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Gérard Longuet et son bras d’honneur : le fascisme et l’UM/Politesse chevillée à l’âme (2eme partie)

Publié le 10 novembre 2012 par Kamizole

Pauvre François Hollande ! Que n’a-t-il fait en reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans la répression du 17 octobre 1961 (Le Monde 18 oct. 2012) ! Autant de réactions outrancières de la part de l’UMP que celles qui furent déclenchées en juillet dernier par la reconnaissance de la responsabilité de la France de Vichy dans la rafle du Vel d’Hiv : « La vérité, c'est que la police française s'est chargée d'arrêter des milliers d'enfants et de familles. (...) La gendarmerie les a escortées jusqu'aux camps d'internement. La vérité c'est que le crime fut commis en France par la France (…) Ce fut aussi un crime contre la France, une trahison de ses valeurs que la Résistance, la France libre, les Justes surent incarner dans l'honneur ».

Il rappela fort opportunément que « Pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l'ensemble de cette opération » - l’arrestation, l’internement et la déportation de 13.152 juifs - dont plus de 4.ooo enfants - de nationalité étrangère réfugiés en France. Remarquons que comme Jacques Chirac le fit avant lui, le 18 janvier 2007 au Panthéon, tout en affirmant la responsabilité de la France dans la Shoah mais en rendant hommage à la mémoire des « Justes » qui sauvèrent des juifs au péril de la vie, affirmant « Notre histoire, il faut la prendre comme un bloc » ; François Hollande condamna la « trahison de la France » dans la rafle du Vel d’hiv mais n’oublia pas d’honorer « tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des juifs de France ».

Comme je peux être parfaitement salope, je rappellerais perfidement que lors de la dernière campagne présidentielle, alors que Nicolas Sarkozy sollicitait le soutien d’Angela Merkel dans ses meetings, ce qui lui fut reproché par le Parti socialiste, notamment Arnaud Montebourg et Jean-Marie Le Guen, l’UMP leur faisant un mauvais procès en sorcellerie les accusa rien moins que de « dérapages germanophobes » sommant - comme d’habitude - François Hollande d’y mettre fin. Comme s’il était interdit de critiquer la prétention d’Angela Merkel et autres dirigeants Allemands à dicter la politique économique de la France et d’autres pays de la zone euro…

Les socialistes se firent un malin plaisir à ressortir des propos très offensifs contre Berlin qu’il avait tenus en 2007 et lui valurent d’être accusé par les médias allemands de "germanophobie" (Le Monde 5 déc. 2011).

Or donc, Harlem Désir rappela dans un communiqué que le 17 avril 2007, Nicolas Sarkozy s’était livré lors d’un meeting à Metz « à des attaques d’une violence inouïe contre l’Allemagne ». Cette diatribe n’étant que la reprise « au mot près » d’un discours électoral prononcé à Caen le 9 mars 2007 ainsi qu’à Nice le 30 mars 2007, ce qui n’a rien de surprenant connaissant sa propension à recycler indéfiniment les mêmes arguments.

Que la presse d’Outre-rhin et les dirigeants allemands l’aient fort mal pris est une chose mais il est bien évident que ce n’était pas l’Allemagne qui était visée mais bien plutôt une rupture avec la repentance de Jacques Chirac : « Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide, de crime contre l’humanité. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'homme et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté. Je suis convaincu que pour un Français, haïr la France, c'est se haïr lui-même ». Comme le soulignait l’Edito du Monde le 10 mai 2007 « Nicolas Sarkozy est ainsi. En campagne, il colporte une version tranquillisante de l'histoire, quitte à heurter les Allemands en les renvoyant brutalement à leur passé ».

Stupide ! Il ne s’agit nullement de haïr la France ni même de battre sa coulpe. J’aime certainement plus la France que Nicolas Sarkozy dont nous apprîmes - tout finit par se savoir - qu’il avait affirmé à Philippe de Villiers qu’il n’aimait pas la France ni son histoire non plus que ses terroirs et monuments. Bref, précisément tout ce que j’aime !

