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77 - physique : le retour de la philosophie ?

Publié le 02 novembre 2012 par Jeanjacques

La philosophie ou plus exactement le questionnement rationnel est né en Grèce chez les penseurs présocratiques. Questionnement rationnel en ce que la nature était interrogée en tant que telle dans ses manifestations phénoménologiques et non plus interprétée à partir de mythes et conceptions religieuses. Selon wikipedia :

 

« Les Présocratiques se consacrent pour la plupart à l'étude de la nature (physis en grec ancien), ce qui fait qu'Aristote les désigne par le nom d'anciens « physiologues », et qu'on les appelle parfois les anciens « physiciens », plutôt que « philosophes ». Ils étaient d'ailleurs en général des savants polyvalents, à la fois géomètres (on connaît encore en cette matière les théorèmes de Thalès et Pythagore), astronomes, et intéressés par les phénomènes biologiques. Leur principal apport est de chercher à expliquer l'origine et la formation du monde, non plus par des mythes ou des fictions, mais par des concepts rigoureux, c'est-à-dire par la raison au détriment de l'imagination, inaugurant ainsi les prémisses de la science naturelle. »

Ainsi c’est la science, la physique qui fut à l’origine de la philosophie, lesquelles disciplines n’eurent d’histoire commune que leur lente et inexorable séparation. La physique élabora ses modes de preuve et de vérité et relégua la philosophie à ses marges, ne tolérant que l’épistémologie comme pratique complémentaire et critique de la science. Le repoussoir à la scientificité fur désigné : la métaphysique en tant qu’espace du non rationnel, des questionnements sans fin et verbeux. En s’érigeant en citadelle fortifiée, protégée par la technicité de ses expériences et la mathématisation de ses modes de preuve, la physique s’est assez radicalement coupée de ses fondements, lesquels ne peuvent être que philosophiques.

En effet, tous les concepts de base supposent une élaboration théorique et rationnelle nécessaire pour mettre en cohérence les lois et principes de cette science. Ainsi, une théorie du mouvement comme la relativité repose sur un postulat philosophique qui est l’impossibilité d’un état d’inertie absolue, ce qui se discute. De même, le big bang suppose une philosophie d’un temps historique à laquelle on peut opposer un temps éternel et un univers incréé. Les concepts de masse, d’énergie, de matière, d’onde, d’espace, de vide impliquent nécessairement qu’on s’entende sur leur définition, sur leurs propriétés et substance constitutive.

Or la physique actuelle fait « comme si » ses fondements relevaient de l’évidence et n’avaient rien de l’a priori conceptuel, comme si une théorie du mouvement allait de soi, que tous partageaient la conception relativiste, qu’il n’y avait pas lieu d’aller interroger le socle même de toute expérimentation, de toute construction mathématique. Mais il ne s’agit pas pour le philosophe de se muer en scientifique, de s’y substituer, mais de ramener la science sur cet espace commun à partir duquel la spécificité des différentes disciplines pourra se déployer.

Après le grand bond en avant du XXeme siècle où on assista à l’apogée de la relativité et de la théorie quantique, la physique du XXIeme est comme stoppée dans son élan et connaît une situation de crise sans précédent. Cela se manifeste par une prolifération de théories concurrentes, le développement à ses marges de toute une dissidence et l’impossibilité consécutive de parvenir à une construction d’ensemble cohérente, à une théorie du Tout qui fasse l’unanimité. Malheureusement pour s’extraire de cette situation de désordre et d’éparpillement des écoles, la physique reste enfermée dans sa démarche et modes de preuves et emprunte les chemins balisés qui toujours conduisent aux mêmes impasses.

S’agissant d’une crise sur les fondements, nous pensons que seul un réexamen des concepts fondateurs s’imposent, ce qui nécessite de construire avant tout un cadre théorique à partir duquel l’ensemble des expériences , des savoirs et les données et lois mathématiques pourront s’y coordonner et se cohérer. Ce cadre théorique nouveau constitue avant tout une construction rationnelle qui élabore entre autres une nouvelle théorie du mouvement et pose un certain nombre de lois et principes rationnels. Ce chemin tout autre proposé suppose de sortir de la logique et des procédures proprement scientifiques pour aborder la physique sur un mode principalement philosophique.

Ainsi, si la physique fut à l’origine de la naissance de la philosophie, on peut se demander aujourd’hui si la philosophie cette fois ne peut être à l’origine d’une renaissance de la physique.


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