Magazine Humeur

7 milliards garantis par l’Etat pour sauver… la banque de PSA !

Publié le 01 novembre 2012 par Kamizole

MERDALOR ! L’ultralibéralisme a encore de beaux (?) jours devant lui. Petit miracle renouvelé de la « multiplication des pépètes » lorsqu’il s’agit de sauver les entreprises et les banques responsables de leur déconfiture et queue de chi ou peau de balle pour ceux qui souffrent le plus de la crise lors même que nous devons nous attendre dans les prochains mois à davantage morfler grave. « Plus ça change, moins les choses bougent » affirmait Alphonse Karr au milieu du XIXe siècle. Nous y devrions ajouter « On prend les - presque - mêmes et on recommence ».

Merci de nous prendre pour de parfaits con…tribuables ! Nous sommes et serons plumés comme de parfait « pigeons »… Pour ceux qui s’intitulent comme tels il suffit de brandir la menace de ne plus embaucher et/ou délocaliser… Pour nous qui sommes « attachés » - dans les deux acceptions du terme - à notre glèbe, il ne nous restera que le vote. Pour l’instant, nous avons toutefois échappé au pire : le « choc de compétitivité » prôné par le rapport Gallois. Aussi mort-né que le fut en son temps celui de Jacques Attali. Quoi qu’en puisse affirmer Jean-Marc Ayrault Le rapport Gallois "pas enterré" (Flash-Eco Le Figaro 24 oct. 2012)- pour « ne pas désespérer Bettencourt » et le Palais Brongniart ?

Je ne vous dis pas les colères qui m’empoignent quasi chaque jour en dépouillant la presse en ligne. Je n’ai pas dû chausser les bonnes lunettes - mes verres se teintent bien au soleil mais pas en… rose ! Et j’ai beau analyser les infos par le menu avec mon petit appareil IRM virtuel : je ne vois aucune solution de continuité entre ultralibéra-lisme de droite et de gauche.

Je vous avais prévenus : mémé Kamizole est sans doute socialiste mais bénie-oui-oui, jamais !

A l’exception notable de l’ami Alzheimer (celui qui veut du mal à nos neurones) n’est sûrement pas né le cézigue qui me fera fermer ma grande gueule ou déparler en affirmant des choses contraires à mes convictions les plus profondes. Je ne suis sans doute pas née pour rien sous le signe du Lion : je continuerais à rugir jusqu’à mon dernier souffle, nonobstant les pouvoirs en place, si leur politique économique et sociale me semble contraire aux intérêts du petit peuple. Dont je partage la condition et auquel je suis fière d’appartenir.

Or donc, je savais que c’était dans l’air pour avoir survolé quelques titre et j’en reçus confirmation par une alerte du Figaro tombée sur ma boîte PSA confirme 7 milliards d'euros de garantie de l'État pour sa banque (Flash-eco 24 oct. 2012). Personne n’aura oublié que le « plan social » de PSA - fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois et réduction des effectifs à Rennes - devrait entraîner quelque 8.0000 suppression d’emploi, en sachant par ailleurs que de telles mesures, touchant les sous-traitants et les activités locales, se traduisent par la disparition de trois à quatre fois plus d’emplois, la fermeture de sous-traitants, de commerces et d’artisans locaux.

Encore heureux, un autre flash-eco du Figaro m’apprend que PSA renonce au dividendes (24 oct. 2012) accédant à la demande de Jean-Marc Ayrault : « il ne serait versé aucun dividende ni attribué de stock-option aux membres du directoire le temps que durerait la garantie apportée par l’Etat à sa filiale bancaire ». C’est bien le moins, non ?

D’autant que PSA est au plus bas en Bourse depuis 26 ans (Flash-éco Figaro 24 oct. 2012) (aux dernières nouvelles l’action PSA vaudrait tout juste un peu plus de 5 €) ou autrement dit, les membres du directoire de PSA ne font pas vraiment un sacrifice : leurs stock-options, aujourd’hui, c’est peanuts !

