Nous avions déjà évoqué la réutilisation de Google Street View par l’artiste Jon Rafman. Cette oeuvre était en collaboration avec Google.
Un autre artiste, Paolo Cirio, italien a décidé de réutiliser également ce matériau pour en faire une œuvre d’art de rue : il réutilise les silhouettes des passants (« street ghosts » ou fantômes de rue en français) en les collant à taille réelle au même endroit dans la rue.
Sa démarche est avant tout contestataire : « Ces images sont celles d’individus prises sans leur autorisation. J’ai pris les images des individus sans l’autorisation de Google et je les ai postées sur les murs dans l’espace public. »
L’artiste a ainsi affiché son travail à Berlin, Londres et New York. Il procède de manière méthodique par étape :
- répérage d’un « street ghost » comme il les appelle sur Google Street View
- fabrication papier par impression à taille réelle du « street ghost »
- collage à l’endroit même de la capture
Ainsi, bien que le système de floutage sur Google Street View ait été mis en place suite à de violentes polémiques en Allemagne et en Suisse, en relation avec la protection de la vie privée, celui-ci n’est pas parfait et laisse apparaitre des silhouettes suffisamment précises pour être réutilisées.
A ce jour, c’est une trentaine d’oeuvres qui ont été ainsi rendu du numérique à la rue (voir les localisations sur le site de l’artiste), mais aucune en France pour l’instant. Ces silhouettes sont éphémères car imprimées sur du papier beaucoup plus fins que celui des affiches publicitaires. Déjà les couleurs sont délavées et avec les outrages de la pluie, du soleil, le fantôme « street ghost » va disparaitre, tandis que son original numérique va perdurer dans le monde virtuel … jusqu’au prochain passage de la voiture de Google qui mettra à jour cet instantané et engrangera de nouveaux « street ghosts ». Bref, l’oeuvre de Paolo Cirio n’a pas fini de grandir et de se modifier.