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Le surendettement des étudiants américains

Publié le 04 novembre 2012 par Eldon

© Inconnu

On en avait parlé il y a quelque temps dans Frais de scolarité, endettement et endoctrinement.

Bon nombre d’économistes dont Jacques Sapir qui vient de le rappeler dernièrement, voient dans l’endettement des étudiants américains la prochaine grave crise susceptible de secouer fortement l’Amérique et par voie de conséquence le reste du Monde.

Le surendettement des étudiants américains a atteint la  somme des 1000 milliards de dollars. C’est beaucoup plus que l’endettement dû aux cartes de crédit. Mise en perspective, la dette privée des étudiants outre-Atlantique égale désormais la dette espagnole.

Les Américains fraîchement diplômés des universités du pays ont accumulé ainsi une dette moyenne de 25 000 dollars. Ce constat provoque la colère des milieux étudiants . En 2012, sur les 1,8 million d’étudiants  sortis diplômés des universités américaines, 94% supportent des emprunts à rembourser contre 43% en 1993.

Le raison  principale  de cet endettement réside  dans la facilité avec laquelle les prêts étudiants sont accordés aux États-Unis. Conscientes de ce facteur, les universités n’hésitent pas à augmenter les frais de scolarité d’année en année.. Devant la gourmandise des établissements,  le coût de l’enseignement supérieur a augmenté de 440% en 25 ans, soit quatre fois plus que l’inflation et deux fois plus que les frais de santé. En 2009-2010, les frais de scolarité annuels aux États-Unis tournaient autour de 17000 dollars par an.

Le mouvement «Occupy Graduation» organise une vaste mobilisation dans les universités et exhorte les politiques à rendre les études universitaires gratuites. Elle résulte d’une émulation collective, fomentée par les antennes du mouvement “Occupy” (Occupy Wall StreetOccupy CollegesOccupy Student DebtOccupy Together). Ce mouvement silencieux a reçu le soutien de Ben Cohen, cofondateur de l’entreprise de crèmes glacées Ben & Jerry’s et défenseur des plus faibles. L’homme d’affaires avait déjà usé de sa notoriété pour donner du poids à « Occupy Wall Street ». Approché pour offrir de faux boulets de bagnard aux diplômés, il n’a pu trouver de fournisseur suffisant. Persévérant, il a donc décidé de les faire fabriquer par son propre bureau et de proposer le pack de dix à 25 dollars sur la toile.

Commencer sa vie professionnelle avec un tel endettement est ubuesque et beaucoup ne parviendront pas à s’en sortir.

Les dernières nouvelles du Monde, vient de mettre en ligne un reportage que France 2 a consacré à cette véritable bombe à retardement, que nous vous proposons également.

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Cet endettement, n’ayez aucun doute là dessus, n’est pas innocent. Il procède d’un double calcul:

- ferrer les futurs travailleurs: le crédit est le moyen d’asservissement des masses. Dans une publication de mars 2012, l’Institut de Recherches et d’informations économiques (IRIS) canadien, démontre comment l’endettement étudiant n’est pas seulement une mesure d’accessibilité aux études mais s’inscrit surtout dans le cadre d’une stratégie de relance de l’économie qui fait reposer la croissance sur l’endettement personnel et sur l’arrimage de l’offre de formation à la demande en «capital humain» (main-d’œuvre hautement qualifiée) exprimée par les entreprises. L’endettement étudiant, une affaire rentable

 - endoctriner, faire adopter un mode de pensée chez les étudiants, futurs adultes. Nous vous invitons à visionner l’analyse de Normand Baillargeon sur ce point dans notre précédent article.

En France, la situation est rassurante… pour l’instant. « Les banques ont beau les courtiser, en 2011, seulement 8% des 2,3 millions d’étudiants ont contracté un prêt pour financer leurs études, selon une enquête de la Fage. En France,  »traditionnellement, c’est la famille qui prend en charge les études, directement en gardant les enfants à la maison, ou indirectement en payant un loyer », analyse Pierre Courtioux, économiste et chercheur à l’Edhec.

Pour un étudiant français sur deux, la principale source de revenus reste la famille, d’après une enquête de l’Observatoire de la vie étudiante. Et comme leurs voisins européens, un quart d’entre eux tirent leurs revenus d’un job, régulier ou occasionnel.

« Le coût des études supérieures est relativement bas, mais il faut le ramener à la dépense de l’Etat par étudiant. »  Et de ce point de vue, la France, avec 11 260 euros par étudiant en 2009, se classe légèrement sous la moyenne des 11 710 euros des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

A voir: Les Inrocks - FranceTV Info


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