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Tour de France : l’heure du divorce ?

Publié le 27 octobre 2012 par Delits

Depuis plus de dix ans la terre tremble sur la planète cyclisme.  Avec les nombreux scandales liés au dopage, le monde du vélo professionnel semblait vouer à dépérir, incapable de stopper l’hémorragie qui le ronge, du monde amateur aux équipes professionnelles. Au cours des dernières années les crises à répétition ont ainsi conduit à une dégradation progressive de la relation entre les Français et la compétition reine du cyclisme mondial, le Tour de France. Plus grand événement sportif itinérant au monde, dernier spectacle sportif gratuit, la grande boucle joue dans la même cour que la Coupe du Monde de football et les Jeux Olympiques en matière de notoriété. Selon les organisateurs, en 2012 ils étaient plus de 15 millions à se presser sur les routes du Tour et plusieurs centaines de millions à suivre les trois semaines de course.

Le spectre du dopage qui plane depuis de nombreuses années sur le Tour de France a souvent fragilisé les coureurs, les sportifs mais plus rarement les passionnés, qu’ils soient devant leur télévision ou sur le bord de la route. La Grand Boucle c’est un siècle d’histoire de France, de paysages, de découvertes du terroir et de cultures populaires qui, de l’ancien président aux clubs amateurs passionnent les foules. Pourtant, les deux dernières décennies ont conduit à une remise en cause profonde de cette course, impactant directement l’image du cyclisme. En 2012, le Tour de France n’intéresse « plus » qu’un Français sur 3. C’était près du double il y a un demi-siècle quand Jacques Anquetil emportait le Tour devant son éternel rival, le « puncheur » Raymond Poulidor.

Depuis l’affaire Festina déclarée le 15 juillet 1998 à Cholet lors de l’arrestation de plusieurs coureurs et soigneurs de l’équipe, le Tour de France a (sur)vécu au fléau du dopage grâce à une communication toujours plus offensive visant à expliquer que chaque tricheur pris par la brigade était la preuve de l’efficacité du système anti-dopage. En 2003 c’est l’affaire Manzano (Kelme) qui révèle la pratique de la transfusion sanguine. Puis c’est au tour de l’affaire Puerto du nom du soigneur espagnol, avant que 2007 ne sonne un premier virage avec la signature par les participants d’une charte de bonne conduite. Mais malgré ces bonnes intentions, le dopage progresse. Il contraint Vinokourov et l’équipe Astana à l’abandon en 2007, met hors jeu le maillot jaune Rasmussen en 2008 avant de déclasser Alberto Contador pour sa victoire en 2010. Depuis la fin du règne d’Indurain en 1995, le Tour de France a donc sacré une majorité de tricheurs : Riis, Ulrich, Pantani, Armstrong, Landis, etc. Tant de champions déchus que l’on aimerait oublier.

Alors qu’ASO, l’organisateur du Tour de France vient de présenter le parcours mythique qui sera le théâtre de la 100e édition, la récente révélation sur le « système Armstrong » pourrait bien être un coup fatal porté à l’institution centenaire et à la passion qu’il suscite en France et à l’étranger. Déjà, en pleine compétition l’été dernier, l’Ifop avait réalisé une enquête qui confirmait la fin des illusions pour une grande majorité des Français : 68% des personnes interrogées pensaient que le dopage était présent dans le Tour de France. Plus grave, l’affaire Armstrong a démontré que malgré les moyens mis en place, notamment par l’Agence Française Anti-Dopage et l’ancien président Pierre Bordry, certains pouvaient encore tricher. L’affaire Armstrong a sans doute fait perdre confiance dans la capacité des autorités à stopper ce fléau. Ainsi, 81% des Français pensent que le Tour du centenaire en 2013 ne se déroulera pas sans affaire dopage (64% pour les amateurs de cyclisme).

A huit mois du Grand départ qui sera donné pour la première fois depuis la Corse, les amoureux de vélos et de sport ont envie de croire que la chute du système mafieux instauré par Armstrong peut laisser place à un nouvel âge du Tour de France. Reste à voir quelles leçons le monde du cyclisme et les instances internationales retiendront de cet épisode peu glorieux mais qui pourrait permettre de refermer le chapitre des « années dopages ».


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