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Le Monde Selon Monsanto

Publié le 01 avril 2008 par Bigmac

Le plus grand producteur mondial de semences OGM a signalé lundi 31 mars 2008 son intention de se développer et renforcer sa présence en Europe dans le marché en forte croissance des graines en serre. Le géant américain rachèterait le groupe néerlandais De Ruiter Seeds pour un montant de 546 millions d'euros. La présence de Mosanto en Europe a atteint un succès record la semaine dernière, lorsque la Roumanie a rejoint les six autres membres de l'Union Européenne en demandant un moratoire sur la plantation MON810, un maïs produit par Mosanto qui est la seule culture génétiquement modifiée et approuvée pour une utilisation dans le "bloc des 6". Le géant agroalimentaire américain a pu bénéficier de l'essor de produits agricoles de bases. Mosanto a récemment relevé son bénéfice par action pour l'exercice 2008 de $ 2,70 - $ 2,80 - $ 3,15 - $ 3,25. La société a déclaré que son acquisition de De Ruiter en espèce lui permettrait de renforcer sa présence dans le business des "cultures protégées', qui produit des graines en serre. Son prévisionnel dans la branche des semences de légumes est estimé à 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires annuel dans 5 ans.
Le secteur des graines de cultures protégées, qui a cumulé plus de 600 millions de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier, devrait augmenter de 8 à 10% par an durant les 5 prochaines années. Poussée par la demande toute au long de l'année des consommateurs de fruits et légumes frais en Amérique du Nord et en Europe, le secteur devrait être stimulé par la demande croissante des consommateurs en Asie.
De Ruiter Seeds est l'un des premiers semanciers mondiaux de légumes, et des entreprises d'élevage, avec des ventes mondiales avoisinant 108 millions d'euros l'an dernier. C'est également un important producteur de semences de tomates, concombres, melons, poivrons...
Malgré le facteur risque encore non évalué à long terme que représente la consommation d'OGM, on s'aperçoit que la raison des décideurs politiques européen est encore une fois bien trop fragile pour stopper l'empire industriel MOSONTO. On a pu l'entendre des millers de fois mais il faut le répéter (marteler) une fois de plus que le principe de précaution doit s'imposer scrupuleusement pour les OGM.
Comment expliquer le grand renfort de rapports mensongers, de collusion avec l’administration nord-américaine, de pressions et tentatives de corruption qu'a entrepris MOSANTO pour bâtir son empire agroalimentaire ?
Production de PCB (polychlorobiphényles, vendus en France sous le nom de pyralène), de polystyrène, d’herbicides dévastateurs (comme l’agent orange pendant la guerre du Viêtnam) ou d’hormones de croissance bovine et laitière (interdites en Europe): depuis sa création, en 1901, la firme a accumulé les procès en raison de la toxicité de ses produits. Pourtant, aujourd’hui, Monsanto se présente comme une entreprise des « sciences de la vie », récemment convertie aux vertus du développement durable. Grâce à la commercialisation de semences transgéniques, conçues notamment pour résister aux épandages de Roundup, l’herbicide le plus vendu au monde, elle prétend vouloir faire reculer les limites des écosystèmes pour le bien de l’humanité.
Fin 2006, j'ai eu l'occasion de visionner un reportage de MOSANTO sur le net qui devait normalement être diffusé sur Canal + la semaine suivante (Lundi Investigation).Ce reportage soulignait les incohérences dans les contrôles effectués par MOSENTO sur son maïs transgénique. Parties de rapports tronqués, demande de renseignements scientifiques de la part d'experts français de la société civile laissées en suspens... Dans le reportage en question, des experts scientifiques arrivaient à la conclusion qu'un pourcentage élevé de rats ayant été nourris avec l'OGM MOSANTO avait connu des malformations et/ou développé des cellules cancéreuses dans l'estomac, intestins. Dans ce même reportage de l'époque, le Président de la Commission du Génie Moléculaire, Marc Fellous, affirmait qu'il était sûr que le maïs OGM MOSANTO ne présentait pas de risques pour l'homme à long terme mais qu'il ne pouvait le garantir. A l'époque du reportage, l'AFSSA et l'EFSA (European Food Safety Autorithy) avaient toutes deux donné un avis positif à l'autorisation du maïs transgénique MOSANTO, considérant que ces observations n'étaient pas "biologiquement significatives". Une chose qui m'avait sidérée fin 2006, c'est que ce même reportage a finalement été déprogrammé au dernier moment par Canal + ! Malgré ces résultats effrayants, la commercialisation du maïs transgénique MOSANTO s'est accéléré dans le monde, le Vieux continent ne faisant évidemment pas figure d'exception.
Même si on peut être ravi que le gouvernement français ait activé la clause de sauvegarde sur le maïs transgénique MOSANTO en janvier dernier, il faut rester très prudent quant à l'avenir et au maintien de cette décision. On peut craindre l'influence puissante des lobbies pro-OGM auprès des instances européennes à Bruxelles pour modifier le cours de cette décision. D'autant plus que la Commission européenne semble davantage soucieuse pour lever le moratoire sur les autorisations d'OGM le plus rapidement possible.
Vous l'aurez compris : les experts sont sûrs que les OGM MOSANTO ne présentent pas de risques à l'homme sans pour autant le garantir à long terme. Après les rats, c'est désormais sur nous que l'on teste les OGM ! Avec le manque de recul et la non maîtrise du facteur risque à long terme c'est aussi simple que ça. Bon appétit et rendez-vous dans 20? 30? ou 40 ans ?...
Source : The Financial Times

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