Au moment où PSA fut sorti du CAC-40, Pascale Besses-Bournard écrivit dans La Tribune - très certainement une publication tenue par de dangereux gauchistes ! - que l’action PSA a perdu 90 % en cinq ans (7 sept. 2012) pour une raison bien simple : « Les investisseurs vendent massivement le titre depuis cinq ans. Depuis le début de l'année l'action perd 50%. Sa sortie du CAC 40 était inéluctable ». Avec beaucoup de perfidie, elle constate « qu’au niveau actuel, le groupe qui emploie environ 200.000 personnes avec un chiffre d’affaires de 59 milliards d’euros ne vaut plus que….2 milliards d’euros en Bourse. Une incroyable dérive alors que la société avait pourtant profité ces dernières de coups de pouces fiscaux pour relancer la vente de voitures neuves, non polluantes »…

Qu’ont-ils fait de cet argent ? Je crois connaître la réponse : il leur fut reproché d’avoir consacré des sommes non négligeables pour racheter les actions PSA. Dans le but évident d’en faire remonter les cours. Ratés sur toute la ligne (de production ?). Permettez-moi de considérer que nous n’avons nullement affaire à des chefs d’entre-prise responsables. Le premier - et seul - métier d’un industriel étant de produire des biens - pour satisfaire la clientèle, assurer l’emploi et la pérennité de l’entreprise, participer à la création de richesses et donc à la croissance économique - et non de boursicoter.

S’agissant des dirigeants de PSA, je m’en contrefous éperdument mais je pense plutôt à toutes les personnes qui ont investi leurs économies en Bourse en espérant se constituer un revenu pour leur retraite bien compromise aujourd’hui. Y compris les complémen-taires : j’appris dernièrement que toutes les caisses - salariés comme cadres - sont dans le rouge et que leurs dirigeants envisagent toutes les hypothèses, de l’augmentation des cotisations à la baisse des retraites… Bigre ! La mienne est déjà d’un montant très bas, que sera-ce si elle diminue ? Les actions en général ont déjà perdu la moitié de leur valeur depuis 10 ans et le krach de la « nouvelle économie ». Les épargnants sont pouilledés comme naguère les voyageurs l’étaient au coin d’un bois. Les nouveaux malandrins gardant le même cri de guerre : « La Bourse ou la vie ».

Contrairement à Nicolas Sarkozy lorsqu’il prêta des sommes fabu-leuses aux banques et à l’industrie automobile (y ajoutant de surcroît une « prime à la casse » devant permettre d’acheter des véhicules neufs) sans exiger un siège dans les conseils d’adminis-tration permettant de contrôler l’usage des fonds prêtés : les banques - seules responsables de leur déconfiture par la spéculation sur des « instruments monétaires » toxiques tels les « subprimes - spéculèrent encore plus, tout en servant de substantielles primes aux dirigeants et traders, Jean-Marc Ayrault n’entend pas apporter la caution de l’Etat à la banque de PSA sans contrepartie.

En conséquence, un administrateur nommé par l’Etat siègera désor-mais au conseil d’administration de PSA tant que l’Etat garantira ces 7 milliards d’euros. Une telle somme a de quoi donner le tournis. Même à ma machine quand je tente de savoir ce que cela fera en francs : elle affiche « error » !

Un titre parmi d’autres (reprenant une dépêche de l’AFP) L'Etat s'invite chez PSA et met ses actionnaires à la diète (Le Parisien 24 oct. 2012). Le sous-titre résume parfaitement la situation « Pour sauver sa banque, PSA Peugeot Citroën a accepté mercredi que l'Etat s'invite à sa tête et que ses actionnaires soient privés de rétribution, mais le constructeur, qui va lancer quatre coopé-rations avec General Motors, est resté vague sur les contre-parties sociales » mais demande quelques développements.

D’abord, sur ces coopérations avec General Motors. Mieux vaut en effet se méfier du géant américain. Pour mémoire, je vous invite à lire Saab : « Général Motors m’a tuer ! » (6 août 2012) pour comprendre comment GM a coulé le constructeur néerlandais avec qui il avait noué une alliance. Comme un boa constrictor qui ne devrait faire qu’une bouchée de PSA, pauvre petit lapin fasciné et terrorisé.

Ensuite, il faut pointer les conneries - excusez la verdeur de mon propos… en langage châtié je devrais écrire « impairs » ou « impérities » - dont a fait preuve l’inepte Philippe Varin, président de PSA qui fut pourtant recruté par la famille Peugeot en 2009 afin de nouer des alliances stratégiques avec d’autres constructeurs et dont je me bornerais à signaler qu’il fit lamentablement capoter l’alliance autrement intéressante - sur les moteurs hybrides - avec BMW tout simplement parce qu’il entreprit dans le même temps de nouer précisément une alliance avec GM, le constructeur allemand en prit bien évidemment ombrage.

Un peu de sagesse ou d’intelligence lui eût fait sans doute comprendre que l’on ne saurait « courir deux lièvres à la fois » adage remontant au XVIIe siècle mais que l’on trouve également bien avant sous le plume d’Erasme « Qui court deux lièvres à la fois n’en prend aucun » (1508).

