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Santé : pour le Sénat, la dangerosité des pesticides est sous-évaluée

Publié le 24 octobre 2012 par Bioaddict @bioaddict

Une mission d'information sur les produits phytosanitaires et leur impact sur la santé vient de remettre ses conclusions. Le bilan est sans équivoque : les risques des pesticides pour la santé sont actuellement sous-évalués. Santé : pour le Sénat, la dangerosité des pesticides est sous-évaluée ¤¤ donnez votre avis 13 13 personnes aiment cet article

Cinq point à retenir de cette mission parlementaire :

- les dangers et les risques des pesticides pour la santé sont sous-évalués 
- les protections contre les pesticides ne sont pas à la hauteur des dangers et des risques 
- les pratiques industrielles, agricoles et commerciales actuelles n'intègrent pas toujours suffisamment la préoccupation de l'innocuité pour la santé du recours aux pesticides 
- le plan Ecophyto 2018 doit être renforcé 
- améliorer la procédure d'autorisation de mise sur le marché des pesticides et assurer un suivi de ces autorisations à travers les effets constatés sur la santé

Est-ce la fin de l'omerta sur les pesticides ? On peut l'espérer grâce au rapport délivré hier par une mission d'information, composée de 27 sénateurs, toutes tendances confondues. Un rapport " des plus sévères ", se réjouissent les associations elles-mêmes, comme Générations Futures, qui dénonce leur utilisation depuis 15 ans.

Après sept mois de travail, le rapport de 348 pages a été adopté à l'unanimité par les 27 sénateurs de la mission, effectuant une centaine de recommandations qui devraient faire l'objet d'un débat en séance plénière en janvier 2013. "Il faut plus de volontarisme et de transparence pour aller vers le risque zéro", a résumé la sénatrice socialiste Nicole Bonnefoy, rapporteur de la mission. Celle-ci n'a pas mâché ses mots à l'heure de faire le bilan : "J'ai été surprise de voir le contraste entre les précautions prises dans les usines de fabrication, avec des ventilations, des robots, des masques, et l'utilisation parfois à mains nues par les agriculteurs", a-t-elle ainsi expliqué au journaliste de 20 Minutes.

La peau, organe le plus vulnérable

Le rapport note ainsi que la peau "est quantitativement l'organe le plus contaminé". Or, de nombreux pesticides commercialisés dans l'hexagone ont une toxicité cutanée reconnue, qu'il s'agisse des fongicides ou de certains herbicides. Les dermatoses, les rhinites, asthmes et insuffisances respiratoires chroniques sont reconnus comme des maladies professionnelles s'ils sont liés à la manipulation de pesticides. Un lien a également été démontré dans une soixantaine d'études entre la maladie de Parkinson et l'utilisation de pesticides. Des doutes restent permis quant à la maladie neurologique d'Alzheimer. Mais de fortes présomptions" existent pour le cancer de la prostate, le lymphome ou encore les leucémies et les cancers du cerveau chez l'enfant, bien que de nouvelles études soient nécessaires.

En février 2012, pour la première fois de son histoire, la justice française reconnaissait la culpabilité de la société Monsanto dans l'intoxication par inhalation d'un agriculteur céréalier charentais. Paul François, à 48 ans, avait fait de son combat contre le Lasso, interdit depuis à la commercialisation, un symbole de la lutte contre l'omerta fomentée par les sociétés biochimiques sur les pesticides.

La France : 4ème consommateur mondial de pesticides

On peut donc se réjouir que dans la foulée d'une telle décision de justice, les sénateurs se soient penchés de près sur ce scandale planétaire. Malheureusement, la France tient une place de choix dans ce marché mortel : elle est quatrième consommateur mondial de produits phytosanitaires, avec 60.000 tonnes en moyenne par an, ce qui représente un tiers de la consommation européenne.

Avec un tel positionnement, la route d'une agriculture dépourvue de produits phytosanitaires, encouragée par la mission parlementaire (d'ici 5 ans), semble longue, et semée d'embuches.

De son côté l'association Générations futures appuie " la nécessité d'améliorer la procédure d'autorisation de mise sur le marché des pesticides (AMM " demandée par le rapport parlementaire. " Au lendemain du rendu de l'avis de l'Anses sur l'étude de G.E Séralini, cette demande prend tout son sens, estime l'association. En effet l'Anses a préconisé hier dans son rapport d'engager des recherches sur les effets chroniques des pesticides sur la santé. La demande de la mission parlementaire d'une amélioration de la procédure d'autorisation des pesticides commande une évolution encore plus ambitieuse de l'évaluation. "

Reste à organiser un débat limpide en 2013 et à mettre en oeuvre ces recommandations, qui semblent aujourd'hui indispensables pour protéger la santé des agriculteurs et des consommateurs.

Olivia Montero


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