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44 - La voie des menaces

Publié le 31 mars 2008 par Theophile

Surlesroutes Ma mère est au volant d'une petite Renault 14 d'occasion, trouvée à bon marché. Son nouveau travail ne l'enthousiasme guère. Représentante pour une maison d'éditions spécialisée dans les ouvrages encyclopédiques, elle parcours les rues des petites et moyennes villes de la région pour vendre les collections aux particuliers. En attendant de trouver autre chose, elle a accepté cet emploi afin de financer le divorce.

Alors qu'elle est en route pour se rendre dans la prochaine ville, elle aperçoit dans le rétroviseur une voiture blanche qui la suit maintenant depuis un moment.
Une voiture blanche qu'elle ne connait pas. Elle essaye de distinguer qui se trouve au volant, de distinguer le numéro de la plaque, mais la voiture est encore trop loin.

Elle décide alors de dévier sa route et de tourner sur la gauche pour se diriger vers une petite route sur laquelle de grands arbres sont plantés tous le long. Au moment où elle s'engage, elle comprend que cette longue route mène jusqu'à une grande propriété privée.

Il est trop tard.
La voiture blanche fait de même.
Son angoisse redouble quand elle voit la voiture s'approcher de plus en plus car elle comprend aussitôt que c'est lui.
Au moment où elle appuie sur la pédale afin d'accélérer et de tenter de lui échapper, la voiture blanche fait de même et klaxonne très fort. Au milieu de ce chemin déserté dans lequel seuls les arbres sont témoins de la scène, Myriam ne sait plus quoi faire, à part prier de rester en vie.

Sachant que le bout de cette longue route se transforme en cul-de-sac, elle décide alors de s'arrêter et de fermer les portières à clef.
Seule. Sur ce chemin désert, à quelques mètres de ce grand portail froid et apparemment inhabité, Myriam pense à ses enfants.

La voiture blanche freine brusquement. A peine arrêtée, la grande masse de "l'autre" s'extrait du véhicule et se dirige précipitamment vers Myriam. Il frappe au carreau.

    - Sors !
    - Non ! Qu'est-ce que tu fais là !
    - Sors tout de suite Myriam ! Il faut que je te parle !
    - Laisse-moi !
    - Je ne vais pas te frapper, arrête de faire ta petite victime là ! Ne me prend pas pour ce que je ne suis pas !
    - T'es un malade !

Il donne un coup de pied dans la portière.

    - Sors !

Myriam tente de redémarrer, mais elle est coincée entre la portail de la grande maison aux volets fermés, et la voiture blanche garée juste derrière. Les bras croisés, sûr de lui et de son parfait génie, un grand sourire sur les lèvres, celui qui précède toujours le grand éclat de rire, il la regarde faire, avec son arrogance haïssable :

    - Eh, ma poule ! Qu'est-ce que tu essayes de faire ?!

Coincée, au volant de sa voiture, Myriam essaye de garder son sang froid. Aucun moyen pour elle de s'échapper où d'appeler du secours. Elle décide alors de klaxonner pour essayer de faire venir de l'aide. Toujours dans sa posture de vainqueur, il la regarde, son sourire sur les lèvres, la haine dans les yeux. Puis il s'accoude sur le toit de la voiture et lui parle sans la regarder.

    - C'est ça. klaxonne.
    - Laisse-moi partir !

    - Non.

Myriam est à bout. Prise au piège, elle décide de descendre de la voiture et d'affronter son ennemi.

    - Pousse-toi je sors !

Il se dégage pour la laisser sortir.

    - Et ben voilà quand tu veux... Tu peux être gentille...

Ma mère sors de la voiture, dressée sur ses talons, la main posée sur la portière, elle le défie du regard.

    - Qu'est-ce que tu veux ?
    - Je te laisse une dernière chance.
    - Comment ça ?
    - Si tu arrêtes la procédure de divorce je te laisse tranquille. Si tu continues, je te ferai vivre un enfer Myriam... Tu m'entends ?!
    - Jamais.
    - Je me battrais pour avoir la garde des enfants.
    - Ils ne veulent pas vivre avec toi ! De toutes façons, tu ne l'obtiendras jamais...
    - C'est ce qu'on verra.

Un long silence pendant lequel il la regarde attentivement. Il ne sourit plus du tout. Il enlève les mains de ses poches. Il la regarde fixement. Il s'approche d'elle.

    - Ne m'approche pas.
    - Je t'aime Myriam. Tu es belle.

    - Recule tout de suite.
    - Je ne vais pas te faire de mal.

Il fait un pas. Myriam tremble de tout son corps. Tétanisée, elle ne peut que mettre la main devant elle pour le faire reculer. Les larmes au bord des yeux, la bouche ouverte, les cordes vocales serrées, elle essaye de crier, mais aucun son ne peut sortir. Au moment où il se trouve tout près d'elle,  un chien surgit de nulle part et vient uriner sur l'arbre qui se trouve près d'eux. Puis, un vieil homme apparaît, une laisse à la main.

    - Bonjour  messieurs-dame !

Il siffle.

    - Prince ! Viens-là !

"L'autre" a soudainement un pas de recul. Il remet les mains dans ses poches et regarde Myriam, une sueur sur le front. Fixement dans les yeux, dans une voix basse :

    - Tu vas en chier Myriam. Crois-moi !

Il se dirige vers la voiture, démarre aussitôt et entreprend en marche-arrière, le long chemin pour regagner la route départementale.
Myriam reste seule, le dos courbé contre la voiture. Sur ce chemin désert, elle garde sa voix menaçante dans les oreilles.

Bannirefestivalromans2


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