Je relève au demeurant que Florian Philippot, vice-président du Front national estimait au sujet des propos tenus par François Hollande sur la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942 relevaient d’un « concours de repentance généralisé » et qu’il fallait « cesser de culpabiliser les Français et salir l’image de la France »…

Foutaises ! Je ne vois pas en quoi la connaissance la plus objective possible de l’Histoire de la France, des faits comme des controverses auxquelles ils n’ont jamais manqué de donner lieu depuis 2.000 ans, me la ferait moins aimer (je n’ai pas de patrie de rechange !) ni en quoi leur analyse lucide salirait l’image de la France. Rien de tout cela me ferait éprouver la moindre culpabilité - individuelle ou collective - pour des actes auxquels je n’ai eu aucune part. Tout aussi croyante que je fusse je n’ai d’ailleurs jamais adhéré à la notion de «pécher originel» ce n’est donc pas pour endosser le poids de toutes les tragiques fautes contre l’humanité commises en leur temps par la France et/ou l’Eglise.

Aussi loin que l’on en remonte le cours, il y eut toujours des barbares commettant des crimes ignobles - pour le pouvoir, pour l’argent ou par tendance naturelle au mal - et des justes cherchant à protéger la veuve et les orphelins de leurs exactions.

Seules les dictatures cherchent à gommer des livres d’histoires les passages désagréables ou supprimer les photos des dirigeants tom-bés en disgrâce. Cette réécriture permanente de l’histoire - qu’elle prît aujourd’hui le nom de « storytelling » n’y change rien - est franchement aussi détestable que malhonnête intellectuellement.

Au-delà du plaisir intellectuel apporté par la connaissance de l’Histoire, le passé permet de mieux comprendre le présent et d’anticiper l’avenir, les ressorts profonds de l’âme humaine étant les mêmes. Chercher à enjoliver les choses ne date pas d’aujourd’hui. Je pensai tout à l’heure en me préparant un café aux « mythes des origines » telle que les expose Colette Beaune dans son magistral ouvrage « Naissance de la nation française » (NRF, bibliothèque des histoires, 1985) sur le mythe des origines troyennes revendiquées (tardivement : elle cite notamment Chrétien de Troyes qui écrivit au XIIe siècle) par les Francs pour établir leur supériorité sur les Gaulois. Je fus surprise, lisant un livre sur l’histoire des Etats-Unis d’apprendre que les premiers colons britanniques s’en réclamaient de même manière. Prétention à la noblesse et la supériorité obligent…

Parmi les grosses conneries émises à l’époque par nombre de personnalités de l’UMP - sauf Jean-François Copé qui souligna qu’une partie de sa famille fut sauvée grâce à des « Justes » - celle d’Henri Guaino mérite particulièrement d’être mise en exergue. Il s’était dit « scandalisé » par Hollande (Europe 1, le 23 juil. 2012) « pour une raison très simple - simpliste conviendrait nettement mieux ! - ma France, elle n'était pas à Vichy, elle était à Londres depuis le 18 juin ». Il s’est même permis de carrément injurier François Hollande et de proférer une aberrante contrevérité historique « Peut-être que M. Hollande se sent plus proche de la France des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l'armis-tice ? ».

Ben, non, Duchnock ! Ceux-là se sont bien gardés de condamner la politique de Pétain à l’égard des juifs. De l’étoile jaune à la déportation dans les camps d’extermination. Soit qu’ils eussent été pleutres et opportunistes - ils ont accouru ventre à terre à Vichy pour obtenir des postes ou autres avantages sonnants et trébuchants - soit séduits par l’idéologie de la « Révolution nationale » dont, l’antisémi-tisme, ou encore en même temps : collabos et carriéristes.

