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Remue-ménage

Publié le 25 octobre 2012 par Toulouseweb
Remue-ménageUn inventaire monégasque tout en contrastes.
Les états généraux du transport aérien sont désormais dans la sphčre d’influence d’APG, vaste et puissant groupe international de services aux compagnies aériennes basé ŕ Paris, présent dans 175 pays, qui organisa jadis le Cannes Airlines Forum, autre lieu privilégié d’échange d’idées et de confrontations souvent trčs fermes entre Ťcourantsť du transport aérien : montée en puissance des low cost, exposés sur l’art et la maničre de maîtriser la sulfureuse Ť6e libertéť, choc des cultures, coűteuses contradictions entre ténors de la profession. Le forum a émigré, s’est évaporé mais, heureusement, APG est revenu par l’entrée des artistes, sous l’appellation APG World Connect.
Chaque année, il réunit ses troupes, et quelques invités (au total, prčs de 350 spécialistes), cette année-ci ŕ Monaco, l’occasion de poser un regard tout ŕ la fois curieux et critique sur un secteur économique dynamique, en croissance continue, mais incapable d’obtenir une rentabilité acceptable. Tout a déjŕ été dit sur ce vaste sujet, si ce n’est que les choses ne s’arrangent pas, au moment oů intervient un nouveau remue-ménage mondial de grande envergure. Une tentative de synthčse a été confiée ŕ Pierre Jeanniot, ancien patron d’Air Canada puis longuement directeur général de l’IATA.
D’entrée, il a exprimé sa grande perplexité : cette année, la marge bénéficiaire du transport aérien mondial atteindra péniblement 0,6% de son chiffre d’affaires. Etonnant, inexcusable, męme aprčs avoir dressé l’inventaire des difficultés de tous ordres qui se dressent sur le chemin des compagnies, dans un environnement économique fortement contrasté en męme temps que trčs agité, faisant apparaître de nouvelles raisons d’’inquiétude. Ainsi, la progression du trafic chinois ralentit, la tendance est négative en Asie-Pacifique, la demande est stagnante en Inde, elle piétine aux Etats-Unis. Il est vrai que les économies traversent des moments difficiles. ŤToutes les régions souffrent, les stratégies demandent ŕ ętre réévaluéesť, constate Pierre Jeanniot.
Réévaluation ? C’est un terme trčs chic, ŕ vrai dire, pour évoquer un nouveau choc des idées. Il est beaucoup question ces jours-ci de regroupements, de fusions et acquisitions, de mouvements au sein des trois grandes alliances mondiales, Oneworld, SkyTeam et Star. Dans le męme temps, quelques acteurs, et non des moindres, cherchent ŕ définir un nouveau modčle économique (un exemple : Air Berlin). Et… Ť les barbares low-cost frappent ŕ la porteť. En Europe, plus uniquement Ryanair et EasyJet, mais aussi un nouveau venu aux ambitions véritablement immenses, Norwegian et, intervenant qui gagne rapidement en importance, Vueling. Et des tentatives nouvelles comme celles d’Iberia Express et Transavia. Remarque d’une dirigeante de Pegasus Airlines : Ťnous n’avons pas inventé l’aviation en Turquie mais nous l’avons transforméeť. Autre région, autre exemple, au Japon, trois nouveaux entrants low cost ont fait leur apparition depuis le début de l’année.
Les trois Ťgrandsť cherchent ŕ montrer leurs capacités de réaction. Mais il leur faut se battre simultanément sur plusieurs fronts. On se souvient de la polémique violente entre Air France et Emirates qui avait surgi précisément lors d’un Cannes Airlines Forum. Les anciens contre les modernes ? Pierre Jeanniot, fin diplomate, s’est bien gardé d’utiliser cette expression. Mais il a noté, sur un ton qui se voulait d’une prudente neutralité, que Qantas et Emirates ont choisi de travailler la main dans la main. Et Air France et Etihad vont maintenant faire de męme.
Que dire, enfin, des avionneurs et des motoristes ? Lŕ aussi, les idées se bousculent, de confortables duopoles vacillent sur leurs bases. Et, pendant ce temps-lŕ, plus que jamais, des problčmes délicats se posent en matičre de gestion efficace de l’espace aérien, des aéroports. Imperturbables, les Etats s’accrochent encore et toujours ŕ la męme vision, loin des dures réalités économiques du transport aérien : Ťils considčrent l’aviation comme une vache ŕ laitť.
APG a évidemment raison de donner une tribune internationale ŕ un secteur profondément malmené. Mais, bien sűr, aucune solution raisonnable aux problčmes posés n’est en vue. A tout hasard, et ŕ son corps défendant, APG World Connect vient de nous le rappeler.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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