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Les politiques de dévaluation interne mènent à la catastrophe !

Publié le 04 novembre 2012 par Raphael57

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Au vu de la situation économique actuelle, j'ai décidé de consacrer ma prochaine conférence à la question de l'austérité en Europe. Je ne manquerai pas de rédiger un autre billet pour en donner les détails, mais d'ores et déjà vous pouvez retenir le jeudi 15 novembre à 19h (à l'UPT de Forbach) si ce thème vous intéresse...

Cette conférence fera suite aux nombreux billets que j'ai écrits depuis ces derniers mois sur les politiques économiques menées au sein de la zone euro, et dont voici quelques titres :

* zone euro, le pire est-il passé ?


* quand les investisseurs fuient le risque

* Mario Draghi a-t-il sauvé la zone euro ?

* comment soigner une crise de solvabilité d'un État ?

* la véritable nature de la crise de la zone euro

* l'aveuglement se poursuit en Europe avec le traité TSCG,

La création de la zone euro avait jeté un voile sur les différences économiques qui existent entre les États membres. Ainsi, jusqu'au début de la crise de 2007, les spreads de taux d'intérêt exigés sur la dette des États s'étaient fortement réduits, avant de diverger spectaculairement depuis (cliquer sur le graphique pour l'agrandir) :

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[ Source : Monde diplomatique ]

Ces divergences de taux ne font que traduire la crise de la balance des paiements que connaissent certains pays (Espagne, Italie, Grèce,...). Plus précisément, ces pays ont un déficit extérieur structurel (c'est-à-dire une balance courante structurellement déficitaire) qui les oblige à s'endetter sans cesse à l'étranger.

Or, cette dette extérieure est devenue excessive au point de rebuter les prêteurs non-résidents à continuer de prêter. Ces pays n'arrivent par conséquent plus à financer leur déficit extérieur et renouveler leur dette extérieure. Mais comme ces pays font partie de la zone euro, leurs difficultés extérieures ne se traduisent plus par des variations de taux de change... mais par des taux d'intérêts très élevés !

Et lorsqu'un pays n'arrive plus à financer son déficit extérieur en raison de taux d'intérêt stratosphériques, il ne lui reste plus qu'à faire appel à court terme aux prêteurs publics : FMI, troïka, FESF, MES bientôt,... ces prêteurs conditionnant leur aide à la mise en place d'une dévaluation interne. Mais de quoi s'agit-il ?

Qu'appelle-t-on dévaluation interne ?

On appelle dévaluation interne, ou ajustement nominal, une baisse de coûts salariaux et des prix dans le but d'améliorer la compétitivité d'un pays. Selon la théorie, comme les prix et les salaires baissent parallèlement, les salaires réels ne varient pas et la compétitivité s'améliore à l'export.

Dit dans le jargon économique, une dévaluation interne est une baisse de l’ensemble des variables nominales (salaires, coûts salariaux unitaires, prix) équivalente à une dépréciation réelle. Ces politiques sont utilisées lorsqu'un pays ne peut plus dévaluer sa monnaie, ce qui est le cas au sein de la zone euro par définition.

Ces politiques de dévaluation interne ont-elles un effet positif ?

Malheureusement, il y a loin de la coupe aux lèvres, et ces politiques de dévaluation interne s'avèrent inefficaces en raison de la rigidité des prix (des exportations et de la consommation) même lorsque les salaires (ou le coût salarial unitaire) baissent. C'est ce que l'on constate pour l'Espagne sur le graphique ci-dessous, mais la situation est la même en Italie.

CSU-Espagne.jpg

[ Source : Natixis ]

Comme les prix des exportations continuent à croître, les gains de compétitivité-coût ne permettent pas d'améliorer le commerce extérieur du pays. Pire, la diminution des salaires pratiquée en parallèle conduit nécessairement à la baisse des salaires réels, puisque les prix à la consommation sont également rigides à la baisse :

Salaire-reel-espagne.jpg

[ Source : Natixis ]

Au final, le commerce extérieur ne s'améliore pas ou peu, mais la demande des ménages s'effondre avec la baisse des salaires réels. Cela débouche alors sur une compression de l'activité et donc sur une hausse du chômage.

Bref, les politiques de dévaluation interne sont certainement le meilleur moyen de plonger la zone euro dans une grande dépression ! 

N.B : l'image de ce billet provient de ce numéro du magazine allemand Spiegel


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