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Modèle de discours-type à l'occasion de l'anniversaire des 90 ans de son grand-père pour petit-enfant peu inspiré

Publié le 05 novembre 2012 par Francisbf

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonjour.

S'il est une chose dont je puisse me vanter ici-bas, c'est bien la manière dont le monde s'arrache mes talents rédactionnaires. Ha si, je vous jure. Tenez, pas plus tard que tout à l'heure, un collègue m'a dit « j'ai lu ton mail aux collègues du ministère, ça va », c'est tout dire.

Mieux encore, depuis 2006, ce ne sont pas moins de QUATRE discours qui m'ont été commandés, et un que j'ai fait tout seul de mon plein gré. Et pour des occasions à chaque fois différentes, même, que du coup j'ai dû tout refaire du début à chaque fois (mais ça va, parce que mon début est toujours le même et pompé sur des stars, alors). Un discours pour l'occasion solennelle du plantage d'un arbre de promotion, une fois pour un consul qui devait introduire des musiciens, une fois pour un mariage, une fois pour un baptême (mais là, je l'avais fait tout seul) et une fois, comme le titre l'indique, pour des quatre-vingt-dix ans de mon papy. Et sur ces cinq discours, pas moins de deux ont été prononcés ! Ouaip.

Et j'aime autant vous dire que c'est pas de la gnognotte, ces discours, ça fait voler les petites culottes ! Tenez, une copine m'a avoué que lors de mon discours au pied d'un arbre (on avait dû planter un chêne, j'avais dû faire une remarque du style « puissent ses glands rappeler aux générations futures le souvenir glorieux de la glorieuse promotion 154 »), sa mère lui avait dit « mais enfin, pourquoi tu sors pas avec lui, godiche ? », question qu'elle se pose encore, six ans plus tard (ne t'en fais pas, ma blonde enfant. Ma philosophie de l'amour est "puisque je ne puis être à toutes, je ne saurai être à aucune". Tu n'as rien perdu que d'autres auraient pu gagner). Et là, juste samedi dernier encore, une amie de mon papy m'a fait part de son enthousiasme pour ma prestation. C'est ce qu'on appelle le talent, mes petits cocos.

Mais bon, trêve de salamalecs, maintenant que vous êtes convaincus que mon CV, c'est du béton, passons au discours, puisque, si vous êtes venus par la grâce de Google, c'est bien que vous cherchez un discours-type pour célébrer comme il se doit les quatre-vingt-ans de votre papy/papa. Ça marche pour les deux, je l'avais écrit à la base parce que mon papa l'avait réclamé, puis il l'a lu, puis il n'a pas voulu le lire devant son papa, il m'a dit lis-le toi, j'ai dit pas question, il a dit je le lirai pas lis-le toi, j'ai dit mais nan j'ai pas envie c'est toi son fils et tout, puis finalement ma grande sœur et mes cousines m'ont dit vas-y, fais pas ta mijaurée, on sait bien que tu vas le lire, et puis finalement j'ai bu deux planteurs un kir et trois verres de champagne et je l'ai lu, avec une foule derrière moi qui applaudissait quand je lui demandais.

Voici donc mon discours-type pour célébrer l'anniversaire 90 ans de mon papy. Vous trouverez en note de bas de page (astucieusement numérotées dans un ordre croissant, à partir de 1) les adaptations à faire au cas où votre grand-père ne serait pas le mien. Vous n'êtes pas obligé de lire ce qui est entre parenthèses.

Cher papy, mesdames, messieurs, famille chérie, amis de mon papy,

inaccoutumé que je suis à prendre la parole en public (je m'excuse, j'ai piqué cette introduction à Snoopy), je voudrais, si vous le voulez bien, commencer en invoquant les mânes de Caton l'Ancien : Carthago delenda est (je m'excuse encore, mais si Astérix m'a appris une chose, c'est qu'on ne pouvait pas faire un discours sans en appeler à Caton). Carthago delenda est, en effet, car si nous sommes réunis aujourd'hui en ce lieu, c'est pour célébrer aussi dignement que faire se peut les quatre-vingt dix ans de Jacques (1). Car oui, du haut de cette tête aux tempes légèrement grisonnantes, quatre-vingt dix ans, répartis glorieusement sur deux millénaires, deux siècles, dix décennies dont pas moins de huit aux côtés d'Annie (2), et un nombre de cuites très réduit, quoiqu'en ait dit sa belle-mère (selon une rumeur familiale), nous contemplent. On ne dirait pas.

