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"Hollandie": le bilan des 6 mois moins quelques jours.

Publié le 09 novembre 2012 par Juan
Il va parler, dans quelques jours. Le 13 novembre, François Hollande tiendra sa première conférence de presse en France.
Faudrait-il déjà dresser le bilan de ses six premiers mois de mandat ?
Bien sûr et sûrement pas. 
L'exercice est ingrat. En Sarkofrance, ces étapes intermédiaires étaient excessivement pénibles à relater: les 100 jours, les 6 mois, la première année, puis chaque date anniversaire, sans oublier le moment des voeux de chaque décembre. L'action politique demande du temps, la presse et les blogueurs politiques demandent des histoires. Avec Sarko, nous pouvions rigoler, puisque l'homme adorait confondre ses annonces avec des résultats, sa communication avec de l'action.
Il suffisait juste de le prendre au mot.
A l'issue de ses 6 mois premiers, nous nous inquiétions ainsi sur le régime spécial que le Monarque s'était échaffaudé, cette France à deux vitesses si rapidement apparue dans le discours et dans les actes, si facilement sanctifiée sans que la Grande Presse n'y trouve à l'époque grand chose à redire. En quelques mois, Sarkozy avait fait voter son généreux paquet fiscal qu'il mis ensuite 4 ans à détricoter...
Mais revenons à Hollande. Pour le Huffington Post, Guy Birenbaum s'est livré à l'exercice du bilan. Il a fait un constat sans doute partagé par l'opposition de droite et l'opposition de gauche: le nouveau pouvoir se serait révélé timoré sur les questions de société, décevant ou troublant sur les questions économiques (cf. la TVA ou le traité européen), mal préparé à certaines pressions (les "pigeons", etc), et secoué par des couacs de vie privée que l'on croyait réservés à l'ancien monarque. Et il conclut:
« Mais à la question "six mois pour quoi ?", je n'ai pas d'autre réponse satisfaisante à donner.»
C'est un bilan sévère que son auteur justifie par la transparence contrainte du monde politique face à la vigilance du Web et l'accélération de la circulation de l'Information. En d'autres termes, nos politiques ne pourraient plus mentir aussi facilement qu'avant.
«La politique n'est plus ce qu'elle était... La faute à la crise, aux souffrances qu'elle crée. Partout. Mais pas seulement. Trop de promesses, trop de mensonges, trop de reniements. Et qui se voient de plus en plus notamment en raison de la vigilance du Web, des internautes, des sites d'information.
Internet killed the Politic Star... »
La situation "Hollandaise" est pourtant plus subtile que cela, la situation médiatique plus grave que cela.
1. L'accélération médiatique et netosphérique a certes compliqué l'exercice politique. Nous avons souligné, voici 15 jours, combien la communication de l'actuelle équipe nous semblait mal gérée. Que Pierre Moscovici lâche son envie d'une révolution copernicienne à gauche en louant sa politique de l'offre énoncée dans le Pacte de Compétitivité était ainsi cocasse et non rattrapable. L'homme n'a pas compris pas combien sa déclaration est sentencieuse, inefficace, incompréhensible, et que son ancien mentor DSK n'a pas été élu.
2. L'intoxication sarkozyste est effrayante. Si la vigilance est certes là, elle est incomplète, défaillante, intoxiquée par le buzz et le rythme. On frise l'overdose. L'impatience génère l'agitation. Toute comparaison avec Sarkofrance est vaine. Sarkozy voulait imposer son omniprésence, il était normal, indispensable, nécessaire de répliquer vite et fort. Sarkozy lançait mille sujets à la fois pour que ni l'électeur ni le journaliste n'aient le temps de réfléchir. Il fallait se saisir de tout et tout de suite; répliquer au pilonnage officiel par du buzz systématique.
Hollande réclame au contraire de la concertation, du débat, de l'ouverture. C'est sa méthode, elle n'est pas nouvelle. Les mêmes de gauche se lancent à l'assaut sans recul ni réflexion, plusieurs fois par jours, quelques milliers de tweets en attaque. Triste réflexe, inapproprié. Sans surprise, le gouvernement est parfois troublé par ces salves, d'autant qu'elles sont soutenues, appuyées, amplifiées par une grande presse notoirement de droite. Quel résultat ! Quelle efficacité ! Quelle démocratie... 
La polémique sur les 35/39 heures de la semaine dernière est un exemple de désastre ... pour cette vigilance prétendument acérée. La critique a d'immenses efforts à faire pour être crédible: elle est excitée, énervée, voire de mauvaise foi.
3. Hollande déçoit une majorité de Français à en croire les habituels sondages. Il y a déjà ces 49% de votants sarkozystes qui préféraient l'ancien pyromane. Et quelle était la majorité du 6 mai ? Un groupe disparate composé d'électeurs qui voulaient qu'on expulse davantage de Roms et d'autres que cela débectait; de zélotes supporteurs du TSCG et de nonistes convaincus; des libéraux-centristes appelant à sabrer dans les dépenses de santé et des partisans de la confiscation fiscale des grandes fortunes, d'écolos anti-nucléaires et de cégétistes nucléocrates. Nous pourrions multiplier les exemples. Pour justifier leur rage de n'être entendus, certains se saisissent du moindre écart comme un chaton sauterait sur une pelote. Il faut crier, il faut pleurer qu'on n'a pas voté pour cela.
Le vrai bilan de ces 6 mois sera dans 4 ans.
Quand il faudra relire et revoir cette première séquence pour juger de ce qu'elle avait de prometteuse ou de raté.
Billet publié dans RAGEMAG

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