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Le supplément de tromperies de Maïtena Biraben

Publié le 23 octobre 2012 par Buzzmedias @buzzmediasnet
Le supplément de tromperies de Maïtena Biraben

Depuis la rentrée, l’ancienne animatrice de la matinale de Canal + présente une émission d’un genre hybride situé entre le talk show et le magazine et qui est intitulée Le Supplément. Maïtena Biraben veut faire sensation avec des titres racoleurs plaqués sur des sujets vides de contenus.

Maïtena Biraben propose ce programme le samedi et le dimanche à partir de 12 h 40 en clair. D’un ton enjoué elle aborde différents sujets accrocheurs de l’actualité.

Ce weekend, le sommaire annonçait entre autres thèmes :

  • Le 20 octobre, une enquête au titre racoleur : «Le hip hop français vire-t-il gay ?» (Pourquoi ? on « vire » gay ?).
  • Le 21 octobre, un invité, ancien détenu était annoncé comme «Sauvé du salafisme» (Karim Mokhtari n’a jamais fait partie de ce mouvement).

Alors que racontaient ces deux séquences arbitrairement sélectionnées par mes soins ?

I- L’enquête : Le hip hop français vire-t-il gay ?

L’enquête menée par Aurélia Perreau  aurait donc du concerner l’homosexualité dans le rap français, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il en a été très peu question. D’ailleurs Maïtena Biraben annonce ainsi le reportage :

« Aux Etats Unis, de nombreux rappeurs font leur « coming out » (anglicisme signifiant révéler sa sexualité homo ou bi-sexuelle) et en France, où en est où? »

L’essentiel de ce qu’il y avait à dire sur le sujet, se passait bien aux Etats-Unis où un rappeur peu connu du nom de Frank Ocean a déclaré dans une lettre postée sur son blog qu’il était tombé amoureux d’un garçon à l’âge de 19 ans. Il a ensuite imprimé et mis ce texte dans son dernier album, ce qui a participé d’ailleurs au succès de celui-ci.

Suivait une déclaration d’Obama se prononçant pour le mariage gay (mais quel rapport avec le rap ?) et celle de Jay-Z qui partage l’opinion du président américain (le voici le rapport avec le hip hop : Frank Ocean a collaboré avec Jay-Z).

Conclusion de cette excursion aux States :

Le gangsta rap n’est plus, vive le gaysta rap! Puisque même « le big boss de l’industrie hip hop », le célébrissime Jay-Z cautionne l’homosexualité – vous avez vu comment : il se prononce simplement pour le mariage gay-.

En France, la journaliste est allée chercher deux obscurs rappeurs : un certain Nomis à Dijon et un Lyonnais qui a préféré rester incognito. Ils sont gays et ils en souffrent apparemment. Le premier parle de ses textes traitant de l’homosexualité et qui seraient refusés par les Majors à ce titre, quant au second, il vit son homosexualité secrètement : personne ne connait ses préférences sexuelles dans le milieu du rap. Dans l’hexagone, un seul rappeur se permet de « rouler des pelles» à un homme, c’est Joey Starr mais cela n’a rien à voir puisqu’il le fait en tant qu’acteur pour le film « L’Amour dure trois ans ».

« C’est dur d’être gay et de faire du rap » affirme le rappeur Lyonnais, il envie le « coming out » gagnant de Frank Ferdinand: « C’est super, il est aux Etats-Unis en même temps ».

Puis après qu’il ait été question d’Américaines homosexuelles qui paraît-il font un tabac dans le rap, Maïtena Biraben de conclure que si « un gros hétéro comme Fifty cents» (wtf?) n’est pas homophobe, les rappeurs gays français pouvaient garder espoir en déclarant que ce qui se passe aux Etats-Unis arrive invariablement en France quelques années après. Ce qui reste à prouver bien sûr car même s’il ne fallait se cantonner qu’au rap : le Gangsta rap à ma connaissance n’a jamais traversé l’Atlantique…

II- L’invité « Sauvé du Salafisme »

Le dimanche 21 octobre un des invités était présenté comme un ancien détenu « Sauvé du salafisme » (les médias véhiculent l’idée que les prisons françaises sont pleines de salafistes).

Le jeune homme s’appelle Karim Mokhtari et contrairement à ce qui était attendu de lui lors de l’émission, il a bien affirmé qu’en prison il s’agissait là d’une extrême minorité : une dizaine de personnes environ. Il s’est rapproché de leur mouvance dans un premier temps pensant y trouver un certain réconfort. Puis Il raconte sur le plateau qu’il s’en est détaché assez rapidement avant même que le groupe ne soit dispersé par les autorités pénitentiaires ne trouvant pas chez eux la paix qu’il recherchait au contraire.

Mais Maïtena Biraben insiste :

« Les mécréants pour eux ce sont les Français, les blancs » – comme si eux-mêmes n’étaient pas Français ou blancs ! D’ailleurs, quelle importance?! – et l’invité de préciser « non, les mécréants sont simplement les incroyants ».

Alors elle veut quand même enfoncer le clou :

« Vous avez rencontré le contact à votre sortie de prison ? ». Réponse de Karim Mokhtari : « Bien sûr que non ! », cette histoire s’est passée il y a cinq ans a-t-il rappelé et « c’est un passé que je veux oublier ».

Alors, Maïtena Birabe essaie encore :

« C’est dangereux pour vous de parler à visage découvert ? » ce à qui l’ancien détenu répond : « Non,…Je vis conformément à ma conscience,…Je suis musulman pratiquant ».

Et c’est lui qui devance les sous entendus et les amalgames et qui conclue l’entretien :

« Pour moi, un extrémiste n’est pas un musulman, un terroriste n’est pas un musulman et un jeune de quartier n’est pas un terroriste. »

Celui que la présentatrice a présenté comme un rescapé du salafisme ne s’est jamais fait endoctriner, n’a jamais été contraint par ses anciennes rencontres de prison et pratique tranquillement sa religion.

Ces deux exemples extraits de l’émission du week end le Supplément sont vraiment un exemple de la contre information que certains médias ou journaux nous font subir tous les jours. Pour bien faire, il faudrait que chacun prenne le temps de vérifier lui-même ce qu’on nous sert comme étant la vérité. Il ne s’agit, parfois, que de jugements à priori auxquels on veut faire correspondre des faits ou des paroles collectés par ci par là.


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