OIT). Or, la France n'a jamais ratifié la Convention n°169 de l'OIT, relative à la reconnaissance des peuples indigènes et tribaux, et refuse, au nom de l'égalité des citoyens « sans distinction d'origine, de race ou de religion », inscrite dans la Constitution Française, de reconnaître les droits d'usage des peuples amérindiens en Guyane.Protection de l’environnement : la forêt guyanaise bientôt certifiéeFinalement, le consensus semble avoir été trouvé. « Toutes les parties prenantes, ONF et populations amérindiennes comprises, ont activement participé à l'élaboration de cette première version de la grille de critères », garantit Marie Vallée, directrice de FSC France.Le référentiel, qui doit désormais être validé par FSCInternational, acte le respect de critères environnementaux et sociaux imposés aux entreprises forestières, ainsi que la préservation de zones de droits d'usages pour les populations amérindiennes, zones sur lesquelles les pratiques traditionnelles de chasse et de cueillette ne seront pas perturbées par l'activité forestière. Les premières parcelles de forêt devraient être certifiées FSC dans le courant de l’année 2012.1 Programme for the Endorsement ofForest Certification2 Forest Stewardship Council

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