A Palermo, l’AC Milan a montré deux visages : affreux, méconnaissable durant les 50 minutes en 3-5-2. Brillant, déterminé et déchainé lors du retour en 4-2-3-1 avec les entrées d’Emanuelson, Bojan et Pazzini. Ainsi, les Rossoneri sont passés proches de la catastrophe. Menés 2-0, ils ont réussi à remonter jusqu’à 2-2 et auraient même pu s’imposer. Malheureusement il faut se contenter d’un match nul. Après la victoire contre Genoa, Milan n’a pas été en mesure d’obtenir une seconde victoire consécutive contre un Palermo modeste. Berlusconi est furieux…
Après le match nul entre Palerme et Milan, Berlusconi a appelé Allegri pour lui remonter les bretelles. Il lui reproche trop de changements tactiques. A vrai dire, dans le fond il n’a pas tort. Et c’est ce qui arrive lorsqu’on joue avec une tactique inadaptée à l’effectif (3-4-3 et 3-5-2): il faut changer de tactique s’il manque un ou deux joueurs (dans ce cas-ci Emanuelson et Boateng). Galliani aussi a eu son mot à dire à Allegri (« Je ne veux pas voir 5 médians« ). Les yeux du président comme les yeux des tifosi voient uniquement ce qui se passe sur le terrain et s’en foutent pas mal de la manière dont l’entraineur a préparé le match et ce qu’il espérait avoir sur le terrain, de la gestion des ressources… : si l’équipe joue mal, l’entraineur est visé. Même s’il a ses raisons. C’est le football.
Concrètement, Allegri doit gérer ses ressources et fait avec les moyens du bord. Il n’est pas devenu un fou furieux du turn over et du changement tactique mais il doit parfois reposer des hommes qui jouent beaucoup et adapter la tactique à ceux qu’il a à disposition. Étant donné la qualité très moyenne des défenseurs centraux, il s’est senti obligé d’ajouter un troisième défenseur central pour donner plus de solidité, avec deux médians et un trio offensif : ainsi est né le 3-4-3. Cependant ce système demande pas mal de sacrifice et de travail défensif aux attaquants externes. A droite, mis à part Boateng (blessé) et Emanuelson (tenu au repos), personne ne peut garantir l’équilibre. Allegri avait alors le choix de repartir avec une défense à 4 (ce qui aurait semblé incohérent) ou trouver une solution avec la défense à 3. Dans tous les cas il devait changer de tactique car il n’était pas en mesure de présenter un 3-4-3 (sauf s’il renonçait à reposer Emanuelson, évidemment).
Il a pensé aligner un 3-5-2 pour avoir la supériorité numérique au milieu et pensait surtout avoir une équipe plus solide avec des travailleurs comme Flamini et Nocerino (qui travaillent autour d’un Montolivo moins pressé par les adversaires) en plus des trois défenseurs centraux et des latéraux assez défensifs. Son but était d’au moins rester sur le 0-0 avant d’effectuer les changements prévus et apporter plus de qualité à l’équipe face à l’adversaire fatigué. Son plan n’a pas fonctionné. L’équipe a encaissé deux buts en 47 minutes mais a surtout très mal joué. Allegri a lui même avoué avoir mal préparé le match et s’être trompé dans la formation initiale car au delà des deux buts évitables sur erreurs individuelles (ce qui est imprévisible), l’équipe a vraiment trop mal joué jusqu’aux changements.
Ensuite Milan s’est transformé. En effet, s’il faut souligner les erreurs de tactiques et de formations commises par Allegri, il faut au moins lui reconnaitre un coaching efficace car ses changements tactiques (4-2-3-1) et de formation (Pato, Yepes et Flamini remplacés par Bojan, Pazzini et Emanuelson) ont payé. Les Rossoneri ont été bons à y croire jusqu’au bout et pour la première fois de la saison, ils ont réussi à remonter au score. Ils ont surtout joué avec intensité, détermination et rapidité : Palermo n’a pu que subir mais a au moins sauvé un petit point. Pour Milan également, un point, c’est peu mais il y a match nul et match nul. La manière dont il a été obtenu à Palermo permet à Milan de garder le moral et le peu de confiance qui règne dans l’équipe. Et si cette rencontre à Palerme était le tournant de la saison? Certainement pas au niveau du résultat mais il faut espérer qu’Allegri en aura tiré des enseignements tactiques : le Milan de la seconde mi-temps a nettement mieux joué.
Après avoir tout tenté au niveau tactique, l’AC Milan continue à rester fragile défensivement et à encaisser trop de buts. Allegri doit en prendre acte et agir en conséquence : on encaisse trop de buts? Il faut en marquer un de plus. Peut être que ce Milan qui défend très mal est destiné à jouer d’une manière très offensive : cela permet de moins subir les attaques adverses, camoufler ainsi les lacunes défensives et surtout à marquer suffisamment pour s’imposer même si l’adversaire marque un ou deux buts. Néanmoins Allegri ne semble pas avoir cette mentalité (celle d’un Leonardo pour donner un exemple). Il est plutôt conservateur et prudent. S’adaptera-t-il? Bref, on verra lors des prochains matches comment ce Milan évoluera. Allegri doit surtout arrêter de changer continuellement de tactique. Il est vrai qu’une équipe doit être capable de jongler avec plusieurs tactiques mais il y a des limites. Il faut maintenant en choisir une, deux, voire trois tactiques (une variante), les travailler et les peaufiner. Mais changer à chaque match est contreproductif. Il faut repartir de ce Milan fou et offensif vu en seconde mi-temps. La défense est fragile? Le milieu est pauvre en qualité? La solution pourrait être de mettre en avant les forces de cette équipe pour en camoufler les faiblesses. Le secteur offensif est celui qui dispose de plus de qualité, il serait dès lors peut être intéressant d’aligner un Milan offensif. Pour le plaisir du président et des tifosi. Si ce Milan est incapable d’offrir des satisfactions en terme de résultats, qu’il offre au moins du spectacle pour compenser, non?
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