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Dysmorphophobie et anorexie, la perception son corps

Publié le 06 novembre 2012 par Raymondviger

Miroir, mon beau miroir

«Il paraît que j’ai 30 ans. Mais pour moi, c’est inconcevable.» Mélanie est tendue aujourd’hui. Peur d’affronter le passé, de se laisser submerger par ses émotions. Peur d’être jugée aussi. Quand cette grande brune se regarde dans un miroir, elle trouve son reflet insupportable. «Je vois de la peau flasque. Je vois une génitrice. Je vois ma mère.» Pourtant, les miroirs, Mélanie ne cesse de les chercher. Observer son visage est une manie. «Ce qui me fait tenir depuis toutes ces années, c’est l’espoir qu’un jour, je verrai dans la glace une jeune femme heureuse qui a l’impression d’être importante aux yeux des autres.» Son mal, dit-elle, s’appelle la dysmorphophobie. Mais, elle n’a jamais été diagnostiquée.

L’enfance de Mélanie n’est pas un conte de fée. À la maison, l’affection manque autant que l’autorité. «Ma mère était dépressive. Elle passait d’un extrême à l’autre. D’un je t’aime à des baffes. Aujourd’hui encore, elle n’a même pas conscience que je suis malade.» À l’école, les choses ne se passent pas mieux. À 15 ans, ses complexes se cimentent. «Je subissais les moqueries de mes camarades. Je n’arrivais pas à me défendre. C’est un âge où les jeunes sont cruels entre eux.» Elle quitte l’école prématurément pour se consacrer à ce qui la hante: son apparence physique. «Je me branchais sur les programmes télévisés pour bonnes femmes. Je faisais une diète, puis je mangeais pour calmer mes émotions. Et je me demandais ce que j’avais pu faire pour mériter un tel physique.» Sa vie, à partir de ce moment, se résume à des salles d’attente. Ses contacts sont des psychothérapeutes. «Le jour, je devais m’occuper de mes frères, comme un femme au foyer. La nuit seulement, j’osais sortir.» À 16 ans, abandonnée par sa mère, elle est envoyée en centre d’accueil, en même temps que ses trois frères.

Une jeune parmi les vieux

«Je déteste les vieux», lâche Mélanie. Les vieux, elle s’y accroche pourtant. À l’adolescence, angoissée à l’idée de rencontrer les jeunes de son âge, elle fréquente des groupes comme Le cercle des fermières le jour. La nuit, elle sort avec des hommes qui peuvent avoir l’âge de son père. «Je ne connaissais pas la peur. J’étais prête à tout pour fuir la solitude. À défaut de plaire aux garçons de mon âge, je me retrouvais avec des hommes plus vieux. Ils voulaient ma jeunesse. Ils me consolaient, mais à quel prix? Avant même mes 18 ans, je buvais souvent avec des groupes de saoulards à la marina de Laval.  Maintenant, je me sens salie, abusée.»

Cette période lui fait nourrir une aversion pour les figures masculines. «Surtout passée la vingtaine. Je voudrais plaire à des plus jeunes, juste pour vivre ce moment-là une fois dans ma vie.» Être mère? «Ai-je l’air d’une matrone?» demande-t-elle. «Je n’ai jamais eu de désir d’enfant comme toutes les femmes de mon âge.»

Mélanie parle sans relâche d’une jeunesse qu’elle n’a pas vécue. «Je suis passée à côté, coincée au milieu de vieux. J’ai vécu déphasée. Mes 40 ans avant mes 20 ans. Pourtant j’ai toujours eu l’impression d’être une enfant dans un monde d’adultes. Si l’on compare ma vie à une télévision, je cherche sans cesse le canal jeunesse, et je tombe sur canal vie.» Je suis encore comme une adolescente, fan de heavy metal.» Mélanie, une femme de 30 ans, a le visage marqué par les années. «À mes yeux, mon identité s’arrête à mon âge. Ma seule valeur se limitait à ma jeunesse. J’ai 30 ans, elle a disparu.»

Un cri sans écho

Mélanie est submergée par ses émotions, par la colère. Elle n’en veut plus à sa famille «Ils ne sont pas parfaits, j’ai préféré l’accepter.» Elle en veut à sa maladie qui lui a volé sa jeunesse. Elle en veut au système, à toutes les portes qui se sont fermées lorsqu’elle appelait à l’aide.

Bien qu’elle présente tous les symptômes de la dysmorphophobie, Mélanie n’a jamais été diagnostiquée comme telle. Pour les psychiatres, elle souffre de troubles de la personnalité limite. Depuis le début de sa souffrance, les intervenants qu’elle rencontre lui parlent de maladie mentale, sans pouvoir l’aider. La jeune femme se sent incomprise et ignorée.

«Je me suis battue sans relâche pour obtenir de l’aide. Je voulais quelqu’un qui m’aide à comprendre d’où viennent mes complexes. Les médecins m’ont coupé l’accès aux thérapies appropriées. Je fréquentais les groupes d’entraide pour malades mentaux aigus, où j’étais admise. J’ai joué le rôle de la folle que je n’étais pas.»