Sa « vie rêvée de la Résistance » (d’autant qu’il n’était pas né) ne résiste pas à l’analyse. L’Histoire de la France n’est pas la carte d’un restaurant où l’on aurait le choix entre une dizaine de plats de résistance, et autant d’entrées et de desserts. C’est un petit resto d’habitués comme je les aime. Un menu à prix fixe. Une entrée, le plat du jour, fromage ou dessert. On aime plus ou moins selon les jours et ses goûts mais pas question de chipoter dans son assiette.

C’est dire si j’ai bu du petit lait en lisant l’édito de Jean-Marcel Bouguereau La France rêvée d’Henri Guaino (République des Pyrénées 24 juil. 2007) qui remet exactement les choses à leur place avec son habituelle maestria… Il lui rive son clou de même manière quand il ose affirmer « Ce qui a été commis au moment de la rafle du Vél d'Hiv est une abomination. C'est une horreur (…) Mais la France, qu'est-ce qu'elle a à voir avec cela ? » :

« Et si la France avait quelque chose à voir. La France concrète, pas la France des rêves d'Henri Guaino. La France, c'est de Gaulle ET Pétain, Pierre Dac - la voix de Radio Londres : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est Allemand ! » - ET Doriot, Brasillach ET Aragon, Thiers ET Louise Michel, que ça vous plaise ou pas ». Idem quand il osa ajouter : « bien qu'il soit Président de la République, (il) n'a pas à parler en mon nom, n'a pas à parler au nom de la France que j'aime, de la France qui est ma France » :

« Ce souverainiste ne reconnaîtrait-il plus la légitimité de l'élection du Président pour lui refuser le droit de parler au nom de la France ? Se sentait-il plus dignement représenté dans sa fibre gaulliste lorsque son mentor, Sarkozy a prononcé le discours de Grenoble sur sa guerre à l'immigration ? ». Il ajoute qu’il n’avait pas moufté lorsque en 1995 Jacques Chirac avait condamné grosso modo dans les mêmes termes « la France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux »… mais ajoute-t-il perfidement : « Henri Guaino venait de travailler à la campagne de Jacques Chirac »… Paris - ses entrées à l’Elysée - « vaut bien une messe », non ?

Un vrai festival de faux-culs à l’UMP ! Bruno Lemaire (Le Monde 24 juil. 2012) estimant que « M. Hollande a commis une vraie maladresse en confondant l’Etat français et la France : il aurait été plus juste de dire que la rafle avait été organisée par l’Etat de Vichy et pas par la France (…) la rafle du Vél' d'Hiv restera une tâche noire dont l'Etat français (entendre le régime de Vichy) est responsable mais pas la France comme nation »…

Ce subtil distinguo m’échappe.

Les personnes qui vivaient en France à l’époque - dont mes parents qui furent des résistants de la première heure - vivaient bien sur le territoire de la France et qu’elles l’aient condamné ou apprécié, résisté ou collaboré, vivaient pour les questions quotidiennes sous l’empire des lois de Vichy pour obtenir des papiers, des laissez-passer, des cartes de rationnement ou tout autre autorisation ou document administratif. Au mieux, Londres était un espoir, incarné par une voix. Une émission quotidienne écoutée clandestinement.

Quand bien même les quelques lois « constitutionnelles » du régime de Vichy auraient-elles été mises entre parenthèse après la Libération, sur le plan institutionnel. Cela relève de la fiction de même que le « tous résistants » du Général de Gaulle : fiction sans nul doute nécessaire à l’époque, destinée à apaiser les différends entre les résistants et la grande masse de ceux qui acclamaient Pétain, au demeurant sans forcément collaborer car beaucoup crurent dans cette autre fiction bisonours d’un accord au moins tacite entre De Gaulle et Pétain, celui-ci collaborant avec les Allemands pour sauver les Français du pire : se souvenir du "faire don de sa personne à la France"

