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"Récessions, réforme bancaire et l'avenir du capitalisme" de J. Huerta de Soto

Publié le 25 octobre 2012 par Francisrichard @francisrichard

Sous ce titre, l'Institut Libéral publie ce mois-ci un rapport ici du professeur Jesús Huerta de Soto [photo ci.contre qui provient d'ici]  qui devrait donner matière à réflexion et susciter de saines et fructueuses controverses au sein même des libéraux.

En effet il rend les banques centrales "responsables de tous les bouleversements économiques engendrés par la crise et la récession qui touchent le monde".

Et il donne comme priorité leur élimination "pour parachever la chute du mur de Berlin et se débarrasser du socialisme réel qui persiste encore dans le secteur du crédit et de la monnaie"...

Dans ce rapport percutant, il voit l'origine de tous nos maux dans la loi bancaire Peel, promulguée en Angleterre le 19 juillet 1844, qu'il considère comme la mère de toutes les lois bancaires qui ont suivi.

Cette loi obligeait les banques à conserver des réserves à 100 pour 100 sur les billets de banque émis, mais n'imposait pas la même chose sur les comptes de dépôt à vue. Au moins trois siècles plus tôt, les Scolastiques de l'école de Salamanque avaient découvert que ces comptes de dépôt faisaient partie de l'offre de monnaie. Ils qualifiaient le non maintien de réserves à 100 pour 100 sur ces comptes de crime de détournement...

Jesús Huerta de Soto montre que le seul processus vertueux d'accumulation de capital est basé sur l'épargne véritable.

Il explique que, quand se produit une baisse significative des ventes de biens de consommation, les entrepreneurs y voient le signal qu'ils doivent rediriger leurs investissements vers des industries de biens intermédiaires plus profitables. Alors l'épargne s'accroît. Le taux d'intérêt baisse. Les prix de biens de production augmentent. Des entrepreneurs investissent dans les industries des biens de production. Dans le même temps, les prix des biens de consommation stagnent ou baissent. Les entrepreneurs des biens de consommation cherchent "à substituer à la marge le travail par le capital". Leurs bénéfices augmentent en dépit de la baisse de leurs ventes. Leurs travailleurs se reconvertissent dans les industries de biens de production dont la demande s'est accrue.

En résumé, "cette nouvelle structure de production, plus intensive en capital, est tout à fait durable, puisqu'elle repose sur une véritable épargne".

Au contraire, quand les investissements sont financés "par un processus d'expansion artificielle du crédit, mené par les banques fonctionnant avec un système de réserves fractionnaires et dirigé par la banque centrale, prêteur de dernier ressort", des bulles se créent, suivies de récessions.

Les prêts accordés ont pour contrepartie de la monnaie scripturale, créée ex nihilo. Les investisseurs peuvent financer n'importe quel projet, même déraisonnable, à un taux d'intérêt très faible. Ils privilégient d'investir dans des industries de production. Mais cette fois des ressources productives des biens de consommation ne sont pas libérées. Tous les prix augmentent, qu'il s'agisse des prix des matières premières, des facteurs de production, des biens de production ou des titres qui les représentent. Tout le monde est content. En réalité une bulle s'est créée. Et se terminera par... une récession.

Car le marché aura découvert les erreurs commises et six causes entraîneront "le renversement du boom articificiel":

- l'augmentation du prix des facteurs de production

- l'augmentation subséquente et plus grande du prix des biens de consommation

- l'augmentation relative substantielle des profits des entreprises les plus proches de la consommation finale

- la baisse du salaire réel dans ces entreprise et la substitution du travail au capital, d'où la réduction de la demande pour les biens de production

- l'expansion du taux d'intérêt quand le rythme de l'expansion cessera de s'accélérer (les primes de risques seront plus élevées): les entrepreneurs qui auront fait de mauvais investissements demanderont des crédits additionnels

- la découverte de lourdes pertes par les entreprises qui évoluent dans les stades de production relativement plus éloignées de la consommation.

La crise bancaire résultera alors de la valeur plus basse des actifs bancaires par rapport au passif demeuré constant. Pour éviter l'écroulement du système bancaire la banque centrale viendra à son secours.

Le boom économique est en effet le résultat d'une illusion:

"L'expansion du crédit bancaire pendant la période de boom encourage les entrepreneurs à agir comme si l'épargne avait augmenté alors que cela n'est en réalité pas le cas."

La crise actuelle résulte d'une expansion artificielle majeure du crédit de l'investissement depuis 2001, qui n'a pas été soutenue par une expansion parallèle de l'épargne volontaire des ménages. La productivité a augmenté considérablement et la déflation naturelle qui aurait dû en résulter a été masquée jusqu'à ce que la récession ne se produise. Les facteurs déclencheurs de la crise ont été cette fois la hausse des matières premières, la crise des subprimes aux Etats-Unis, la faillite d'institutions financières dont la valeur des dettes excédait celle des actifs.

Jesús Huerta de Soto souligne, au passage, le rôle néfaste des nouvelles règles comptables internationales, qui, au lieu "de permettre une gestion prudente de chaque entreprise pour empêcher la consommation de capital", prétendent en refléter la "vraie" valeur...

Qui sont les responsables de la situation actuelle?

En premier lieu les banques centrales. Pourquoi? Parce que ces agences de planification centralisée dirigent la politique monétaire. Or "les planificateurs centraux de la monnaie centralisée sont incapables de connaître, de suivre ou de contrôler les changements tant dans la demande que dans l'offre de monnaie".

En second lieu les banques commerciales. Pourquoi? Parce que, pouvant utiliser un système de réserves fractionnaires, elles créent des "dépôts qui se matérialisent sous forme d'expansion de crédit, laquelle finit irrémédiablement par une crise et par une récession".

Quels sont les scénarios possibles?

- L'effondrement du système bancaire basé sur des réserves fractionnaires

- Le "remède inflationniste"

- Le crédit facile accompagné d'interventions étatiques, comme au Japon

- Le réajustement microéconomique par l'ordre spontané du marché, en dépit de toutes les interventions étatiques.

Pour que ce dernier scénario soit possible, encore faut-il que l'économie soit libéralisée à tous les niveaux, notamment à celui du marché du travail, que les dépenses publiques et les impôts soient réduits et que "le système financier et bancaire mondial soit entièrement refondé sur les principes généraux de propriété privée qui constituent la fondation essentielle du système capitaliste et qui requièrent une réserve à 100 pour cent pour tout contrat de dépôt".

Ce qui suppose l'élimination des banques centrales, "la privatisation totale de la base monétaire fiduciaire, actuellement émise de manière monopolistique par l'Etat, et son remplacement par un pur étalon-or classique".

Francis Richard


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