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Duflot rate sa loi sur le logement. Same player shoot again.

Publié le 26 octobre 2012 par Copeau @Contrepoints

Les problèmes des volailles sans tête, c'est qu'elles courent stupidement en cochonnant tout sur leur passage. Cela fait des années que la basse-cour gouvernementale française n'a plus trouvé de tête pensante et que les animaux y trottent sans but, en faisant des dégâts de plus en plus importants. Cette semaine, Cécile Duflot rate sa loi sur le logement et se prend un mur à pleine vitesse.

Rassurez-vous : l'animal n'a pas vraiment eu mal et compte récidiver. Comme d'habitude en France, tout s'est passé très vite et personne n'en tirera la moindre conclusion pourtant évidente sur le niveau moyen de nos "élites". Pour rappel, le trajet suivi est parfaitement standard :

parcours institutionnel en République du Bisounoursland

Comme vous pouvez le constater sur le petit graphique précédent, nous en sommes à l'étape "parcours institutionnel chaotique" et compte-tenu du retoquage médiatique de sa loi par le Conseil Constitutionnel, la petite Cécile retourne donc directement à la case précédente. Notez qu'elle passe quand même par la case "Touchez 20.000 euros". C'est vous qui régalez.

Et concernant sa loi, tout part donc d'une idée idiote : pour combler le manque cruel de logement en France, le gouvernement doit intervenir et prolonger le dispositif Scellier dont les bénéfices furent nombreux. Oui, je sais, dit comme ça, on ne voit pas pourquoi ce serait une idée idiote, mais en reprenant chacun de ses termes, on découvre que dans le joli cercueil nacré se cache un cadavre en décomposition déjà fort avancée.

Tout d'abord, il n'y a pas de manque cruel de logements en France. Il y a un manque cruel de logements en France à un prix abordable dans les zones où on trouve du travail, ce qui est très différent puisqu'alors, on comprend que le problème est à facettes multiples. Comme le marché de l'emploi national est complètement verrouillé par une montagne de lois (le code du travail est pour le moins joufflu), l'obtention d'un job suffisamment sûr devient de plus en plus difficile. Par voie de conséquence, obtenir un logement -- dont le paiement (loyer ou mensualité) dépend de la sécurisation de cet emploi -- devient d'autant plus difficile. S'y ajoute un marché de l'immobilier particulièrement verrouillé par une autre montage de lois (le code de l'immobilier, de la construction, et le code bancaire concernant les prêts ne sont pas maigres non plus). Si vous voyez un motif qui se répète dans tout ça, c'est normal.

À tout ceci s'ajoute ensuite l'interventionnisme de l'état, qui d'une part agit directement dans le secteur immobilier par le truchement des HLM et logements sociaux, et d'autre part entend diriger les propriétaires et leur impose donc une nouvelle montagne de lois spécifiques. Par dessus le marché, après avoir distordu le marché de l'emploi, déformé le marché de l'immobilier, altéré le marché du crédit, corrompu la notion de propriété privée, l'Etat y est allé d'une bonne dose de création monétaire couplée à l'inflation d'une bulle par le moyen de crédits artificiellement bas.

Et ceci n'est que le début de l'idée idiote, puisque celle de Duflot consiste non pas à tenter de calmer le jeu en redonnant aux différents acteurs en place un peu de latitude, mais à en remettre une couche : le dispositif Scellier, directement responsable d'une bulle immobilière phénoménale en France, arrive à sa fin. Il était urgent d'agir devant les menaces d'une explosion immobilière qui aurait ramenés les prix du m² à des tarifs raisonnables : reflatons comme des malades, pardi !

À la suite de ces constatations, n'ayant aucune compréhension des mécanismes économiques de base et, de toute façon, un temps limité pour courir dans la basse-cour avant épuisement, notre socialiste à vernis chlorophyllien propose donc rapidement d'en venir aux lois, quitte à instaurer, dans la plus parfaite décontraction d'une hypocrite incohérente, une bonne petite niche fiscale des familles (alors que son parti est, officiellement, en lutte contre ce genre de pratiques - comprenne qui pourra).

Bien évidemment, tout ceci est enrobé d'objectifs ahurissants : 500.000 nouveaux logements par an pour Ayrault, ce qui résorberait la totalité de la demande en 4 ans, ou seulement 40.000 pour Duflot (ce qui fait tout de même un bon tiers de plus que ce que le Scellier est capable de produire), peu importe, on va construire comme jamais et le tout, alors que dans le même temps, la même ministre annonce aussi durcir la taxe sur les logements vacants avec extension éventuelle aux bureaux. Miam ! C'est d'autant plus savoureux que les professionnels du secteurs en tombent de leur chaise : Dhinin, PDG de Nexity ou Nafilyan de Kaufman & Broad (pour ne citer qu'eux) admettent, compte tenu des pratiques immobilières en France, qu'il n'existe annuellement et au mieux que 8 à 10.000 logements neufs disponibles à la vente dans les programmes livrés (les "queues de programme"). Multiplier la production par quatre promet donc un boom immobilier sans précédent. Tiens, pour rire, un graphique :

dufloludo : trouve les similarités et écris une belle loi

On le comprend : l'idée de base étant parfaitement idiote et carrément dangereuse, il fallait faire vite. C'est donc probablement sous l'emprise de l'alcool, de cannabis ou d'un mélange médicamenteux audacieux que Duflot et son équipe auront pondu une belle proposition de loi ... qui se sera fait plier au Conseil Constitutionnel. Et pas seulement sur un petit souci de parcours, mais bien sur le fait que la procédure même a été copieusement piétinée dans une précipitation brouillonne illustrant parfaitement les méthodes désinvoltes du gouvernement actuel.

Du reste, on notera le contraste entre l'aplomb phénoménal de Duflot au moment de lancer sa boulette et sa position après la bonne giroflée à cinq branches du Conseil dans sa boîte à sucette. Seule une cuistre insouciante peut ainsi parvenir à croire à ses propres balivernes alors que tout sent l'amateurisme consommé.

ayrault : j'ai merdu
Je passe rapidement sur le cafouillage lamentable du Premier Minustre qui continue sur sa lancée depuis le mois de mai. Jusqu'à présent, même son rôle de fusible républicain tient de l'emploi fictif tant l'inutilité du personnage cumulée à la fumisterie rhétorique dans lequel il semble s'installer avec une aisance confondante transforment chacune de ses interventions en déroute mémorable et décontractée. Ce qui est plus amusant, c'est que le gouvernement avait en réalité prévu l'explosion en vol de Duflot et son appareillage juridique rigolo et déjà préparé un nouveau texte qui sera présenté le 14 novembre en Conseil des ministres et le 20 novembre à l'Assemblée nationale.

Vous voyez : l'obstination finit par payer. Bien que tout indique que l'immobilier va décrocher sévèrement, Duflot aura sa jolie petite loi-catastrophe.
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