La critique de Jean-Pierre Chevènement n’est pas plus pertinente quand il affirme sur Europe 1 ( 23 juil. 2012) que dire que la rafle du Vel d’Hiv avait été commise « par la France » reviendrait « à faire comme si Pétain était la France »… et que François Hollande a omis de dire « que les crimes commis par les policiers et les gendarmes français, lors de la rafle du Vel d'Hiv, l'ont été sur l'ordre de l'Etat français de Vichy collaborant avec l'Allemagne nazie (…) occultant les accords passés avec la gestapo par René Bousquet, alors secrétaire général de la police, agissant pour le gouvernement de Vichy. C'est faire comme si Pétain était la France et comme si le véritable coup d'Etat opéré le 10 juillet 1940 par un gouvernement de capitulation n'avait pas existé ».

Je suis peut-être particulièrement stupide et obtuse mais je ne vois pas ce que cela change dans la responsabilité de la France car, qu’il l’admette ou non, Pétain aura incarné en France comme à l’étranger (sauf à Londres) le gouvernement légitime de la France. Quand bien même était-ce aussi désagréable que contesté par les résistants - en métropole comme à Londres. Se souvenir que Roosevelt ne voulut jamais reconnaître le gouvernement français en exil et qu’il fallut toute l’insistance de Winston Churchill pour faire admettre - bien tardivement - le Général de Gaulle comme un interlocuteur.

De surcroît, même après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, les Américains préfèreront négocier avec l’amiral Darlan - présent fortuitement - pourtant un des principaux dirigeants collaborationnistes du régime de Vichy (!) qui accepta à contrecoeur - on s’en serait douté : dans un premier temps il donna l’ordre de combattre les troupes anglo-américaines - afin qu’il prit la direction d’un « Vichy africain »… cela ne s’invente pas ! - en le nommant Haut-commissaire de l’Afrique du Nord. Il sera assassiné le 24 décembre 1942 et remplacé par le général Giraud - qui bénéficie de l’appui de Roosevelt - et à qui De Gaulle proposera de « rassembler toutes les forces françaises sous un pouvoir central provisoire ».

Vous penserez sans doute qu’une fois de plus mémé Kamizole s’est égarée dans les méandres de digressions infinies sans aucun rapport avec son sujet. Cela m’arrive, je n’en disconviendrais pas mais c’est exactement le contraire s’agissant de la responsabilité de la France en Algérie et plus particulièrement le massacre de la manifestation - pacifique - d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961.

Pourtant, chaque terme du communiqué - volontairement laconi-que de l’Elysée - était mûrement pesé « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes » et selon ce que je lis sur le Monde Hollande reconnaît la répression du 17 octobre 1961 (18 oct. 2012) les services de l’Elysée soulignaient « qu’il s'agit d'accepter la vérité sans verser dans un mécanisme religieux de contrition ou dans un processus politique d'instrumentalisation », Benjamin Stora, spécialiste de la mémoire de la guerre d'Algérie et proche de François Hollande, allant dans le même sens : « Sur le 17 octobre 1961, on était jusque-là dans la connaissance. Désormais, on est passé à la reconnaissance. Mais on n'est pas pour autant dans la repentance ».

Mais alors, où est le problème pour la droite qui ne ménage pas ses critiques (Le Monde 17 oct. 2012) ? Je ne reviendrais pas sur celles émises par Marine Le Pen encore qu’elle n’hésite pas à qualifier de « bobard » la sanglante répression du 17 octobre 1961 ! Et le communiqué présidentiel « d’acte de lâcheté absolue »…

A l’évidence, nous ne donnons pas aux mots « courage » et « honneur » le même sens et la même portée morale. La lâcheté consisterait à continuer d’occulter les faits lors mêmes qu’ils sont dévoilés dans doute leur atrocité par des historiens compétents, des documents officiels, des photographies, des témoignages tout à fait dignes de foi. Tout au contraire, la France se grandit en acceptant de reconnaître sa responsabilité dans ce massacre.

