Acheter son stage, c’est maintenant possible. Charitybuzz, un site de ventes aux enchères, délivrera, ce 2 novembre, un mois de stage pour l’été 2013 au cœur du siège new-yorkais d’une maison de couture à l’étudiant le plus offrant.
Valentino, Missoni, Oscar de la Renta sont donc en compétition avec Balenciaga qui, jusqu’à présent, demeure le favori avec une enchère s’élevant à 5 250 dollars US (Oui, Messieurs Dames, pas d’erreur de frappe). Oscar de la Renta a pour le moment un acquéreur à 2 750 USD, et Valentino à 850 USD. Missoni, lanterne rouge, attend toujours le généreux apprenti.
Les fonds récoltés seront reversés à l’association Rosie’s Theater Kids, qui facilite l’accès à l’art et la culture aux enfants et adolescents défavorisés. Guérir le mal par le mal… C’est très logique.
Un stage aussi onéreux d’une durée d’un mois, vous en conviendrez, c’est d’autant plus ridicule qu’aucun énoncé de mission spécifique n’est défini, aucun détail relatif au stage n’est donné, outre le fait qu’il se déroulera au showroom de la marque. Ça sent bon la photocopieuse et la machine à café tout ça…
Tandis que la presse spécialisée semble apprécier et encourager l’initiative, on ne peut s’empêcher de remettre en question l’éthique professionnelle de ces maisons.
Ces entreprises – qui restent de véritables cartes de visite pour les stagiaires – mesurent-elles vraiment le message qu’elles renvoient aux étudiants, et plus largement à leur public? Qu’un monde qui fait tant rêver ne soit finalement accessible que par l’argent, et non au mérite. Peut-on vraiment encourager et combattre simultanément un seul et même fléau ?
N’aurait-il pas été plus cohérent de mettre aux enchères une collection hors-série, un it-bag collector, à l’image de Rolex, BCBG Max Azria ou encore Louis Vuitton ? A mon grand désespoir, on ne peut que noter l’hypocrisie qui se cache derrière le « Je donne de la main gauche et je reprends de la main droite ». Vous l’aurez compris, la logique de cette action caritative – ou de communication, le doute reste entier – m’échappe.
M’échappent aussi les raisons de ce projet quand on sait que Nicolas Ghesquière, pour ne citer que lui, Directeur artistique de Balenciaga et tête d’affiche du milieu, est un autodidacte, parti de rien, entré par la petite porte des maisons françaises de haute couture à 15 ans, comme Assistant, pour se faire de l’argent de poche.
Le luxe n’est pas tant le faste, le rare et le précieux, mais surtout une attitude, un savoir-être. De l’authenticité et des valeurs fortes. C’est la force des maisons les plus prestigieuses à l’instar de Chanel, fondée par Coco, reine de l’Allure, née pauvre et orpheline. Le luxe, par son essence et ses protagonistes, ne doit pas l’oublier, mais plus que tout, il n’a pas le droit à l’erreur.
Charitybuzz, Fashionmag, tendances Luxe