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Chili : Mapuches en grève de la faim

Publié le 23 octobre 2012 par Anthony Quindroit @chilietcarnets
Le président chilien Piñera tente de tisser des liens avec la communauté mapuche. Mais les tensions persistent (photo DR Alex Ibanez Gob de Chile)

Le président chilien Piñera tente de tisser des liens avec la communauté mapuche. Mais les tensions persistent (photo DR Alex Ibanez Gob de Chile)

A Temuco, au sud du Chili, cinq mapuches sont en grève de la faim depuis le 1er octobre. Depuis vendredi 19 octobre, ils ont également cessé de s’hydrater. Suite à ce traitement, l’un d’eux, Leonardo Quijón a été hospitalisé en urgence pour insuffisance cardiaque, dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 octobre. Ils entendent ainsi protester contre le refus de l’administration de les transférer vers le pénitencier d’Angol, près de leurs familles. [Mise à jour du mardi 23 octobre] Ils ont obtenu gain de cause mardi 23 octobre et ont donc interrompu leur grève de la faim.
Quatre autres personnes issues de la communauté mapuche ont, eux aussi, initié une grève de la faim il y a maintenant près de soixante jours à Concepción. Rodrigo Montoya, Eric Montoya, Daniel Levinao (tous les trois ont 19 ans) et Paulino Levipán (24 ans) sont accusés de tentative d’homicide sur des policiers et de port d’armes illégal. Leur porte-parole rappelle qu’un recours est déposé car il n’y aurait « aucune preuve tangible contre eux ». Hospitalisés d’office, ils ont menacé de se coudre la bouche si on les force à s’alimenter.

  • « Mes frères sont prêts à mourir pour la cause Mapuche. Nous n’avons pas à nous agenouiller devant l’Etat », s’enflamme le porte-parole.

Ces nouvelles crises entre le gouvernement chilien et la communauté mapuche interviennent dans un contexte tendu. Le président Sebastián Piñera a été chahuté à maintes reprises ces derniers mois. Dans la région de la Araucanía, les heurts se sont succédé depuis plusieurs semaines. Problème de sécurité, lois inégalitaires, ségrégation… Les Mapuches sont toujours considérés comme des indésirables au Chili. Des sous-hommes traités comme des terroristes et dont les territoires ont été largement pillés sous Pinochet. Les Indiens mapuches en viennent souvent à la confrontation avec les forces de l’ordre. Des échanges violents qui, régulièrement, viennent grossir la rubrique « Fait divers » des journaux chiliens.

  • « Je veux que les gens sachent que ceux qui font la grève de la faim ont été reconnus coupables d’avoir tenté de tuer des représentants de l’Etat. Et que tout sera fait pour protéger l’Etat de droit », insiste Sebastián Piñera.

Les tensions s’accumulent alors que le gouvernement vient d’ouvrir “El Área de Desarrollo Indígena » – une « zone de développement autochtone » – à Ercilla, destinée à créer des liens entre les communautés, améliorer l’éducation, développer l’économie et préserver la culture mapuche. C’est dans cette ville de la région de la Araucanía (l’une des plus pauvres du Chili), que le président en exercice est venu lancer ce programme face à des représentants mapuches en colère.
Car, au-delà de l’effet d’annonce, les lois antiterroristes toujours en vigueur continuent de faire des Mapuches des justiciables à part. Seul un changement en profondeur permettrait de réellement évoquer l’équité.

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