François Fillon ne vaut guère mieux « J'en ai assez que tous les quinze jours, la France se découvre une nouvelle responsabilité, mette en avant sa culpabilité permanente »… Comme s’il s’agissait de cela ! Mais la palme du crétinisme - parlementaire - doit incontesta-blement être décernée à Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale qui osa déclarer que l’initiative de François Hollande était « intolérable » !

En effet, « S'il n'est pas question de nier les événements du 17 octobre 1961 et d'oublier les victimes, il est intolérable de mettre eu cause la police républicaine et avec elle la République tout entière »…

Lors même que certains reprochent précisément au communiqué de l’Elysée de n’avoir pas précisé les responsabilités, comme l’observe l'historienne Raphaëlle Branche, maître de conférences à l'université Paris-I « Pour la première fois, et il était temps et c'est un progrès important, un président de la République reconnaît ce qui s'est passé le 17 octobre 1961. Mais il ne dit pas qui a commis la "sanglante répression", en l'occurrence la police parisienne, qui a agi sous les ordres du préfet de police, Maurice Papon, lui-même sous l'autorité du gouvernement du général de Gaulle ».

Le raisonnement que poursuit Christian Jacob est exactement le même que s’agissant de la rafle du Vel d’Hiv : les violences et les assassinats - n’ayons pas peur des mots - ont bien été commis par des policiers français agissant conformément aux ordres des autorités compétentes. Mais ni la République ni les policiers ne seraient responsables. Doit-on invoquer des « entités » évanescentes surgies d’un autre monde ? Dans les deux cas, ne pas admettre la responsa-bilité des dirigeants politiques et des exécutants constituerait une faute politique et morale bien plus grande que les exactions elles-mêmes. Du pur déni de réalité.

Ne voulant pas m’étendre indéfiniment, je me contenterais de signaler l’interview de l’historien Gilles Manceron qui explique « les mécanis-mes qui ont contribué a cette amnésie organisée » 17 octobre 1961 : "Ce massacre a été occulté de la mémoire collective" (Le Monde 17 oct. 2012). J’ai lu à plusieurs reprises que cette mémoire serait « apaisée ». Permettez de n’en pas croire un mot ! Toutes ces réactions plus outrancières les unes que les autres témoignant du contraire.

J’adhère bien plus à la démonstration de Gérard Courtois dans Le Monde France-Algérie, la mémoire lourde  (23 oct. 2012) qui s’appuie sur les propos de l’historien Michel Winock dans « Parlez-moi de la France » (Perrin 2010) « Nous sommes un pays de mémoire lourde. Nous passons une partie de notre temps à commémorer nos libérations et nos victoires, mais aussi nos haines civiles, à remuer le couteau dans la plaie vive de nos rancunes, à reconstruire le passé au gré de nos passions ».

Je dirais une fois de plus que seul l’enseignement raisonné de l’Histoire - sans préjugés ni passions et sans rien en occulter ou travestir - est susceptible d’avoir quelque influence sur les esprits et mettre fin à une ignorance qui me stupéfait.

Apprendre par un article de L’Alsace qu’une majorité de jeunes ignore ce qu’est la rafle du Vel d’Hiv (16 juil. 2012) : « de 57 à 67 % des moins de 35 ans ne sait pas ce qu’est la rafle du Vel d’Hiv, qui conduisait il y a 70 ans à la déportation de plus de 13.000 juifs arrêtés à Paris par la police française selon un sondage publié le 17 juillet 2012 ».

Comme le soulignait hélas ! Serge Klarsfeld intervenant sur Europe 1 le 16 juillet 2012 : "l'histoire n'a plus beaucoup d'importance" disant ne pas avoir été surpris par les résultats de ce sondage, « cela montre une dégradation du niveau d’instruction de la jeunesse. Avant, les gens apprenaient par coeur, connaissaient les chronologies, et il y avait une autorité derrière l'enseignant. Aujourd'hui, ça a changé, l'histoire n'a plus beaucoup d'importance »…

Il ajoute avec tout autant de pertinence « qu’il y a sans doute des jeunes qui ne veulent pas l'écouter pour des raisons politiques. Ainsi que "ce nouvel antisémitisme" qui fait que certains enseignants rechignent à s'opposer à certains de leurs élèves ».

