Magazine France

Coût du travail

Publié le 02 novembre 2012 par Malesherbes

Encouragés par le succès remporté par les pigeons, voilà maintenant les dindons, je désigne ainsi des patrons de catégories supérieures, qui se tournent vers la presse pour manifester leur opposition aux projets du gouvernement. Fort heureusement, nous n’avons pas à craindre de les voir battre le pavé pour faire entendre leur voix. L’expérience des années passées a démontré que la présence du peuple dans les rues n’est guère efficace et, de surcroît, on n’imagine guère les dindons abandonner le confort de leurs voitures avec chauffeur pour venir fouler le bitume. Le bilan des dix années passées, qui ont permis à la dette de la France, au déficit commercial et au chômage, d’atteindre des pics encore inconnus, ne les qualifie guère pour s’opposer à tout changement d’une politique dont l’échec est patent.

Suite à une loi introduite en 1975 par le gouvernement Chirac, une entreprise envisageant un licenciement économique devait demander à l’Inspection du travail une autorisation administrative de licenciement. Les patrons d’alors clamaient que cette lourdeur administrative constituait un frein à la réduction du chômage, les entreprises hésitant à embaucher de peur de ne pouvoir ensuite licencier en cas de besoin. Je ne suis pas certain que ce soit cette crainte qui freine les embauches. Il me semble que celles-ci sont plutôt liées au niveau de charge de l’entreprise. Enfin, soit. Nommé le 25 mars 1986, le gouvernement Chirac soumit dès le 29 mai à l’Assemblée un projet de loi qui, adopté en 1987, abolit cette autorisation administrative. Résultat : les licenciements économiques ont poursuivi de plus belle et on n’a pas vu augmenter le niveau des embauches.

On nous serine désormais qu’il importe de baisser le coût du travail. Je frémis à l’idée que le sort de notre pays est en les mains de telles têtes pensantes. La part du travail dans le coût d’un produit est étroitement liée au type d’activité. L’automatisation puis l’informatisation ont sans cesse réduit les effectifs. On voit désormais des ateliers où l’on peine à distinguer la présence d’humains. Depuis des dizaines d’années, la RATP a fait disparaître receveurs et poinçonneurs, bientôt les « hôtesses de caisse » déserteront les super-marchés. Dès les années soixante, Alfred Sauvy soulignait qu’un conducteur d’engin remplaçait des dizaines d’ouvriers munis de brouettes. On compte de moins en moins d’activités dites de main d’œuvre et pour celles-ci, il est vain de penser que la réduction des charges sociales permettra de nous rendre compétitifs  par rapport à des pays où les salaires sont cinq fois, voire dix fois inférieurs aux nôtres. La solution réside dans l’innovation, la recherche, la valeur ajoutée. C’est en effet plus difficile que de rogner quelques euros de ci, de là, méthode qui ne nous procurera qu’un court répit, appelé à s’évanouir bien avant que les salaires dans les pays émergents n’aient rattrapé les nôtres.   


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte