Elle fut « Cet obscur objet du désir » de Bunuel avant d’interpréter la James Bond girl guerrière, arbalète à l’épaule, de « Rien que pour vos yeux » avec Roger Moore. Puis de jouer « Phèdre » et « Bérénice », de lire Antonin Artaud (« Lettres de Genika ») dans différents théâtres parisiens et d’être plusieurs années durant l’éblouissante
égérie de Chanel. Les grands écarts, Carole aime cela !
Naître à Neuilly-sur-Seine (18 août 1957) dans un milieu bourgeois ne l’a pas empêchée de n’en faire qu’à sa tête. Carole en a fait voir de toutes les couleurs aux religieuses chargées de l’éducation du garçon manqué qu’elle était. Elevée par son père, elle n’avait, en effet, aucune référence féminine, sa mère ayant préféré vivre sa vie ailleurs. Quelques années plus tard, elle est virée du Conservatoire national d’art dramatique de Paris, passe une audition pour Bunuel et devient, en 1977, la beauté glaciale et énigmatique de « Cet obscur objet du désir », image qui lui collera longtemps à la peau. Elle avouera plus tard avoir dû faire de gros efforts pour entrer dans le personnage : « la féminité était un véritable déguisement pour moi, heureusement des amies m’ont habilement conseillée ! ».
Carole a 24 ans quand John Glen la dirige dans « Rien que pour vos yeux ». A la journaliste qui lui demande si cet engagement dans une superproduction de 25 millions de dollars lui semblait possible, auparavant, elle répond « oui » avec un lumineux sourire. « Je savais en m’engageant dans ce métier que je réussirais. » Réponse gonflée à laquelle sa filmographie, trente ans plus tard donne raison : une cinquantaine de films dont « Trop belle pour toi » de Bertrand Tavernier pour lequel elle décroche le César de la meilleure actrice en 1990. Trop belle…Enfermée dans une image, une fois de plus. L’actrice se définit pourtant comme chaleureuse, gourmande, impétueuse, excessive, bonne vivante. Elle finira petit à petit à enfoncer le clou via d’autres rôles très diversifiés, via des causes qui lui tiennent à cœur, dont « La Voix de l’Enfant », une association fédérative dont elle est le porte-parole depuis une vingtaine d’années.
RIEN QUE POUR VOS YEUX par lesamaritain73
Sa vie sentimentale, ce sont trois mariages, deux fils, Dimitri (qui vient de la rendre grand-mère…) et Louis, le bout de chemin très médiatisé qu’elle a accompli avec Gérard Depardieu, puis discrétion absolue… Parmi ses derniers films dont on a beaucoup parlé, le très drôle « Libre Echange » où elle joue une call girl de luxe au langage très cru initiant la délicieuse Juliette Depardieu à cette activité… « Impardonnable » d’André Téchiné dans lequel elle tient le rôle de Judith, une anticonformiste qui a l’amour de la vie chevillé au corps. Tout comme elle. Son appétit de vivre reste intact très probablement grâce à Pantelleria, l’île sicilienne où l’actrice a planté ses racines voilà plus de dix ans. « Sangue d’Oro », le vin qu’elle y produit a été salué par les oenologues et est vendu dans le monde entier.
LIBRE ÉCHANGE : BANDE-ANNONCE par baryla
Quant on parle à Carole de sa beauté, elle met vite les choses au point. « Quand je revois des photos d’avant, j’ai l’impression qu’il s’agit de quelqu’un d’autre… c’est passé, voilà tout ! Il faut accepter que les choses aient un temps… Aujourd’hui, je me préserve des excès, je fais du sport. Passé la cinquantaine, votre corps vous fait comprendre qu’il vaut mieux se montrer raisonnable… Mais je garde le goût de la fête et j’aime toujours autant les gens qui ont un rapport joyeux à la vie. »
Pour retrouver Carole Bouquet au cinéma, il faudra attendre la sortie de « Mauvaise fille », réalisé par Patrick Mille d’après le roman de Justine Lévy avec Izia Higelin et Bob Geldorf…