Mais faut-y être con ! J’enfoncerais le clou aussi souventes fois qu’il le faudra : l’antiracisme ne se divise pas, sauf à être une autre forme de racisme. L’on ne peut en même temps demander la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la perpétration des meurtres commis par la police française le 17 octobre 1961 contre des Algériens et tenir pour rien la participation de la France à la déportation des juifs dans les camps d’extermination de l’Allemagne nazie et le terrible génocide de 6 millions d’entre eux.

Encore une fois, il s’agit là d’une vision totalement dévoyée de l’Islam enseignée par des abrutis incultes s’autoproclamant « émirs » ou des imams dont la haine remplace l’intelligence et la culture et qui n’ont d’autre visée que « radicaliser » la jeunesse, essentiellement d’origine maghrébine. Je n’irais pas par quatre chemins : il faut mettre hors d’état de nuire tous ceux qui prêchent le djihad, la haine - souvent meurtrière -contre les Juifs ou les chrétiens.

J’entendis il y a peu sur RFI une longue interview d’Hassan Chagoulmi l’imam de Drancy - le lieu de sa mosquée n’est pas indifférent puisque c’est à Drancy que furent parqués et entassés les juifs après la rafle du Vel d'hiv avant d’être déportés vers les camps d’extermination - qui comme à chaque fois que j’ai pu l’entendre prône la réconciliation entre les musulmans et les juifs. Mais il faut dire que son jugement est porté par une vaste culture dont sont bien dépourvus la plupart des fauteurs de haine.

Enfin, et je ne me ferais sans doute pas que des amis, je pense que Bouteflika et autres dirigeants algériens devraient cesser « d’asti-coter » en permanence le gouvernement français. Notamment comme dernièrement le communique de l’AFP demandant « une reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français » ainsi qu’une déclaration de Lakhdar Benkhellaf, porte-parole du Front pour la justice et la démocratie (islamiste radical) affirmant que « Les Français doivent savoir que nous ne nous contenterons pas de la reconnaissance partielle des massacres d'octobre 1961 faite par le président Hollande ».

Halte au feu !

Il faudrait d’une part que le FLN n’ait commis aucun crime contre les Français - civils ou militaires - pendant la guerre d’Algérie, ce qui est bien évidemment faux. Et d’autre part, que les islamistes algériens n’aient pas perpétré d’attentats sur le sol français, notamment en 1986 et 1995, exportant leur guerre civile entre le FLN et le FIS. Enfin, comment ne pas voir que toute cette agitation du pouvoir algérien est à usage strictement interne : amuser le peuple algérien qui souffre énormément des conditions économiques et sociales, avec un taux de chômage ahurissant parmi les jeunes pour les détourner de la contestation du pouvoir. En n'ayant garde d'oublier que les opposants kabyles sont victimes d'une répression aussi féroce qu'insidieuse.

En matière de relations internationales il est un temps - qui me semble advenu - où il faut savoir « enterrer la hache de guerre » sans ressasser indéfiniment les mêmes griefs. Peu me semblant important en l’espèce que le communiqué de l’Elysée n’ait pas fait mention de la responsabilité de l’Etat - Maurice Papon, Michel Debré et le général de Gaulle - dans la répression du 17 octobre 1961 : devait-il « jeter de l’huile sur le feu » sur une matière encore hautement inflammable, 51 ans après les faits ?

Les autorités algériennes devraient faire preuve de la même circonspection : la nécessaire et définitive réconciliation entre la France et l’Algérie, les mémoires meurtries de chaque côté, est à ce prix.

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