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Hommage au POI

Publié le 02 novembre 2012 par Edgar @edgarpoe

La semaine dernière j'ai entendu parler du décès tragique d'un bébé prématuré, dans la voiture de ses parents en route vers l'hôpital. 

J'ai pensé encore un bébé tué par l'Union européenne.

Ca paraît absurde mais rien d'autre que notre appartenance à l'Union européenne n'explique la vague de restrictions budgétaires qui a conduit à fermer la maternité de Figeac, où aurait pu accoucher la jeune femme.

Je m'apprêtais à oublier d'évoquer ce cas dramatique, de crainte de passer pour un forcené.

Et puis, sortant du métro, j'ai attrapé un tract du Parti Ouvrier Indépendant.

J'y lis ceci :

"Un drame, conséquence de la fermeture des maternités. [...] En 1975, en France, il y avait 1400 maternités pour 740 000 accouchements !

Aujourd'hui, il y en a moins de 600 pour plus de 800 000 accouchements par an ! [...] Voilà où conduit la soumission au pacte de stabilité de l'Union européenne. Non à la fermeture des maternités et des services dans les hôpitaux ! Abrogation de la loi Bachelot ! Rupture avec l'Union européenne, son pacte de stabilité et ses traités ! Abrogation du TSCG ! Non à la dictature de la troïka !"

Sur le site du POI, je lis ceci, en fin de l'article consacré à ce drame :

"Une fois les projecteurs des médias éteints, Marisol Touraine, ministre de la Santé, est allée défendre à l’Assemblée nationale son projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui prévoit 657 millions d’euros de restrictions supplémentaires dans les hôpitaux l’an prochain. "

On dira que le POI va bien vite en besogne, comme l'auteur de ce blog, et qu'il conviendrait de prendre en compte les résultats de l'enquête commandée par François Hollande. Mais l'enquête a été commandée à l'agence régionale de santé Midi-Pyrénées, celle-là même qui a demandé la fermeture de la maternité de Figeac en 2009. Sans surprise, l'ARS a conclu qu'il n'y avait rien à reprocher à la nouvelle cartographie médiacle.

Plus au fond, le lecteur voit là toute la différence entre un parti qui voit ce qui se passe, et le Parti de gauche, sur le site duquel le lecteur ne trouvera rien sur l'affaire de la maternité.

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sur le site du POI

Comme si, tout contents de leur vision planétaire, qui leur fait accroire qu'une formule magique permettra de rendre l'euro "de gauche" et l'Union européenne solidaire, les gens du PG ne se souciaient plus du quotidien de la population.

De fait, ils ont bien dû se rendre compte de la légèreté extraordinaire de leur position, puisque je lis chez Fred que Mélenchon, sur son blog, appelle à considérer le POI car "De nombreux camarades ont été impressionnés par la force des cortèges du POI dans la manifestation du 30 septembre."

Il faut dire que le POI n'a pas l'air de vouloir conserver l'euro (même si le site de ce parti n'appelle pas explicitement à en sortir, il m'apparaît bien plus clair dans son rejet des institutions européennes.)

Et Mélenchon donne, dans le même billet, ce que je crois être la clé de sa politique navrante. Sa tâche, selon lui, est de "préparer sérieusement l’alternative gouvernementale que nous voulons incarner". Il table sur une aggravation de la situation qui conduirait Hollande à devoir l'appeler à Matignon. Et il sait fort bien que Hollande ne pourrait pas appeler un parti qui se serait donné comme ligne d'en finir avec l'euro, étape la plus marquante et la plus importante d'une rupture avec l'Union européenne et d'un retour à la démocratie - le nom de la souveraineté quand elle est collectivement exercée (on pourrait d'ailleurs écrire que démocratie est le pluriel de souveraineté).

La stratégie de Mélenchon est donc assez bassement politicienne et découlant d'un raisonnement purement tactique. Une vraie stratégie de gauche exige de prendre en compte un élément de réalité : ce n'est pas à terme humainement prévisible que l'on peut imaginer une politique de gauche dans l'euro et dans l'Union européenne. Le gouvernement Hollande en donne la démonstration quotidienne, et même l'ajout de Mélenchon qui viendrait jouer le Monsieur plus à Matignon ne changerait rien au problème.


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