Ciel bleu-gris. Or des feuillages tourmentés.
Voilà le vent qui s'élève...ce vent qui vient de la tombe, dit le poète.
Premier novembre. Toussaint.
2 novembre, fête des morts, énonce la progression liturgique.
Immanquablement, l'élégie de Lamartine, mise en musique par Brassens, accompagne l'heure qui s'enfuit:
Voila les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon
Voila le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon
Voila l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais
Voila l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forets
C'est la saison ou tout tombe
Aux coups redoubles des vents
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants
Ils tombent alors par mille
Comme la plume inutile
Que l'aigle abandonne aux airs
Lorsque des plumes nouvelles
Viennent rechauffer ses ailes
A l'approche des hivers
C'est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir
Tendres fruits qu'a la lumière
Dieu n'a pas laisse mourir
Quoique jeune sur la terre
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison
Et quand je dis en moi-même
"Ou sont ceux que ton coeur aime?"
Je regarde le gazon
C'est un ami de l'enfance
Qu'aux jours sombres du malheur
Nous prêta la providence
Pour appuyer notre coeur
Il n'est plus: notre âme est veuve
Il nous suit dans notre épreuve
Et nous dit avec pitié
"Àme si ton âme et pleine
De ta joie ou de ta peine
Qui portera la moitié?"
C'est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau
N'emporta qu'une pensée
De sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas! dans le ciel même
Pour revoir celui qu'elle aime
Elle revient sur ses pas
Et lui dit: "ma tombe est verte!
Sur cette terre déserte
Qu'attends-tu? je n'y suis pas!"
C'est l'ombre pâle d'un père
Qui mourut en nous nommant
C'est une soeur, c'est un frère
Qui nous devance un moment
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous
Murmurent sous la pierre
"Vous qui voyez la lumière
De nous vous souvenez vous?"
Voila les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon
Voila le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon
Voila l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais
Voila l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forets
L’élégie (en grec ancien ἐλεγεία / elegeía, signifiant « chant de mort ») est une forme de poème
De nos jours, l’élégie est considérée comme une catégorie au sein de la poésie lyrique, en tant que poème de longueur et de forme variables caractérisé par son ton plaintif particulièrement adapté à l’évocation d’un mort ou à l’expression d’une souffrance due à un abandon ou à une absence. (d'après Wikipedia)
Photo d'automne/ Guy Serrière.
Portrait de Brassens emprunté ici.
Tableau Élégie, par William Bouguereau (1899)