Très sincèrement, les fêtes religieuses, quelle que soit la religion, me touchent guère. Et donc, à tout prendre en ces temps d’automne, je trouve plus ludique la commerciale Halloween que la vieille Toussaint pluvieuse qui la suit de quelques heures. Certes, le grand dadais déguisé en Dark Vador, que j’ai croisé hier soir, m’a semblé plus ringard que drôle avec son faux sabre laser et son panier à friandises. D’ailleurs, la fête d’Halloween, qui s’est imposée tardivement en Europe continentale, me semble déjà vieillie, dépassée. C’est à ce titre qu’elle finit elle aussi par me laisser indifférente, après m’avoir tout de même donné le goût de la soupe au potiron, ce qui n’est pas rien.
Bref, tout ça pour dire qu’Halloween n’est qu’un effet de mode. Or cette mode bien païenne de couleur orange, gêne vaguement les autorités religieuses allemandes. En effet, la date du 31 octobre y coïncide avec la fête de la Réformation, moins sexy et moins colorée. Les luthériens commémorent alors le début de la réforme protestante, qui fêtera ses 500 ans le 31 octobre 2017. Et là, pas question que les citrouilles, les bonbons et les gosses attifés en zombies mettent le bazar dans les rues à l’heure du recueillement : on remballe le tout et on le colle devant la télé à re-re-re-revoir La Famille Addams, et basta ! Evidemment, l’argumentaire des dignitaires religieux s’appuie sur des bases plus spirituelles : Luther ne fut-il pas un des premiers à dire aux hommes qu’ils ne devaient pas craindre les esprits ? Sûr que ça la fout mal si des pseudo-fantômes crient « hou-hou » avec un drap sur la tête. Sauf que pour les marmots, le gars Luther manque un peu d’humour, pour tout dire il fait un peu vieux jeu. Certes, il y a déjà des bobines dudit Luther incrustées dans des bonbons de couleur orange, mais cela suffira-t-il à ramener la marmaille du côté des voies du seigneur, surtout si elles s’éloignent de celles des supermarchés ?
Très sincèrement, le débat me laisse indifférente. Ce qui me surprend davantage, c’est qu’il est aujourd’hui à la une de la Gazette de Berlin, qui m’avait jusque là peu habituée à cette thématique. On y apprend ainsi qu’un contre-Halloween existe depuis six ans : c’est la « nuit de l’Eglise », qui attendait hier 100 000 jeunes. J’ignore si le chiffre a été atteint …
Cela dit, et c’est le même article qui file l’info, la commerciale mais innocente Halloween gêne aussi en France : le maire du Puy-en-Velay vient d’y mettre le holà, prétextant que cela pouvait gêner le recueillement propre à la Toussaint. Soit.
Et enfin, pour casser définitivement une éventuelle magie hallowinesque, rappelons que la citrouille ne fut que tardivement convoquée dans le rôle de Jack-O’Lantern. A l’origine, on creusait des navets.