« Contreparties sociales » ! Il faudrait ne rien connaître à l’histoire de Peugeot - idem au demeurant s’agissant de Citroën ou de Simca (Poissy) et Talbot, ces deux derniers constructeurs, absorbés par Peugeot ont aujourd’hui disparu - pour ne pas se souvenir des syndicats « maison » et « jaunes » : Confédération française du travail (CFT) remplacée ensuite par la Confédération des syndicats libres (CSL) qui ne valait guère mieux - quasi fachos (liés au demeurant avec le Service d’action civique (SAC) d’aussi sinistre mémoire - et ne reculant devant aucune méthode d’intimidation (ils allèrent même jusqu’au meurtre !) contre les syndicats ouvriers (CGT ou CFDT) alors que pendant le même temps Peugeot s’employait à refuser toute promotion aux militants syndicaux des vrais syndicats ouvriers et fut même condamné il y a quelques années à verser des dommages et intérêts à des militants et représentants syndicaux dont la carrière avait été entravée du fait de cet ostracisme.

On ne voit d’ailleurs pas de quelles contreparties sociales il pourrait s’agir dans la mesure où PSA n’entend revenir d’aucune façon sur les licenciement prévus à Rennes et la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois. Sachant par ailleurs que d’autres licenciements restent dans les cartons.

De même, que changera l’arrivée d’un administrateur nommé par le gouvernement ? Pas grand-chose à en croire VarinPSA n'est pas piloté par l’État (Flash-Eco Le Figaro 25 oct. 2012). Comme s’il était question de cela ! Il affirme - cela va de soi - que « le groupe restait administré dans le respect des obligations des sociétés cotées » mais pousse le bouchon un peu loin en prétendant qu’il ne serait « pas sous la surveillance de l’Etat »… Ah ! Bon. A quoi servira donc le représentant de l’Etat au sein du conseil d’administration ? Juste «  tenir la chandelle » ?

Comment réagira-t-il - et Jean-Marc Ayrault du même coup - quand il sera confronté à ce que souhaite Robert Peugeot qui veut sortir de l'auto (Flash-Eco Le Figaro 24 oct. 2012) ? En effet, « le PDG de la holding familliale FFP qui détient 19 % de PSA souhaite que la famille sorte de l'automobile en vendant cette activité à General Motors et achève de transformer la holding en fonds d'investis-sement, rapporte aujourd'hui Libération citant un bon connaisseur de l'entreprise »…

« Un fonds d’investissement » ! Ben oui, quoi… T’es pas au courant, coco ? L’industrie c’est du dernier ringard. Comme le disait le regretté Fernand Raynaud « ça a eu payé mais ça paye plus ». Faut laisser ça aux pays en voie de développement. « L’entreprise sans usine » dixit Serge Tchuruk. L’ultralibéralisme ne jure plus que par la finance - plus elle est virtuelle, mieux c’est. « L ‘économie réelle », rien à secouer non plus que les « vrais gens » qui s’obstinent à avoir un estomac, lequel n’a pas encore appris à bouffer des euros qui n’existent que sur le papier ou mieux encore dans une incessante ronde autour de la planète à la vitesse de la lumière, celle des transactions financières par la magie de l’informatique alliée aux moyens de communication.

Je ne saurais dire si je suis une indécrottable idéaliste ou tout simplement une réaliste pétrie d’humanisme qu’il fût chrétien ou hérité des penseurs de la Renaissance mais sommes nous condamnés à nous « adapter » - maître mot de la vulgate ultralibérale - à cette vision cauchemardesque de la société (en n’ayant garde d’oublier toutes les dérives sociétales qu’elle engendre) ou reviendrons-nous quelque jour aux « valeurs » - non cotées en Bourse - qui remettront « l’humain au centre de toutes choses » (Protagoras, philosophe sophiste Ve siècle avant J-C) en n’ayant garde d’oublier qu’étymolo-giquement « économie » signifie « administration de la maison » ?…

Combien de temps accepterons-nous encore de vivre dans cette « maison » qui de toute évidence fait si peu de cas des humains ? Quant à « la maison commune » - la planète - elle est au moins aussi maltraitée. Nous n’en sommes nullement propriétaires mais comptables de l’état dans lequel nous la léguerons aux futures générations. A supposer que la raison revint un jour - le plutôt possible - aux êtres humains, quel jugement porteront-elles sur les « trente piteuses » années que nous venons de traverser ?

Lueur d’espoir : il nous reste « le pouvoir de dire non ». Etienne de La Boétie nous en donne même la recette : il suffit de refuser de nourrir le tyran pour qu’il dépérisse. Renvoyons donc ainsi les « gloutocrates » du CAC-40 et tous leurs semblables - Peugeot, Varin, etc. - aux poubelles de l’Histoire.

