L’écologie et le développement durable sont sur toutes les lèvres et dans tous les esprits, sauf dans ceux de la police de Lausanne.
Lorsqu’un parti politique qui se veut de gauche inscrit dans son programme politique le « développement social et écologique » et qu’il a la chance d’avoir un municipal responsable de la sécurité publique, il est impensable de ne rien faire pour contraindre la police de la ville à faire des efforts pour se rendre écoloperformante.
Afin de palier à cette déplorable situation, je m’apprête à proposer plusieurs mesures plus ou moins compliquées et délicates à mettre en œuvre et à faire admettre.
La première est frappée au coin du bon sens : la ville de Lausanne possède un Service du gaz et du chauffage à distance qui distribue ce combustible. Il n’y a donc aucune raison pour que les véhicules de police continuent à fonctionner à l’essence et, donc, à enrichir Shobil, Agoil ou Motal. Je propose donc que, dans les meilleurs délais, la police de Lausanne remplace tous ses véhicules par des véhicules à gaz hybrides, c’est-à-dire des véhicules pouvant fonctionner aussi bien au gaz de ville qu’au gaz lacrymogène.
Les gaz lacrymogènes étant dorénavant utilisés comme combustible, la panoplie du Corps de police verra ses « gaz qui piquent » avantageusement remplacés par du protoxyde d’azote ou gaz hilarant. Ce gaz, qui provoque détente et euphorie, me semble parfaitement indiqué pour neutraliser les dangereux malfaiteurs et les petits délinquants dans la bonne humeur. Ce nouvel élément de l’arsenal policier, générateur de joyeuse exultation, devrait de surcroît éviter tout dérapage finissant immanquablement par alimenter les rapports confidentiels que certains politiciens peu scrupuleux donnent en pâture à la presse à la veille de leur non-élection.
Une autre mesure essentielle à mes yeux est le remplacement immédiat des balles – expansives ! – bourrées de plomb, un métal lourd responsable du saturnisme, par une munition plus écologique. Selon mes investigations, les noyaux d’olives de 9 mm pourraient très bien faire l’affaire. Outre l’inoffensivité chimique de ces nouveaux « pruneaux », l’usage de noyaux d’olives permet de recycler un déchet jusque là inexploité. Il suffirait de proposer aux habitants de la ville de collectionner et de rapporter au poste de police les noyaux de calibre convenable. En échange, les écocitoyens responsables recevraient un bout des nouvelles menottes que j’évoquerai plus bas.
La mesure la plus urgente est peut-être celle qui vise à remplacer immédiatement les matraques et tonfas en polycarbonate ou autres matériaux plus ou moins dérivés du pétrole par des « bâtons de défense à poignée latérale » en bois indigène, c’est-à-dire en bois d’arbre des forêts de la ville. L’énergie grise contenue dans les actuels bâtons tactiques de la police lausannoise pourrait ainsi être économisée et réinvestie dans une manipulation plus énergique de ces outils de kobudo.
Dernière proposition, mais pas des moindres, il est impératif de remplacer les menottes nickelées et plastiques, susceptibles de créer des allergies et des irritations, par des modèles en corde de chanvre issu du commerce équitable que les interpellés pourront toujours recycler en les fumant une fois qu’ils auront été innocentés.
Comme vous le voyez, en matière de développement durable et d’écologie, la police a fort à faire et le travail du municipal AGt ! s’annonce ardu. Mais l’écologie n’a pas de prix.