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Harkis, lettre ouverte à l'attention de M. Néri.

Publié le 28 octobre 2012 par Harki45

 

LETTRE OUVERTE à M. Alain NERI

Monsieur Alain Néri sénateur

Objet : proposition de loi n° 188 (2001-2002), adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

Monsieur le Sénateur,

A la suite de la proposition de loi que avez examiné à l'ordre du jour de la séance publique du jeudi 25 octobre au matin, à la demande du groupe socialiste et dans le cadre de son espace réservé, les associations de harkis par la biais d'un communiqué de presse vous ont écrit et s'opposent fermement au 19 mars 1962 qui représente avant tout le début d'un long calvaire et d'une tragédie qui avait abouti à l'éradication de 80 à 150.000 personnes. Loin d'apaiser les passions, ce texte ne fait que les raviver.

Ce courrier est resté à ce jour sans suite. N’auriez-vous aucune explication à donner ?

Ressentiriez-vous quelque mépris pour les associations d’anciens harkis, qui comptent des milliers adhérents ?

Auriez-vous une lecture toute personnelle pour avoir exhumé un texte voté en 2002, demeuré dans les cartons depuis pour le proposer au vote du Sénat, sans concertation préalable, au risque grave d’une division de la communauté nationale ?

Aussi convient-il de rechercher ailleurs les raisons de cette surprenante proposition. Vous expliquez : « il est temps d'apporter une réponse à ceux qui, entre 1954 et 1962, ont répondu à l'appel de la Nation avec abnégation et courage, dans le respect des lois de la République, et quel que soit l'avis qu'ils portaient individuellement sur le conflit en Algérie ».

Vous pourriez dire : « il est temps d'apporter une réponse à ceux qui, entre 1914 et 1962, ont répondu à l'appel de la Nation avec abnégation et courage, dans le respect des lois de la République, et quel que soit l'avis qu'ils portaient individuellement sur les conflits qui après 1962, furent rackettés, arrêtés, torturés, forcés de céder leurs biens, le plus souvent tués... ».

M. Néri, voilà un sujet dont vous devez rappeler les faits établis qui doivent venir en appui de votre proposition de loi : « dès la fin du mois de mars 1962, les représentants de l’État français ont commencé à se retirer des villes et villages d’Algérie. Face à ce vide administratif et en l’absence de forces de l’ordre, le pouvoir fut pris par des groupes, souvent violents, se réclamant la plupart du temps du FLN. Les harkis et leurs familles qui avaient participé d’une façon ou d’une autre à l’administration du pays étaient enlevés étaient souvent enfermés dans des camps tenus par des responsables du FLN, et les survivants sont peu nombreux, la plupart ayant été assassinés... ».

M. Néri, et vous le savez, les autorités françaises étaient au courant et elles n’ont rien fait !

M. Néri, et vous le savez, les policiers et soldats français observaient les tueries, qui avaient lieu parfois à quelques mètres d'eux, sans qu’aucun d’entre eux ne soit intervenu.

M. Néri, et vous le savez, il y a eu, dans l’année suivant le cessez-le-feu, plus d’enlèvements et d’assassinats de musulmans français, que durant toutes les années de guerre précédentes. Les associations de harkis estiment entre 80 000 et 150 000 les victimes de ces massacres commis sur des populations désarmées, toutes assassinées dans des circonstances atroces.

M. Néri, effectivement, cette troisième génération du feu présente une particularité à ne pas oublier. Ce sont les enfants de la guerre de 1939-1945 mais aussi de 1914-1918. Les autorités françaises, tant en Algérie qu’en France, étaient au courant de ces exactions et persécutions et rien n’a jamais été fait pour protéger les harkis. Rien n’a jamais été fait pour rétablir la loi et l’ordre. Au contraire, des ordres stricts ont été donnés aux forces de l’ordre et à l’armée française pour ne pas intervenir.

M. Néri, eux ont aussi connu les souffrances matérielles, mais aussi morales et affectives, mais aussi l’abandon, le massacre et les conditions d’accueil des rescapés en France.

Voici, à ce propos, quelques questions auxquelles les associations de harkis aurait aimé vous entendre apporter des réponses précises.

Avez-vous pris de vous-même la décision de cette inauguration ? Serait-elle au contraire intervenue sous la pression de la FNACA ?

Encore une question, Monsieur le Sénateur. Confirmez-vous que votre « Devoir de Mémoire » s’arrête bien au matin du sinistre 19 mars ?

Ou bien, regarder l’histoire et l’avenir ensemble avant et après le 19 mars ?

Veuillez agréer, Monsieur le Sénateur, l’expression de ma considération.


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