Mais que le patronat, les profiteurs de tout poil et leurs sbires se méfient toutefois. « Tant va la cruche à l'eau qu'elle se casse » et la non-violence avant la lettre du très fort ami de Michel de Montaigne pourrait bien connaître des limites. Leur rapacité est incommensu-rable. A preuve, leur danse du scalp autour du «choc de compétitivité » !

Louis Gallois - pourtant réputé de gauche - partage exactement la même conception de l’économie et des recettes à appliquer que Laurence Parisot et tous les dirigeants des grandes entreprises : baisse drastique du coût du travail, notamment par des exonérations de charges sociales et leur transfert sur la TVA, la CSG et le RDS. Sans songer un seul instant qu’en faire supporter le poids maximum aux salariés et retraités, de la Planète pauvre aux petites classes moyennes qui déjà n’en peuvent mais est le meilleur moyen de conduire à la récession voire une dépression au moins aussi grave qu’en 1929. Charger la mule bien au-delà de ses possibilités tout en lui demandant d’avancer, ça ne le fait pas !

J’y reviendrais car la matière est bien trop riche et cette question mérite que l’on s’y attardât nettement plus que je ne souhaite le faire ici. Néanmoins, l’outrecuidance de ces « sales bêtes » dépasse toutes les limites. Le Monde est un peu trop gentillet de titrer que Les grands patrons proposent à Hollande un pacte "pour relancer la croissance et l'emploi" (28 oct. 2012)… tu parles ! Ils exigent et l’Express est nettement plus proche de la réalité en parlant de l’ultimatum des grands patrons à François Hollande sur la compétitivité 28 oct. 2012). Ce qui ravit naturellement Jean-François Copé qui applaudit le "pacte" de compétitivité des grands patrons français (Le Monde 28 oct. 2012) allant même jusqu’à songer une manifestation de droite, suscitant l’indignation à gauche (29 oct. 2012). Mémé Kamizole est même capable de lui en suggérer la date : le 6 février 2013... Défiler avec les "ligues" fascistes lui irait comme un gant.

C’est qu’il ne manque pas d’un sacré toupet, Messire Du Conneau ! Oser affirmer sans barguigner ni sans doute rougir de honte que "François Hollande sabote notre industrie" (Le Monde 17 oct. 2012). C’est à l’évidence qu’il appartient à la catégorie de «ceux qui osent tout » et que l’on reconnaît précisément à cela. Après cinq années de « sarkozysme réel » qui ont mis à mal et laminé le peu qu’il restait encore d’industrie.

Sans entrer plus avant dans les détails de la masse d’articles que j’ai enregistrés et parcourus en diagonale, je m’arrêterais sur un passage fort significatif de l’article de L’Express déjà cité : un responsable patronal - le nom de ce courageux Matamore ! - se fait plus menaçant « S'ils nous sortent un machin à l'eau tiède, les hostilités seront lourdes, les réactions excessivement violentes. Il y a des gens à cran dans nos rangs »…

Une véritable déclaration de guerre ! Vont-ils sortir les bazookas et autres kalachnikov, nous aligner sur le Mur des Fédérés comme en 1871 ? Qui osera prétendre encore que la lutte des classes appartient aux oripeaux du passé ? Elle n’a jamais été plus actuelle depuis plus de 25 ans ! A ceci près que c’est uniquement le patronat et le Medef qui mènent la danse et que nous avons oublié la nécessité du rapport de forces.

Mais qu’ils se méfient. A force de nous voir plier l’échine et subir sans cesse toujours plus d’avanies, ils ont fini par croire que nous étions complètement et définitivement soumis et qu’ils pourraient indéfini-ment continuer à nous faire vivre en état de quasi esclaves, corvéables et taillables à merci. Appauvris chaque jour un peu plus. « Ces profiteurs vautrés dans la richesse (…) richards et ploutocrates qui privent de pain l’ouvrier affamé » devraient redouter de mettre en branle « la colère des masses ». On ne désespère pas impunément le peuple, éternelle leçon de l’histoire.

Précisément parce que si l’on sait toujours quand, pourquoi et comment démarre un mouvement de révolte, il est d’autant plus difficile de prévoir de quelle manière il se terminera quand il n’est pas plus ou moins structuré par des organisations syndicales, lesquelles n’ont en France qu’une influence des plus limitée. Notre époque est déjà suffisamment violente pour ne pas redouter le pire. A bon entendeur, salut !


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