Un café, une brasserie, des tables qui se remplissent et se vident aussi vite que les départs de la gare d’en face. Un brouhaha si habituel de commandes, de paiements, de discussions entre les serveurs et les clients.
Une dame élégante attend un homme. Elle minaude entre son maquillage et son petit sac à main. Elle le cherche dans la foule sur le trottoir, entre les tables et les plantes pour donner un espace de nature sur un macadam inerte et froid. Elle tapote son i-machine, elle piaffe.
Une vieille dame, toute fripée par le temps mais dont le sourire et le trait de rouge à lèvres orange doré lui donne un regard encore conquérante, avec son neveu, elle déguste des huîtres comme à une époque où prendre le train ouvrait l'appétit, le temps d'un voyage vers la mer.
Une autre belle, une jupe cuir si tendance, un grand cabas, un fourre-tout, un téléphone, un chapeau, une écharpe, un début de voyage. Elle commande une salade, elle parle au téléphone, sans arrêt, elle lit un magazine sur sa tablette, journaliste ou lectrice, elle tape un article, peut-être blogueuse ?
Un duo d'hommes discute, l'un semble demander des faveurs à l'autre plus raide, ils ne se disputent pas mais négocient. Finalement au café, tous les deux sourient, un arrangement, une embauche a dû se conclure, un contrat peut-être. Nous sommes dans le quartier des théâtres, les petits, les minuscules, les audacieux, ceux qui programment de la diversité, font deux soirées dans une, font des journées avec des amateurs pour les tester en réel. Est-ce l'un d'eux ?
Une fort jolie mamy avec sa petite fille très coquette qui questionne sur tout, sur les plats, sur les plantes, sur les dessins du plafond, des "pourquoi", des "comment". La période la plus enrichissante de la vie, la plus fatiguante aussi. deux âges, mais elles se ressemblent le même beu dans le regard, une petite fille et sa grand-mère, j'en suis sûr.
Je bois mon chocolat viennois, avec sa crème qui fond doucement sur le chocolat amer, chaud, très noir. J'aime ce chaud-froid, j'aime cette amertume de l'un, le sucré de l'autre.
J'attends une collègue, elle sera en bottes, en tunique de laine avec une large ceinture, un collant opaque, son idéal, qui lui va si bien. Elle sourira en traversant la salle, captant tous les hommes, elle est un sourire communicatif, une femme charismatique et ses yeux dorés, oui dorés, attirent, attisent l'univers d'une féminité, qui est unique. Je ris par avance de cette arrivée.
Certains se lèvent pour leur départ, les trains n'attendent pas.
Belle journée à vous toutes.
Nylonement