En ce qui me concerne, je suis très heureux de vous voir aussi nombreux et joyeux en cette heureuse occasion (3), mais je le suis encore plus que papy soit parmi nous ce soir.

Parce qu'il faut le reconnaître, statistiquement, c'est une performance : sur ces quatre-vingt dix années, le nombre qu'il a passées sagement en un lieu sans bouger me paraît bien restreint. De l'Espagne à l'Italie, de camps de prisonniers en ports bretons, d'école navale en fumerie d'opium, de Mimosa en élevage d'asperges tunisiennes, je suis toujours surpris de le trouver quand je vais le voir, tant je m'attends à ce qu'il soit, je sais pas, en train de piloter une péniche dans les tréfonds de l'outre-Loire ou de faire de la montgolfière au-dessus des Carpates, tout en trouvant le temps de réaliser ses missions d'espion au service de sa Majesté la République (si j'en crois les rumeurs familiales, sans doute plus fondées, pour le coup). (4)

(mon script indique que là, je dois attendre la fin de l'hilarité générale. Je dois donc vous demander de rire, puis de vous arrêter)

Mais à quoi rimeraient de célébrer nonantes années, si elles s'étaient limitées à d'aimables distractions de retraité ? Non, le plus impressionnant, dans tout ça, c'est tout ce que mon papy a réalisé au cours de ces quatre-vingt-dix ans (je vous ai dit qu'il avait quatre-vingt-dix ans ?) car non content d'avoir capitainé des vaisseaux, construit d'innombrables (trois au dernier recensement) chalets suisses en Bretagne, sans doute renversé des dictatures et je vais m'arrêter là pour ne pas gâcher leur plaisir aux futurs lecteurs de tes mémoires présents ici (5), tu as, cher papy, accompli l'exploit, avec le concours de mamie, de permettre à une palanquée de gens bien de voir le jour (ne croyez pas que je me jette des fleurs, je lis juste le script). J'ai toujours du mal à tenir le compte, mais il suffit de regarder autour de toi, ils sont tous là, et ça veut bien dire quelque chose. (6)

C'est pourquoi je suis bien content de le voir ici partager un verre de Champomy, et une tranche de gruyère.

Bon, comme ma conclusion originale tenait compte du fait qu'on faisait les discours avant de manger, on va l'oublier, et se contenter d'un Joyeux anniversaire !

[insérer un tonnerre d'applaudissements polis]

  1. si votre grand-père ne s'appelle pas Jacques, adaptez. Par exemple, s'il s'appelle Anatole, remplacez Jacques par Anatole. Ce sera apprécié par tous.

  2. Annie, c'est ma mamie. Si Anatole est marié ou l'a été, et que le mariage ne s'est pas soldé par un drame quelconque, adaptez, là encore. Pareil pour les années.

  3. Si vous n'êtes pas nombreux, vous pouvez toujours trouver une pirouette, en parlant des liens serrés qui vous unissent, ça fait bien aussi. Et si les gens ne sont pas heureux, faites semblant de croire qu'ils le sont. Buvez avant votre discours, par exemple.

  4. Là, si votre grand-père était un peu casanier, ça va être coton à adapter. Vous aviez qu'à mieux choisir votre famille, d'abord.

  5. Bon, ben pareil. Je connais pas votre papy, moi.

  6. Nous, on était tous là. Tous les enfants et les petits-enfants, et ça faisait une tripotée. Alors si vous n'arrivez pas à ça, votre famille est moins bien que la mienne.

Bon, désolé pour ceux qui s'imaginaient tomber sur une note de blog intéressante, je voulais juste tenter de voir si j'arrivais à faire remonter mes stats avec un article passant pour pratique. (moi, j'ai essayé de trouver un discours sur le net pour les 90 ans de mon papy, et j'ai rien trouvé de bien).

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