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Classes moyennes, les marmottes des politiciens

Publié le 06 novembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Frappée de tous bords et tous côtés, la classe moyenne me fait penser à la marmotte dans le jeu « Tape la marmotte » des parcs d’amusement.

Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.

Classes moyennes, les marmottes des politiciens
Frappée de tous bords et tous côtés, la classe moyenne me fait penser à la marmotte dans le jeu « Tape la marmotte » des parcs d’amusement. Elle n’a nulle part où se cacher. Sitôt qu’elle essaie de sortir sa tête un peu pour respirer, paf ! On l’assomme avec une nouvelle taxe. Tu penses mériter un peu de soleil ? Paf ! Une « contribution » santé. Tu sors la tête encore ? Re-paf ! Un bond du prix de l’essence !

Avec les prix de l’épicerie, de l’essence et les hausses de taxes à répétition, je me demande souvent comment font certaines personnes pour arriver. C’est pour ça que je tique quand je lis des reportages comme celui de mes collègues, dans ces pages. (À paraître demain dans le journal.)

Ce n’est pas le salaire des fonctionnaires, le problème. Ce qui ne tient pas la route, ce sont certains avantages qu’ils reçoivent. Comme la sécurité d’emploi et surtout, la pension garantie. Dans un monde idéal, tout le monde en jouirait. Mais on paye ces privilèges à crédit. Et on se doit déjà les fesses pour les fonds de retraite. Des milliards $ qui devront être renfloués par le pauvre comme le riche. Plusieurs villes ont déjà commencé à hausser les taxes, surtout pour renflouer les caisses de retraite. Quelque part, je me demande même si on n’est pas en train de tromper les fonctionnaires eux-mêmes. En leur promettant des pensions qui seront hors de nos moyens…

Système tout croche

Si au moins ceux qui vivent de l’argent des autres y faisaient attention. Mais dans trop de départements, les gestionnaires et cadres dépensent en fin d’année ce qu’il reste dans le budget, pour être sûr de ne pas se le faire couper l’an prochain !

Un ami infirmier me racontait que des cadres de son hôpital avaient réussi à économiser de l’argent sur le budget à la fin de l’année. Est-ce que les contribuables en ont profité ? Est-ce que l’infirmier et ses collègues ont reçu plus d’équipements sur le plancher pour les aider ? Non. Pour se féliciter de leur bon travail, les cadres de l’hôpital se sont versé les sommes économisées… en bonis! Hé, faut bien se garder motivé…

Ça me fait penser au livre Les Fonctionnaires, que j’ai déjà cité dans une chronique. L’auteur, un fonctionnaire de carrière, nous rappelle que le premier réflexe de la bureaucratie est d’accroître ses ressources et de grossir. Les hauts dirigeants y gagnent en pouvoir, les employés ont plus de chance d’avancement, et les syndicats reçoivent plus de cotisations de leurs membres. Le système incite alors tout ce beau monde à gonfler les effectifs nécessaires dans chacune des branches de l’État.

Les vrais coupables

Il est là, le problème : les règles du jeu. Qui incitent au gaspillage, et aux promesses intenables. Et qui fait que le contribuable déjà écrasé reçoit une facture à payer qui grossit chaque jour.

Certains lisent ces pages et s’imaginent qu’on veut dresser la classe moyenne du privé contre les fonctionnaires, ou vice-versa. Pantoute. Fonctionnaires ou pas, nous sommes tous voisins, amis, et essayons de nous en sortir du mieux qu’on peut. Les fonctionnaires, qui font aussi partie de la classe moyenne, ne sont pas à blâmer. Ils poursuivent honnêtement leurs propres intérêts, comme tout le monde.

Mais nos dirigeants — les vrais coupables de ce gâchis — doivent comprendre qu’en continuant avec le modèle actuel, en grossissant la machine et en refusant de changer les règles, ils creusent eux-mêmes des inégalités entre les citoyens. Et c’est la société entière qui risque d’en payer le prix.

Car la marmotte de classe moyenne est capable d’en prendre. Mais un jour, elle va se tanner.

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