À 18 ans, les travailleurs sociaux envoient Mélanie dans une maison pour adultes atteints de graves pathologies psychiatriques. Au bout de 4 mois, elle fuit et s’installe avec un ami schizophrène. «Sa place n’était pas là, mais dans une structure spécialisée. Moi, je perdais la tête, je devenais agressive. Il aurait pu être dangereux pour moi. Au bout d’un an, je suis sortie de ma torpeur. Je lui ai annoncé que nos chemins se séparaient.»

Des gobelins et des fées

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La paix, elle la trouve un peu dans le dessin. «Plus jeune, je composais des bandes dessinées mettant en vedette des jeunes gens avec qui je rêvais d’être et d’interagir.» Mélanie réalise en ce moment un portfolio de ses œuvres, et un cahier de coloriages. Son univers est tiré de l’imaginaire. «Ma maladie me pousse dans ce monde fantaisiste. Imagine que j’ai 15 ans, je suis enfermée dans une tour. Je veux m’échapper dans un autre univers.»

Des gobelins et des fées peuplent l’univers artistique de Mélanie. Son crayon s’inspire aussi de la nature, du mystère de l’océan, et de l’ironie du sort. «J’aime créer, mais parfois je n’en ai plus la force. Je dois m’obliger à le faire chaque jour, et surmonter la peur de la page blanche.»

Seule pendant de longues périodes, elle s’est longtemps identifiée aux personnages de ses jeux vidéo. «Je rêvais d’être parmi eux. Les jeux vidéo et dessins animés valorisent la jeunesse. Dans les films de Walt Disney, les vieux ont toujours le rôle de méchants.»

Mélanie vit chez son père depuis une dizaine d’année. «Pas par choix. Certains psys m’ont rabâchée que ma place était dans un appartement, avec un chum. Mais, j’en suis incapable.»

Le seul moyen pour elle d’avoir son indépendance avec ses moyens financiers, c’est le HLM. Pendant cinq ans, elle a fait des démarches. Elle a cessé, découragée. «Je ne m’entends pas avec mon père. Il a toujours eu envers moi l’attitude d’un patron prêt à congédier son employé. J’ai essayé de lui expliquer le mal qui me ronge. Il sait à quel point je souffre, mais a du mal à comprendre. Pour lui, ce sont des enfantillages.»

Le choix de l’embarras

Mélanie vieillit de l’extérieur, mais ses rêves sont les mêmes depuis des années, ceux d’une adolescente. «Lorsqu’on est plongé dans une maladie, il est difficile d’y voir clair. Je peux être lucide et capable de faire face au monde, pour de brefs moments.» La jeune femme est tiraillée «entre deux extrêmes». Consciente qu’elle vaut mieux qu’un chiffre ou un âge, elle promet pourtant que, si elle en avait les moyens, elle aurait recours à la chirurgie esthétique jusqu’à obtenir l’âge qu’elle désire.

Aujourd’hui, elle n’ose plus accepter les mains tendues, ou recommencer une thérapie à zéro. «Je suis incapable de recevoir.» Quelques amitiés se sont soudées, même si les contacts sont difficiles. «Lors d’une fête, j’ai fait la rencontre d’une fille qui souffrait de dysmorphophobie. Je lui ai dit ce que j’aurais aimé qu’on me dise. Il est important de ne pas se laisser dicter ce qu’on a à faire et de vivre l’âge qu’on veut vivre.» Si Mélanie se sent terriblement seule face à sa maladie, elle est sûre que plus de 1 ou 2% de personnes souffrent du même mal.

Dysmorphophobie, la laideur imaginaire

Cette maladie est une phobie de son propre corps. Il est diagnostiqué comme un trouble mental. Les personnes qui en souffrent développent des complexes obsessionnels, au point de ne plus oser vivre en société. Cette maladie va souvent de pair avec d’autres troubles, comme la dépression, les troubles de la personnalité limite, ou encore des troubles du comportement alimentaire. 1 à 2% de la population américaine serait atteint de dysmorphophobie. Elle touche en particulier les adolescents et les jeunes adultes et se développe surtout chez les femmes.

Mélanie Gauthier est une illustratrive. Vous pouvez visitez sa page Internet pour voir ses différentes oeuvres.

L’amour en 3 dimensions.

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La relation à soi, aux autres et à notre environnement

Roman de cheminement humoristique. Pour dédramatiser les évènements qui nous ont bouleversés. Pour mieux comprendre notre relation envers soi, notre entourage et notre environnement. Peut être lu pour le plaisir d’un roman ou dans un objectif de croissance personnelle.

L’histoire est une source d’inspiration pour découvrir, d’une façon attrayante et amusante, une nouvelle relation avec soi-même et son environnement. Bonne lecture et bon voyage au pays de Tom.

Le livre est disponible au coût de 19,95$.

Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009 Par Internet

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ar la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.


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